Lydia Scordatto ~ Au coeur-même de l'innocence [Terminée]

La jupe au vent, une main devant et l'autre derrière pour éviter de se retrouver sur la scène le derrière au vent, les yeux fermés croyant que de cette façon, personne ne la verrait dans une situation aussi gênante. Elle ouvre ses yeux roses et se rend compte qu'il n'y a personne, qu'elle est seule au milieu de nulle part. Elle souffle pour tenter d'effacer ses joues roses, puis envoie une de ses mèches de cheveux mi-courts d'un châtain rosé derrière son oreille. Lydia rit un peu bêtement pour elle et marmonne qu'elle n'a pas à avoir peur. Peureuse de nature, timide et sans force de caractère, elle se demande bien comment quelqu'un comme elle peut survivre en nature. La jeune femme déglutit et s'avance en tremblant.

Personne. Est-ce un mauvais rêve? Ou bien est-elle vraiment la dernière humaine du monde? La peur de se retrouver seule la ronge, mais elle continue d'avancer, déterminée à avancer d'un pas incertain. Sa détermination est sa plus grande force, mais trop souvent elle se sous-estime.  Est-ce que c'est sa curiosité sans borne qui carbure sa détermination? Ou sa naïveté de croire qu'au bout du chemin ce sera mieux et plus rassurant? Ses souliers sont recouverts de boue et la pelouse est glissante, mais elle est prudente et prévoit se réfugier sous les arbres si la pluie se déverse à nouveau. Son visage innocent la rajeunit et pourrait attirer n'importe quel malfrat dans sa direction malgré elle, mais encore là, elle leur sourirait, bénirait le ciel qu'elle n'est plus seule sur la terre jusqu'à ce qu'elle regrette d'être passée par-là.

Lydia s'arrête quelques secondes, prend son unique pokéball entre ses doigts longs et fins, puis se rassure qu'elle n'est pas complètement seule dans cet endroit. Blue est avec elle. La jeune femme sourit pour personne, prend une bonne inspiration et met en marche ses minces jambes dans un courage qu'elle venait de créer par cette simple réflexion. S'il y avait d'autres gens, elle leur ferait des cadeaux qui brilleraient de bijoux et d'ornements pour les remercier d'exister parce que son espoir n'est guère mort. Peut-être au bout de la colline? De l'autre côté du lac? Avant que le soleil se couche sur l'horizon? Mais ce temps ne vint jamais et elle se réveille en sursaut, serrant de toutes ses forces sa peluche en forme de chat qui lui sert de sac à dos. Ce n'était qu'un cauchemar parce que jamais elle serait partie sans son sac.

Lydia n'est pas née à Mirabèce. Son lieu de naissance est en fait inconnu. Ses parents actuels étaient partis en vacances quand à un moment, ils se sont légèrement éloignés de la route pour prendre des photos près d'une rivière. Des cris de bébé bien jeune ont attiré leur attention et les ont amené à trouver la petite Lydia dans un berceau abandonné, coincé entre deux rochers. Le père s'est précipité et a récupéré le berceau en bon état. N'étant pas capables d'avoir eux-mêmes d'enfants, le couple a donc entamé les procédures d'adoption légales afin d'accueillir l'enfant dans leur famille. Certes, le couple avait commencé les procédures d'adoption avant cela, mais l'urgence du cas du poupon a poussé l'agence d'adoption à accélérer le processus pour le couple.

