#1.2 — Au pub (Ft. Brynhild Skarlati)

Je me relevais tant bien que mal du coup de poing d'Acacia-au-bonnet-acceptable. De ma main, je me masse la mâchoire. Aïe. Ca faisait mal. Bon, à mon avis, c'était non pour le rendez-vous. Dommage.

— Bon c'est pas la seule femme de Mhyone. Comme on disait chez moi, une de perdue, dix... Que dis-je. Milles de retrouvées.

Fly, me parle sur un ton interrogateur. Hmmm, c'est vrai qu'elle n'a pas tort. Ce proverbe ne marchait que sur une femme conquise... Ohé ! C'est qui l'humain ici ?

— J'sais ce que j'dis. Si j'applique ce proverbe ici, c'est qu'il y a une raison. Et puis elle fait sa timide, mais j'suis sur qu'en vrai, elle me dévorait des yeux.

Ma Tylton souffle du nez. De toute évidence, elle n'y croit pas une seconde. Elle savait ce qu'elle avait vu et ça ne correspondait pas exactement à ce que je lui racontais.

— Tu as beaucoup à apprendre sur les minettes petite padawan.

Bref, pas le temps de niaiser. Il commence à pleuvoir. Je fronce le nez alors que je sens des gouttelettes qui me tombent sur la face. Fly proteste. Pas question qu'elle se salisse les ailes avec de la boue !

— Technique de la capuche. Embarque.

D'un geste, je relève la capuche sur le haut de mon crâne. S'en servant comme d'une niche, l'oiseau-nuage se faufile à l'intérieur et prend ses aises. Un chantonnement de satisfaction s'échappe de cette dernière alors qu'elle est parfaitement installée.

— Bon, c'est pas tout ça, mais faut se trouver un endroit au sec.

Nouveau piaillement de mon amie. Elle a repéré un pub juste en face. Génial. Bon elle avait intérêt à me guider. Sondant le sol avec mon bâton, je traverse la route sous les klaxons qui me bousillaient l'ouïe. De mon bras libre, je leur adresse un doigt d'honneur général.

— Ragez pas ! Je suis aveugle. Un peu de respect, s'il vous plaît ! Salty bitches !

Bim. L'irrespect. Qu'y'en ait un qui sorte de sa bagnole et... et... Bah, j'me fait défoncer. Mais après j'lui colle un procès. HAH ! Kestuvafèr.

Allez, je pénètre dans le pub. Enfin, je crois. J'entends un tas de personnes qui discutent. L'odeur de la fumée emplie mes narines. Je toussote. Plus l'habitude du tabac. Reniflant, j'essaye de distinguer une odeur féminine. Ouais non, que dalle. J'arrive à rien avec la senteur de la clope.

Avec précaution, je tâtonne en espérant trouver une chaise. Ah, ça y est. Trouvée. Je me pose, tranquille.

— Tu détectes une jolie meuf d'ici ?

Fly m'envoie balader. De toute évidence, elle ne compte pas m'aider. Encore. Elle ne veut jamais m'aider quand je veux chopper de la meuf. Pas cool.

Tiens. Ca parle mode par ici. Un sujet de femme ça. Tendant l'oreille, j'essaye de capter un maximum. Ô miracle ! Une voix féminine ! Et une mignonne en plus. Je me recoiffe rapidement, et je me dirige en direction de ma cible. Dommage que j'avais pas un parfum sur moi, je m'en serai arrosé. Plus le temps de regretter, j'étais dans la zone. Mon bâton rentre en contact avec le comptoir.

— Salut. J'ai entendu que tu parlais mode. Je m'accoude sur le rebord avec précaution. Ça te dérange pas que je m'assois ? Nan, parce que tu vois, j'm'y connais pas mal sur le sujet. Un professionnel du stylisme.

Du baratin évidemment, je connais autant en mode que je m'y connais en cuisine. Niveau 0.

— J'm'appelle Stan' et...

J'entends une respiration dans mon dos. Oh merde. J'suis tourné du mauvais côté. J'entends au dessus de ma tête Fly qui se facepalm. Ouais, j'ai bourdé.

