*Prochain arrêt : Viridia. Prochain arrêt : Viridia.*
Avec quelques indications de sécurité, c'était tout ce qui défilait sur le petit écran posté à l'avant du bus. Avec les lueurs émises par les écrans des appareils que les voyageurs de nuit, c'était la seule lumière qui perçait le couvert de la nuit. Les jambes cotonneuses peinaient à porter la rock star alors qu'il remontait avec difficulté l'allée centrale de l'autocar. En cette période trouble, située entre la fin d'une journée et le début d'une autre, le sac à dos d'Ed lui semblait lourd, et ce même si il avait pu se reposer pendant les quelques heures de trajet. Le conducteur lui adressa un signe de tête quand il descendit. C'était toujours le même conducteur sur la ligne de nuit. Ed avait souvent hésité à engager la conversation. Il avait une sorte de curiosité un peu malsaine, comme si il voulait savoir si c'était un choix où une punition.
Une fois sur le bitume, Ed profita de la sensation des feuilles mortes qui craquaient sous ses chaussures. Il prit une grande inspiration emplissant ses poumons de l'air pur du petit village, qui était à des années lumières de l'air vicié de la capitale de l'archipel. Viridia n'était pas sa maison. Ça ne le serait jamais. Son cœur resterait toujours sur les canaux d'Ondes-sur-mer. Mais c'était ce qui s'en rapprochait le plus et, au vu de l'orage qui tonnait en ce moment dans le cœur du bassiste, être loin de son port d'attache était peut être la meilleure chose à faire.
Ed s'appuya contre l'abri bus et sortit ses écouteurs de son sac. D'un geste expert, il lança une playlist de blues sur son téléphone. Même si ce n'était pas son genre préféré, le Blues était le meilleur compagnon pour marcher dans la nuit noire. Il traversa la ville en silence, admirant la lune, dont la plénitude et la rousseur apportait un éclairage presque fantasmagorique sur la petite ville dans les bois. Il était seul à marcher dans les rues. Un petit frisson remonta le long de son échine. Si c'était un film d'horreur, ce serait le parfait moment pour que le tueur ne lui saute dessus et l'égorge. Okay, c'était la dernière fois qu'il regardait la série des Vendredi 13 dans le bus.
Arrivant dans sa rue, il pensait déjà au bain chaud qu'il allait prendre. Il fouilla dans ses poches et en sortit les clés. Il passa le porche de sa maison et s'approcha doucement de la porte, avant de cogner contre quelque chose.
« Qu'est-ce ... »
Dans la pale clarté de la lune, il ne put voir qu'une silhouette. Adieu, monde cruel.
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