La jeune fille a eu une enfance à faire jalouser n'importe qui : ses parents sont riches, sa demeure est gigantesque et située près de l'eau, elle ne manque de rien. À Mirabèce, les gens riches ne manquent pas, mais il n'y a pas qu'eux : il y a les enfants de pêcheurs qui ne reviennent pas, de boulangers qui ne les voient presque jamais ou de fleuristes qui ont de la difficulté à arriver financièrement parlant. Lydia n'est pas aveuglée par sa chance, elle partage ses repas et elle fait sourire ses amis qui ne voient pas leur parents ou qui n'en ont plus. Lydia refuse les remerciements et répond toujours que c'est ce le minimum qu'une personne puisse faire pour une autre. Cela n'a pas empêché les autres enfants d'abuser de sa gentillesse, mais elle ne l'a jamais perçu comme ça et a toujours insisté pour aider son prochain. Ses amis proches l'ont défendu quand ils ont perçu que la situation allait trop loin, mais Lydia ne pouvait s'empêcher de défendre les autres. Voyant qu'elle se retrouvait au milieu d'un conflit, elle a simplement décidé de courir pour fuir jusqu'à ce que ce soit la mer qui l'empêche d'aller plus loin.

Elle s'accroupit au bord de l'eau et cacha son visage derrière ses genoux pour pleurer. Elle détestait les conflits plus que tout et elle ne savait pas pourquoi sa haine était si profonde envers eux à la faire pleurer. Un petit bruit aigüe la saisit. Sa tête se releva d'un geste rapide et sa conscience fut à l'affût de tout ce qui se trouvait autour d'elle. En se tournant lentement vers sa droite, derrière un gros caillou se cachait une petite créature qui l'observait d'un oeil : c'était un pokémon. C'était la première fois qu'elle en voyait un de cette espèce. Il la regardait avec curiosité comme elle le regardait. Ses pleurs avaient cessé, elle ne pensait plus à ses amis. Lydia le salua verbalement, mais le son de sa voix eut comme effet de faire fuir le pokémon. La jeune fille rentra chez elle en vitesse, prit de la nourriture du frigo et du garde-manger pour les mettre dans un baluchon et retourna à l'endroit où elle avait vu le pokémon. L'odeur se dégageant du baluchon eut pour effet d'attirer la curiosité du pokémon bleu. Elle prit un morceau et l'éloigna du baluchon en direction du pokémon. Un autre fut amené à sa bouche pour lui montrer qu'il pouvait en manger. Il s'avança et se pencha vers le morceau qu'il mâcha avec joie. Un pas à la fois, il s'approcha de Lydia pour manger tout ce que contenait son baluchon.

Jour après jour, elle amena les restes de ses repas au pokémon qui se faisait un joie à chaque fois de l'apercevoir avec des réserves de nourriture. Lentement mais sûrement, une amitié se forgea entre les deux personnages. Lydia lui racontait ce qui la tracassait chez ses amis pendant que le pokémon, un poliwag, l'écoutait en mangeant. Ses parents remarquaient ses absences répétées et la nourriture qui disparaissait de la demeure. Ils ont donc décidé de la suivre une fois et ont constaté la raison de leurs propres yeux en souriant. Bien qu'ils aient imaginé un futur brillant pour leur fille adoptée, ils ne pouvaient pas lui refuser la présence d'un pokémon dans la demeure. Ils s'approchèrent et proposèrent à Lydia d'amener son pokémon à la maison. Ainsi, ce serait beaucoup plus sécuritaire pour elle de côtoyer son ami plutôt que de venir sur le bord de la rivière. La mer au fond du jardin de la demeure pourrait faire sentir le pokémon comme chez lui. Poliwag s'exprima en poussant un cri aigüe.

Lydia termina ses études obligatoires avec les encouragements de ses amis du lycée et de Blue, son pokémon. Elle a eu conscience des ports qui ont fermé à Mhyone et s'est toujours demandée pourquoi quelque chose d'aussi important que le transport entre les îles pouvait fermer. Elle aurait aimé quitter dès l'annonce, mais avait fait la promesse d'au moins terminer la base de ses études... chose qu'elle avait fait haut-la-main. Le temps enfin venu, elle partit en compagnie de Blue pour découvrir Mhyone et tout le reste. Sa curiosité de découvrir le monde était si forte qu'elle savait qu'elle ne s’ennuierait jamais... et la présence de Blue lui donnait de l'assurance et la force de marcher sur des terres inconnues.