Cas de conscience avant la compétition [Georges]

Plus qu’un jour avant l’Ossathlon et le stress commençait à monter. J’étais en train de me demander pourquoi j’avais décidé de participer à ce concours. Je savais qu’il y aurait du public et que j’allais donc me retrouver devant de nombreux yeux braqués sur moi. Ils allaient observer le moindre de mes faits et gestes, juger la moindre décision que j’allais prendre, commenter la moindre de mes tactiques. Tant de choses qui me mettaient mal à l’aise, mais dont j’étais sur le point de faire face. L’appréhension était tellement présente que j’étais même en train de me demander si je ne devais pas revenir sur ma décision et finalement ne pas participer. Néanmoins, ça me gênait de faire ça puisque ce ne serait pas très respectueux pour les organisateurs qui devaient avoir déjà tout prévu la veille de la grande compétition. Il était possible que mon renoncement dérange tout ce qu’ils avaient prévu et qu’ils se retrouvent à devoir faire des modifications dans leur organisation dans un temps très restreint. J’étais vraiment face à un vrai cas de conscience entre mes peurs et le travail des membres du Sceau qui se trouvaient derrière le tournoi.

J’ai pesé le pour et le contre un long moment, mais je n’arrivais à prendre une décision. Il faudrait bien que je la prenne à un moment ou à un autre, mais pas trop tard non plus puisque sinon le temps le ferait à ma place. En effet, si je décidais de ne pas participer, il faudrait que je l’annonce avant le lendemain, il était hors de question que je reste inscrit, mais que je leur fasse faux bon le lendemain. Agir de la sorte serait vraiment plus que malpoli et irrespectueux envers l’organisation et la quantité de travail qu’ils avaient fourni pour nous proposer un tel évènement. Pour m’aider à me décider, j’ai choisi de prendre du temps pour moi dans un lieu calme où je pourrais être tranquille et me concentrer sur la situation. Connaissant très bien la cité de Méridian grâce à mes nombreux allers-retours dans celle-ci, un lieu m’est tout de suite venu à l’esprit. J’allais passer la journée au bord du Lac Latymer pour profiter de son calme et de sa beauté.

Une fois sur place, j’ai commencé à faire le tour de l’entendu d’eau, perdu dans mes pensées. J’étais en train de me souvenir de ce que j’avais pu voir peu de temps auparavant lorsque j’étais venu ici avec Shinichi et son Ramoloss afin de faire des tests avec sa Roche Royale. J’avais assisté à l’évolution du machin rose en majestueux Roigada, symbole de mon groupe sur le Poryweb. Enfin, ce n’était pas de repenser à ça qui allait résoudre mon état d’âme par rapport au lendemain. C’est en passant devant un banc faisant face au lac que j’ai décidé de m’arrêter de l’observer quelques instants. Soupirant bruyamment, j’ai plongé ma tête dans mes mains, ne sachant vraiment pas quoi faire. C’était horrible comme situation, mais je savais bien que les choses ne se résoudraient pas d’elle-même. C’était à moi de prendre une décision et m’y tenir pour ne plus avoir à y penser.

Plus qu'un jour. Plus qu'un petit jour avant le premier Ossathlon ever. Georges tourne dans sa chambre comme un lion en cage. Tout est prêt. Il ne reste plus qu'a attendre le lendemain. Et ça, Georges déteste. Ça lui laisse le temps de penser. De trop penser. De s'imaginer ce qui va se passer. Bien sur, d'imaginer les pires choses, ça va de soi. Nineteen regarde d'un œil circonspect son dresseur alors que Eighteen dors comme un perdu. Le Scalpion marche vers la porte et la tapote. Georges s’arrête et le regarde. Que peut il bien vouloir. Il lui pose la question.

« Et bien, tu veux quoi ? Sortir ? »

Nineteen secoue la tête de haut en bas. Il veut sortir. Enfin, pas vraiment. Il veut que Georges sorte un peu et s’aère la tête. Mais bon, peu importe ce que le dresseur pense, tant que ce que veux le pokémon est respecté. Georges enfin un hoodie gris qui complémente assez bien son pantalon. Comme souvent chez lui, il y a sens dans ces vêtements. La capuche remontée, il est difficile de le reconnaître de loin, et il n'a pas envie qu'on l'embête. Eighteen ne bouge pas. Il a encore envie de se reposer le gros pépère. Georges attrape la pokéball de Nineteen et la met dans sa poche.

Une fois dehors, le pokémon semble être un peu plus heureux. Il marche joyeusement en collant ses mains/griffes su le sol. Georges le regarde. Son esprit n'est pas ici, mais demain. Ce n'est pas le plus agréable. Il avance les mains dans les poches. Dans quoi s'est il engagé. Et surtout, que faire après ? Il marche. Il ne fait pas attention aux gens qu'il croise. Ses pensées sont trop occupées.

