Capture #1 | Down the rabbit hole | Terminé

Je déteste marcher. C’est loin. C’est long. C’est très complexe de se faire un thé sur la route et ce n’est pas confortable pour dormir. L’autre problème, c’est que je suis si encline à faire « juste une petite pause » en lisant quelques pages qu’à la longue j’ai fini par me mettre en retard. Plus question, donc, de prendre de pauses maintenant. Je me mordille l’ongle du pouce. Mes recherches sur Amon n’ont pas donné grand-chose et j’ai l’impression qu’un facteur important m’échappe. Il doit forcément y avoir un moyen plus efficace de faire ça, je dois simplement le trouver. Dans l’immédiat, je dois me concentrer sur la seule piste que je possède : les concours de Minami. Il est dit que des dresseurs de toute la région se déplacent pour y assister, il semble donc logique d’y commencer mes recherches. Les probabilités de retrouver Amon là-bas ou d’y croiser quelqu’un qui le connait sont statistiquement plus élevées. Si je peux trouver le moyen de participer à ce dit concours, alors j’aurai plus de visibilité et, avec un peu de chance, c’est lui-même qui me trouvera en premier et viendra me parler. Sur le papier, c’est un plan sans failles qui a toutes ses chances de fonctionner, s’il est à Minami, s’il me voit participer, si on se croise. La dose de chance dont je vais avoir besoin pour que tout s’arrange selon mes plans est trop élevée pour que je sois confortable avec ça. Je ne peux toutefois rien faire de plus que de croiser les doigts. C’est triste, mais c’est la vie.

Erh, j’ai mal aux jambes. Je jette un coup d’œil à ma montre. Je pourrais me permettre un petit cinq minutes. Sauf que je ne vais pas prendre juste cinq minutes. Je vais me dire que je peux en prendre cinq de plus, puis cinq autres. Si je m’arrête, je ne serai pas repartie avant une bonne demi-heure. C’est fou comme il devient facile de perdre toute motivation dans l’exercice d’une activité qui ne me plait pas. Je continue de me gruger l’ongle jusqu’à finalement m’immobiliser. J’ai envie de faire une pause, juste boire un peu. Je n’aurai qu’à me forcer pour repartir. Ça ne doit pas être si compliqué que ça. Et puis Chappy pourra toujours… Chappy ? Je relève la tête, soudainement anxieuse. Où est-il ? Je pensais que mon camarade était avec moi. Quand est-ce que je l’ai perdu ? Paniquée, je fais demi-tour, mes iris turquoise regardant partout en même temps. Il ne doit pas être bien loin, il ne peut pas être très loin. Et depuis quand est-ce qu’il se permet de partir sans au moins m’avertir celui-là !

Inquiète, j’hausse le pas et commence à appeler le nom de mon Marill jusqu’à, finalement, l’entendre me répondre. Lorsque je le trouve, il est tout près d’un buisson où il regarde attentivement, comme curieux. Aurait-il vu un Pokémon sauvage ? Je m’approche à mon tour et… Ouais, non. Il l’a vu, je l’ai vu, ce truc nous a vu, mais ça n’ira pas plus loin que ça. Je ne sais pas trop ce que c’est, mais je sais tout ce que ce n’est pas en tout cas et ça me suffit amplement. Je vais laisser l’étude de ces choses à d’autres plus courageux. Mon choix fait, j’attrape la queue de Chappy pour l’inciter à me suivre, sans lui laisser la chance de protester.

- Rien à voir ici. Avance. Ne le regarde pas et il va arrêter de nous regarder.

Un peu excessive ? Disons seulement que je suis bien placée pour comprendre que les gens occupés sagement dans leur coin n’aiment pas être dérangés. Vu l’air de la chose en question, je n’ai pas envie de le mettre en colère, j’ai déjà pris assez de retard comme ça. Il n’y a aucun combat Pokémon dans mon horaire et je ne compte pas en ajouter un, je pourrais dire adieu à mes chances de me reposer les pieds pour les deux prochaines semaines à venir. Certes j’exagère un peu, mais le fait est que j’ai hâte d’arriver à ma destination et de le faire sans être suivie par le gros insecte un peu effrayant. J’ai tendance à croire que tout peut s’arranger avec des oreilles de lapin et un peu de brillants, mais là je vais devoir revoir mon jugement. Enfin, toujours est-il que je fini par marquer un arrêt lorsque nous sommes assez loin. Soulagée, je m’assieds par terre, les jambes allongées devant moi, et pousse un long soupir. Chappy, lui, n’a pas l’air aussi ravi. Pas besoin d’être un génie pour comprendre ce qui le met dans cet état. J’allonge la main pour lui tapoter le dessus de la tête d’une manière qui se veut réconfortante, mais qui n’arrive à m’attirer qu’un regard sceptique. J’ai compris. Je referme donc plutôt les bras autour du pokémon sphérique pour le serrer contre moi.

- On finira bien par te trouver un camarade, ce n’est qu’une question de temps. Et de toute façon tant qu’on est ensemble c’est bien assez, non ?

Mmh, non. Il boude encore. Erf. Je ne sais pas comment remonter le moral moi. Je ne l’ai jamais su et ne le saurai probablement jamais. Dans la défaite, je lui caresse une oreille de manière distraite, cherchant une meilleure réplique pour me rattraper. Je dois bien pouvoir lui rendre un peu d’entrain, ça ne peut pas être si difficile que ça.