Merde, merde. Pour une première approche, je passe pour un mec bizarre, très bizarre. Il est temps de sauver les apparences ! Je lève ma main en direction de la porte. Une personne vient de partir. Ou d'entrer. En fait, j'en sais rien... Pas le temps d'hésiter. Je joue la carte de la chance. J'espérais que c'était bien quelqu'un qui était parti...

— Ok Georges ! Bonne soirée !

Bim. Je me retourne alors vers cette voix féminine dans une attitude qui je l'espère paraît normale...

— Oh excusez moi, je disais au revoir à un ami. Il vient juste de partir. Un grand styliste vous savez.

Je joue des sourcils, comme un expert en politique. J'ai l'air con et ma collègue posée sur mon crâne me le chantonne discrètement du coin du bec... Je racle ma gorge.

— Vous m'avez l'air tendue. Peut-être que je pourrai vous offrir un verre ?

Comme un guignol de riche, je claque du doigt en espérant avoir l'attention du barman. Rien ne vient. Je continue de claquer plusieurs fois.

— Le service est exécrable ici. Je lève le menton en direction - je l'espérais - des personnes derrière le comptoir. Ohé ! Ca fait des heures que j'attends ! Un verre ! J'ai une soif à étancher !
— La ferme, t'attends comme tout le monde mon gars ou j'te fous dehors.

Oups. Je crois que je vais me faire défoncer... Mieux vaut que je baisse d'un ton.

— Pardon m'sieur... Est-ce que je pourrai avoir 2 Gin s'iouplaît ?

J'entends un grommellement. Ouf. Le mec accepte. Je me retourne vers la voix féminine. Je dois passer pour un gros loser actuellement...

— Hmmf. Je préfère la jouer finement. Inutile de lui casser la figure. Je suis sur que ce gros tas ne le mérite même pas...

J'entends un soupir. De toute évidence Fly est désespérée par mon attitude. Finalement, elle me piaille quelques mots. Ah. C'était pas un gros lard ? Quoi ?! Une réplique de Vin Sans Plomb ? Le célèbre acteur Kalosien. 100% muscle... Oh putain. Je déglutis. Je prie Arceus pour que le Barman n'ait rien entendu.

— Sinon, je crois que nous ne nous sommes pas présentés. Je m'appelle Stanley. Stanley False. Et voici ma partenaire : Fly. Nous sommes de grands adorateurs de la mode.

La Tylton me parle alors sur un ton interrogatif. Elle ne sait pas du tout de quoi je parle et me demande des explications. Je secoue ma tête pour la faire taire.

— Et vous, beauté nocturne, vous avez un nom ?

Nocturne... Ce n'est pas peu dire. Je ne la voyais même pas ! Hah !

Bryn-quoi ? Euh, vachement compliqué son prénom ! Et puis c'était comment la prononciation ? Olala, quelle idée d'appeler son gosse comme ça. Je reste bouche bée trente secondes sans rien dire alors qu'elle me présente son compagnon. Un Absol si j'en crois ses dires. Je les ai toujours trouvé très beau, malgré leur mauvaise réputation de pokémon désastre. Qu'importe, je n'est plus les yeux pour m'en rendre compte.

Finalement, je n'ai pas à reprendre le fil de la conversation puisque ma nouvelle interlocutrice - qui est cette fois bien réelle, soit dit en passant - me pose une question qui me fait grimacer. Karl qui ? Bordel, on pouvait pas dire des prénoms normaux pour une fois. Genre, Paul, Max et pas Scarface Malcolm Mafioso Peligroso de la Santa Fea... Pourquoi, il a fallu que j'aborde ce sujet que je connaissais aussi bien que les tours à faire pour réussir un concours pokémon ? Ah oui, pour la fille, c'est vrai.

Bref, je préfère ne pas passer pour un couillon, alors que j'ai dit que je connaissais la mode. Il faut donc bien évidemment répondre à l'affirmative. Même si je ne sais pas du tout si le gars cité à quoique ce soit à voir avec...

— Oh oui. J'adore ce type et ce qu'il fait ! D'ailleurs, ces lunettes là sont une de ses créations. Sisi. Et puis, je suis quelqu'un qui cherche le style à tous les moments de la journée.

Je me passe une main dans les cheveux en mode "faut que je me recoiffe". J'en ai presque oublié ma collègue qui piaille d'indignation alors que j'ai failli l'emporter dans mon geste. Oups.