Sans vraiment s'en rendre compte, il arrive au bord du lac. Instinctivement, il se dirige jusque la rive et ramasse des cailloux. Les ricochets, il n'y a bien que ça qui réussirait à le sortir de son petit coup de mou. Il jette la première pierre. Echec. Pas assez plate. La seconde part mieux et fait deux rebonds. Ça l’énerve. Nineteen le regarde. C'est la première fois qu'il voit ça. C'est étrange, les humains. Le dresseur se dirige vers un banc. Ah, il est occupé. Et le mec dessus soupire lourdement. Peut être veut il être laissé tranquille ? Georges regarde autour de lui. Les bancs les plus proches sont complètement occupés. Tant pis.

« Ça vous dérange si je m’assoie ici ? »

Sans vraiment attendre, Georges s’assoit. C'était plus une question rhétorique qu'autre chose. Nineteen s’assoit sur les genoux de son dresseur. Discuter. Voila ce qui le sortirait de son funk.

« C'est agréable comme endroit pour réfléchir, non ? »

Si il n'a pas envie de parler, il partira.

Perdu dans ma réflexion, j’ai fini par m’installer sur le banc devant lequel je m’étais arrêté pour regarder le lac. Je n’ai aucune idée du temps que j’ai passé assis, la tête dans les mains à peser le pour et le contre. Je n’arrivais définitivement pas à me décider sur ce qu’il fallait que je fasse. De temps en temps, je brisais le silence de ma réflexion en poussant de longs soupirs de mécontentement. J’étais énervé contre moi-même pour ne pas être capable de prendre une simple décision, ce n’était pourtant pas la mer à boire, d’autant plus que je n’avais que deux choix face à moi et pas une multitude de possibilités. Suite à l’un de mes soupirs, j’ai entendu quelqu’un parler juste à côté de moi. J’ai fait un bond sous l’effet de surprise puisque je ne m’étais même pas rendu compte que cette personne s’était approchée. Soit, elle avait été extrêmement discrète, soit j’étais tellement perdu dans mes pensées que je ne l’avais pas entendue arriver. Cette deuxième hypothèse était bien plus probable que la première puisqu’il n’y avait aucune raison pour que cet homme, d’après sa voix, soit arrivé comme un ninja derrière moi.

Quoi qu’il en soit, il m’a demandé si ça me dérangeait qu’il s’assoit à côté de moi. Honnêtement, oui ça me dérangeait et j’aurais préféré rester seul avec mes pensées. Mais, j’étais bien trop timide pour lui dire qu’il n’était pas le bienvenue puisqu’il aurait fallu que je lui parle et que je lui donne des explications. Il était bien plus simple pour moi de me contenter d’un simple mouvement de tête pour lui dire qu’il pouvait s’installer. Il semblerait que ma réponse importe peu de toute façon puisqu’avant même que je puise réagir, j’ai senti qu’il s’installait à côté de moi sur le banc. Il avait donc simplement posé la question par politesse, mais se fichait complètement de mon avis la concernant. Enfin, c’était peut-être mieux comme ça puisque ça m’évitait d’avoir à donner mon avis et m’exprimer sur la question. Peu de temps après qu’il se soit installé, j’ai entendu comme un bruit métallique provenant de sa direction et j’ai distingué quelques mouvements du coin de l’œil. Malgré ma timidité, j’avais un très gros défaut, j’étais extrêmement curieux. Je n’ai donc pas pu m’empêcher de retirer ma tête de mes mains et d’observer mon voisin tout en restant comme dissimulé derrière la mèche qui me retombait devant l’œil.

J’ai donc pu voir qu’à côté de moi s’était installé un jeune homme qui devait être dans mes âges. C’était un parfait inconnu, ce qui n’était pas pour m’arranger puisque je n’aime pas avoir à faire à de nouvelles personnes qui ne me disent rien du tout. Mais bon, ce n’était pas non plus comme si j’avais véritablement le choix de toute façon. J’ai également pu voir que le jeune homme n’était pas venu seul et qu’il était accompagné par un pokémon qui s’était installé sur ses genoux. Je connaissais ce pokémon puisqu’on en trouve à Unys, ma région d’origine, c’était un Scalpion. C’était très certainement lui, de par son type Acier, qui était à l’origine du son métallique que j’avais entendu quelques instants auparavant. J’étais quand même étonné de voir comment il se comportait bien et restait calme sur les genoux de son dresseur. De ce que je sais d’eux, les Scalpions sont des pokémons assez violents qui chassent en groupe et découpent leurs victimes avec leurs corps recouvert de lames. Enfin, il valait mieux ça que de le voir me sauter dessus pour m’égorger avec l’une de ses lames. Je n’avais pas vraiment confiance envers les pokémons de type Ténèbres alors il faudrait que je reste sur mes gardes tant qu’il serait à côté de moi.