- On va bientôt retrouver grand-frère Amon de toute façon. Ça te fera quelqu’un avec qui jouer.

 

HRP – Fuite du Pokémon sauvage et apparition d’un nouveau Pokémon s’il-vous-plaaait! <3

Nous sommes encore installés à l’ombre d’un arbre à nous reposer lorsque, avec la brise, une douce odeur sucrée nous parvient. Ça me rappelle la barbe à papa ou les bonbons. Ça me donne faim mine de rien. Depuis quand est-ce que je n’ai pas mangé de sucreries ? Mmh. Je n’arrive pas trop à m’en souvenir. Il faut tout de même mentionner, pour ma défense, que je n’ai pas une très bonne mémoire pour ce genre de choses. Les apprentissages, les concepts et les données c’est une chose, mais les souvenirs aussi banals s’en est une autre. Je suis encore perdue dans mes pensées lorsque Chappy se libère de mon emprise, visiblement à la recherche de quelque chose. Qu’est-il en train de faire cette fois ? Déjà qu’il s’est éloigné sans m’avertir une fois, je ne suis pas particulièrement enchantée à l’idée de le laisser recommencer. Pourtant, contrairement à tout à l’heure, le Marill s’arrête pour se tourner vers moi et me faire signe de le suivre avec empressement. La curiosité piquée, j’entreprends donc de me relever et de m’approcher, me laissant inconsciemment guider par l’odeur jusqu’à voir, posté sur une branche haute, un petit oiseau rose. Un Fluvetin. Et il est sauvage. Enfin, je crois. Je regarde un peu partout, m’attendant à voir un dresseur sortir subitement des buissons en criant surprise, mais non. Ça veut dire que je peux essayer de le capturer ça, non ? Donc je dois aussi l’attaquer… Ça, ça me dit un peu moins. Et pourtant je n’ai pas trop le choix. J’échange un regard avec mon starter qui acquiesce, il est prêt. Nous allons devoir faire ça de manière intelligente. Je ne veux pas le blesser, juste l’empêcher de fuir. Si on lui mouille les plumes, normalement, il ne devrait plus pouvoir s’envoler.

- Utilise Water Gun.

Le Pokémon chromatique s’exécute, frappant de plein fouet le pauvre oiseau qui ne s’attendait pas à recevoir un tel traitement. Le Fluvetin tombe de sa branche et bat des ailes autant qu’il le peut, mais se contente de piquer vers le bas, encore désorienté et les plumes gorgées d’eau. Je me mords la lèvre inférieure. Je n’aime pas devoir faire ce genre de choses. Je n’ai plus le choix, je dois le capturer et m’occuper de lui ensuite pour m’excuser et le plus tôt sera le mieux. Je m’arme d’une pokéball vide, prends mon élan et c’est parti.

 

HRP – Lancé d’une pokéball, merciiii!

La sphère bicolore décrit une trajectoire presque parfaite, assez à tout le moins pour atteindre sa cible. Je me fige dans l'attente, demeurant immobile de longues secondes après la confirmation de la capture. C'est un succès. Chappy est celui que me fait revenir sur terre, me rejoignant avec une petite serviette. Vrai, il vaut mieux essayer les plumes du Fluvetin et vérifier qu'il n'est pas blessé avant toute chose. Je récupère donc l'objet pour mieux en laisser sortir le petit oiseau de type fée qui, d'abord désorienté, ne semble pas vouloir me faire confiance. Je pose donc un genou au sol et tends doucement la serviette vers lui, le laissant s'approcher de moi plutôt que de lui forcer les plumes. Il hésite durant un petit moment, mais fini par abandonner et venir se blottir entre mes mains délicates. J'ai peur de lui faire mal et prends donc la peine de m'appliquer, lui lissant timidement les plumes tout en le séchant. Je termine tout juste lorsque mon Marill revient avec de quoi nourrir l'oiseau qui, curieux, commence à picorer dans ma main pour goûter. Rassuré sur le goût, le type fée continue à grignoter comme si de rien n'était, ayant visiblement déjà tout oublié de ce qui s'est passé. Je me demande s'il a réellement une mémoire aussi courte ou s'il n'est simplement pas du genre rancunier. Également, j'en profite pour apprécier son odeur à nouveau, un délicieux parfum sucré et appétissant, mais pas trop. Je sens que je n'arriverai rapidement plus à me passer de sa présence. Devrais-je lui trouver un surnom ? Probablement, mais l'inspiration ne vient pas et je désire d'abord et avant tout lui trouver un nom parfait. Il sera trop tard pour changer d'avis une fois que j'aurai décidé, je dois donc m'assurer d'éplucher toutes les possibilités et de ne garder que la meilleure. Sans oublier que, de toute façon, j'ai tout mon temps. Je l'ai capturé, n'est-ce pas ? Ce Fluvetin, à partir de ce jour, ne me quittera donc plus d'une semelle. Ce sera un parfait spécimen pour mes recherches et, aussi, sans doute un bon ami. J'ai déjà hâte de voir ce que l'avenir nous réserve et, surtout, de le présenter à Amon.


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