— Mais je vois que vous aussi, vous savez vous vêtir mademoiselle. Y'a pas à dire, vous avez du goût !

Je m'extasie sur une tenue que je ne voyais pas. Faute de ne pas la voir, je l'imagine. Une robe à bustier où l'on pouvait imaginer aisément le tour de poitrine de la Skarlati et une fente qui permettait d'entrevoir une belle cuisse féminine, sèche et musclée. Ouaiiiiiis. Le pied. Mon nez commençait déjà à se gorger de sang...

Sans m'en rendre compte, je commence à faire ma grimace typique perv'. Mes joues sont roses alors que je me perds dans mes fantasmes. Olala, si la lingerie était ce que je pensais... Mama...

Ah ? Cette mannequin n'est pas du tout habillée comme je le pense

— Oh euh... Oui oui !

Je viens de bourder. M'enfin, je n'ai rien spécifié de toute façon. Aucun moyen qu'elle le sache.

La conversation reprend son cours, lorsque Brynhild lâche une remarque qui me destabilise un "tantinet". Oh merde, je suis grillé ! On m'a capté. Mince, mince ! Je manque de trébucher face à cette remarque. Agitant légèrement les bras, je me repositionne de façon à ne pas me viander en m'appuyant sur le comptoir. Fly est au dessus de ma tête, s'accrochant comme elle peut avec son bec. Aïe pas si fort !

— Euh, c'est rien, c'est rien. Juste ma tête de styliste. Un tic.

Je tente de reprendre mes aises, me recoiffant. Finalement, je corrige un peu la position de mes lunettes.

— Et sinon ? Tu es-

J'entends des pas. Ah, ça y est le Barman est arrivé pour nous servir nos verres. Je me fais petit alors que je sens la présence massive du monsieur que j'ai failli me mettre à dos. Finalement, je prends mon verre. Une petite lampée classique. Quand finalement, je lâche.

— Bon et sinon... Vous faites quoi à Mhyone, à part être dans la mode ? Une passion pour le combat peut-être ? Je fais le mec à l'aise. En plus d'être un amateur en matière de vêtements et de lingerie féminine, je suis aussi un bon dresseur à mes heures perdues.

Ah. Alors comme ça, elle était dresseuse. Héhé. Je l'écoute alors qu'elle m'explique qu'elle même n'est pas à prendre à la légère. Je ne dis pas le contraire. Je suis tombé sur pleins de minettes qui se débrouillaient bien sur un Stadium. Restait à voir ce qu'elle entendait par forte. Est-ce que c'était forte genre: "Je suis plus forte que mon petit frère" ou "Je suis plus forte que Peter du Conseil des 4 de Kanto"? Non, parce que, y'avait quand même une grosse différence! J'veux pas faire des histoires, mais c'était quand même intéressant de le noter.

J'hoche la tête, écoutant attentivement les paroles de cette femme qui semblait vraiment aimer les combats. J'suis sure que si elle avait croisé le chemin de la délicieuse Acacia, elle avait rejoint les Ossatueurs.

Vu ses dires, elle s'était souvent frité avec d'autres combattant de l'archipel. C'est marrant, mais personnellement, j'étais vraiment tombé sur personne. J'aurai bien aimé l'affronter, pour vérifier le niveau global, mais j'étais déjà en train de la draguer. Raaaaaah. Je suis partagé... Ah, on me pose une question.

— Hmmm. Ouaip. Le même que toi. Devenir le meilleur. Battre le maître et tous ceux des autres régions. Un rêve de gosse en fait. J'suis arrivé y'a pas longtemps. Mais je compte bien montrer que Fly - je pointe la Tylton du doigt - et moi qu'on est pas là pour rigoler. Héhé.

Evidemment, à ce moment là, mon interlocuteur doit probablement douter. J'ai beau être beau gosse. J'ai des brindilles à la place des bras et je passe souvent pour une langue de bois. Du coup...

— Après ok. J'ai pas la tronche des sportifs qui jurent que par un entraînement physique important. Mais j'en connais pas mal sur les pokémons et leurs capacités. Je fais des CTs d'ailleurs,- si ça t’intéresse - quand j'ai du temps à perdre. Du coup, je suis rôdé en ce qui concerne la stratégie. Après, j'ai appris chez les meilleurs. L'Académie de Mérouville. La prestigieuse Académie de Mérouville.