Le dresseur du Scalpion ne semblait pas vouloir profiter du silence ambiant et de l’ambiance paisible qui régnait puisqu’il n’a pas perdu de temps avant de commencer à me parler. Il a, en effet, fait une réflexion sur le lieu en me disant que c’était un endroit agréable et parfait pour réfléchir avant de me demander de confirmer ses propos. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, mais que ce soit du à mon esprit perdu à cet instant ou à une envie de penser à autre, j’ai répondu du tac ou tac au garçon assis à côté de moi et ce, sans bégayer :

-Oui, vous avez raison. C’est vraiment beau et calme comme lieux. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai décidé de venir ici aujourd’hui.

Suite à mes quelques mots, j’ai tendu mes bras devant moi afin de m’étirer puis j’ai repris la parole, une nouvelle fois sans le moindre problème. Il fallait vraiment que je sois perturbé pour agir de la sorte :

-Votre Scalpion a l’air vraiment très sage. Je ne pensais pas que ce soit possible puisqu’à Unys, on les considère comme des créatures dangereuses.

Avait il peur ? Etait-ce le look capuche avec le pokémon ténèbres qui troublait Tim ? Georges a beau ne pas être le plus doué pour lire les gens, il sentait que son interlocuteur n'était pas super rassuré. Etrange. Meridian n'a pas une réputation de violence ou quoi que ce soit. C'est marrant, les préjugés que peuvent avoir les gens. Nineteen descends des genoux de Georges. Il en a un peu marre d'être assis. Georges le regard d'un air sévère. Pas question qu'il aille faire des âneries. Le pokémon opine du chef et va s'asseoir juste au bord du lac, les pieds dans l'eau.

« Je ne connaissais pas ce pokémon vraiment avant de les rencontrer là bas. Mais effectivement, il semblerait que dans leur habitat naturel, ils soient des pokémons violents et méchants. »

La voix de Georges est basse. Il parle, mais il n'a pas vraiment envie de troubler le silence trop fortement. Étrange. Il pousse un long soupir. Il ne sait plus si il a vraiment envie de parler ou pas en fait. Bon. Il a commencé une explication. Il faut la finir. C'est la moindre des choses.

« Mais déjà, j'ai consulté le pokédex de Mhyone, et il semblerait que je n'ai pas trouvé Nineteen et son ancien troupeau dans des parties naturelles. On peut imaginer qu'ils se sont éloignés parce qu'ils n'étaient pas dans la norme. De plus, il semblerait aussi que les Scalpion de Mhyone soient moins violents que les Scalpions d'Unys. »

Georges hausse les épaules. Il n'en sait rien et, a vrai dire, il s'en moque un peu. Il pourrait lui dire qu'il a été blessé légèrement lors d'un combat, mais à quoi est-ce que ça servirait au fond ? Georges doute que son interlocuteur soit tant intéressé que ça par les pérégrinations d'un inconnu et de son pokémon. Il s'étire. Tout ça ne l'aide pas vraiment à se changer les idées. Autant parler d'autre chose. Du tournoi peut être ? Entendre quelqu'un d'autre lui dire du bien sur le tournoi pourrait peut être l'aider. Moins lui donner l'impression de coup d'épée dans l'eau qu'il à depuis ce matin.

« Vous avez l'air de vous y connaître en pokémons. Vous êtes un dresseur ? Vous avez sûrement entendu parler du tournoi qui va avoir lieu demain, non ? »

Il hésite. Peut être que son interlocuteur n'a pas envie de parler en fait. Il a dit avoir envie de calme. Georges s'enfonce dans le banc. L'avantage d'être petit. Il regarde Nineteen jouer dans l'eau. Si il avait su, il aurait pris une serviette avec lui. Boarf, tant pis. Un peau d'eau n'a fait rouiller personne, non ?

Le Scalpion de mon voisin a attendu que je fasse une remarque sur son calme et sa façon de bien se tenir pour commencer à bouger. Le type Acier en effet descendu de son dresseur et du banc pour aller faire je ne sais quoi. Mes préjugés sur les membres de son espèce m’ont laissé penser qu’il allait commencer à faire des bêtises ou à s’attaquer à quelque chose. Etrangement, ce n’est pas ce qu’il s’est passé, pas du tout même. La créature est restée toute calme et s’est dirigée vers l’étendue d’eau pour aller s’assoir au bord. J’allais vraiment de surprise en surprise avec ce petit bonhomme au comportement inattendu. Ce n’est qu’une fois son compagnon installé tranquillement auprès du lac que le dresseur a réagi à la remarque que je lui avais faite quelques instants auparavant. Il ne parlait pas bien fort, mais l’ambiance environnante était tellement calme que je l’entendais parfaitement. Il m’a ainsi expliqué qu’il ne connaissait pas ce pokémon avant de capturer le sien, mais qu’il avait quand même entendu dire la même chose que moi sur sa violence présumée.