La Motherfucking Goddam' shit MLG Académie de Mérouville pour être exact. La crème de la crème brûlée.

Je passe une main dans mes cheveux. Je pèse dans le milieu du duel. Y'a pas photo. Je suis un maître du pugilat pokémon. Je pèse tellement, que même mon reflet à peur de moi! Je pèse tellement que la balance même de la Force est chamboulée par mon swag! JE PESE TELLEMENT QU- Bon, ok, je m'égare...

— Ca t'épate, hein? Pas vrai? Tu te dis que jamais tu ne pourrais tomber sur meilleur parti que moi et tu voudrais m'arracher les vêtements pour m'embrasser jusqu'au lendemain. J'ai raison?

Inutile qu'elle fasse sa timide. Je lisais en elle comme dans un livre! Ou pas...

— Mais... Mais... C'est pas censé être amusant!

Meh. Pourquoi est-ce qu'elle me riait au nez? Je grimace et tend l'oreille en direction de la Tylton qui pouffe elle aussi de rire. Saloperie. Je dois passer pour un gros loser... Je tapote le type vol du doigt, histoire qu'elle me manifeste un minimum de support. Oui, je me sens seul là!

Et voilà que la honte continue. Brynhild ne m'a pas du tout prise au sérieux. Pourtant, rien dans ce que j'avais dit trahissait une potentielle blague! Snif. Je suis un incompris de la gente féminine.

En tout cas, ce qu'il y a à noter, c'est que ma camarade de bar semble se décomplexer davantage. Elle semble plus à l'aise verbalement. Bon... Je suppose que ce n'est pas plus mal! M'invitant à boire avec elle, je ne vais pas me faire prier. Elle commande pour moi, me prenant un whisky. Pas de souci!

Je reprends de l'aplomb alors que nous buvons ensemble. Je pose le verre plus bruyamment sur la table.

— Aaaaah! Ok! Tu crois que tu peux mieux tenir l'alcool que moi? J'parie ce que tu veux, que t'y arriveras pas! Chiche?

Je sens alors les petites pattes de Fly qui se déplacent sur mon bras. Finalement, elle se pose sur mon verre, provoquant un tintement cristallin. Haha. Elle voulait goûter? D'un geste sec, je fais bouger le verre faisant tituber ma pote qui piaille sous la surprise. Elle m'engueule de sa voix aigüe et s'en va. Les battements de ses ailes se dirigeaient droit vers la position de l'autre pokémon. Un Absol si je me souviens bien. Voilà qu'elle engage la conversation avec la créature.

Trop. Sociable.

J'affiche un grand sourire plein de défi à mon nouveau compagnon de beuverie.

« Hé hé, je vois que tu es bien confiant... Sache que personne ne m'a battu à ce jeu là. On parie ce que je veux ? »

Je réfléchis un instant à ce qu'on pourrait parier. Comme c'est à moi de décider, je suppose un truc qui m'arrange ? Oui, je pars du principe que je vais gagner : je m'entends plutôt bien avec l'alcool...

« Le perdant paye tout les verres qu'on a bu dans la soirée. Si on tourne au whisky, ça va revenir cher... »

Mon sourire s'agrandit. J'imagine déjà tout les verres vides que j'aurais descendus sans payer. Hé ouais, c'est pas parce qu'on travaille dans la mode qu'on aime dépenser son fric ! C'est toujours mieux de boire et manger gratis !

Je regarde Kaaos qui visiblement, s'entend plutôt bien avec Tylton. Néanmoins, il ne peut pas s'empêcher de me lancer un regard inquiet : ce n'est vraiment pas raisonnable ce que je suis en train faire ! Je le rassure avec un clin d'oeil :

« Hé hé, t'inquiète, je finirais pas dans le mal, il finira comme ça avant moi ! » dis-je pour provoquer Stan.

Je ne suis pas sûre que ça l'a vraiment rassuré, il soupire simplement, se disant que de toute façon, il ne peut rien y faire... Ai-je déjà été raisonnable sur l'alcool ? C'est une très bonne question...

« Bref, on commence ? »