Après une pause de quelques secondes dans ses paroles, le jeune homme a repris la parole pour me dire qu’il avait croisé son Scalpion et les autres membres de son troupeau quelque part où il ne devrait pas y en avoir normalement. Je voyais ce qu’il voulait dire puisque ce genre de chose m’était arrivé aussi. Par exemple, j’avais croisé un Motisma dans un coin complètement paumé, loin de toute technologie dont le type Spectre et Electrique aurait pu prendre possession. Sur le coup, je n’avais pas vraiment compris d’où il pouvait bien sortir et c’était toujours un peu le cas d’ailleurs même si, depuis, j’avais compris que celui-ci n’aimait pas trop s’introduire dans des machines et préférait rester dans sa forme naturelle. Dans la suite de sa tirade, le dresseur assis à côté de moi m’a expliqué qu’il supposait que c’était parce que son type Ténèbres était différent de ses congénères qu’il s’était éloigné d’eux. C’était une idée plutôt cohérente qui expliquait plutôt bien tous les facteurs, à savoir le calme de la créature et sa présence dans un lieu inattendu. Enfin, le jeune homme a fini son explication en me disant qu’il lui semblait que sur l’archipel, les Scalpions étaient moins violents qu’à Unys, ce qui était tout à fait possible. Après tout, ce n’était pas le même endroit donc les mentalités pouvaient être complètement différentes d’une région à une autre.

Le dresseur semblait fatiguer de ce qu’il racontait, ou peut-être fatigué tout simplement, puisqu’il s’est étiré avant de reprendre la parole et de porter la discussion sur moi cette fois-ci. Il m’a ainsi annoncé qu’il lui semblait que j’avais des connaissances en pokémon avant de me demander si j’étais un dresseur. Ce n’était pas que je m’y connaissais vraiment dans ces créatures, mais plutôt que je me souvenais de celles que j’avais déjà rencontrées et des Spectres également bien entendu. Son pokémon étant présent dans la région d’Unys, il appartenait à la première des deux catégories susnommées. L’inconnu du banc ne s’est pas arrêté après cette première question puisqu’il a immédiatement enchaîné sur une deuxième. Cette fois, il voulait savoir si j’étais au courant à propos du tournoi du lendemain. Si seulement il savait que c’était justement à cause de lui que je me trouvais là à cet instant, il n’aurait certainement pas posé la question. Enfin, il ne pouvait pas savoir que ce fameux tournoi me posait tellement de problèmes de conscience à cet instant précis…

Histoire de répondre à sa première question, je n’ai même pas pris la peine de parler. Je me suis contenté d’attraper la pokéball de Seigneur pour le faire sortir. Quitte à libérer l’un de mes compagnons, autant que ce soit celui qui sera le mieux à cet endroit. Mon Moyade était donc parfaitement cohérent de par son type Eau. Une fois à l’air libre, je lui ai dit qu’il pouvait aller s’amuser dans le lac s’il en avait envie, mais qu’il fallait qu’il évite de trop s’éloigner au cas où j’avais besoin de lui. La pieuvre spectrale ne s’est pas faite prier et a directement plongé dans les profondeurs de la source d’eau. Il était désormais temps de répondre à la deuxième question, celle qui me posait le plus de problèmes. Enfin, il y avait un côté positif, ça me permettrait peut-être d’y voir plus clair sur la situation. J’ai donc pris une inspiration avant de lui répondre :

-Oui, je… je suis au cou… courant pour le tou… tou… tournoi. J’y suis d’a… aill… ailleurs ins… inscrit. Mais j’hé… hésite à y pa… parti… participer fina… finalement. J’arrive pas à… à me dé… décider si je dois a… aban… abandonner ou… ou pas.

Parle de mes incertitudes sur le tournoi avait fait revenir mon véritable moi avec mon insécurité et donc mes bégaiements malheureusement…

Oooh, un pokémon !

Georges fixe avec un certain intérêt le compagnon que Timothy vient de libérer. On dirait une sorte de … grosse boule bleue … avec de blanc autour. En voilà un pokémon étrange. Ça fait penser à une sorte de Walimer chelou à Georges. Ah. Attendez. Si il pouvait, il se frapperai le front avec la main. Il connaît ce pokémon. C'est un … Moyade ? C'est ça. Georges en a déjà vu, même que sa grand-mère en a un. Mais dans ses souvenirs, celui de sa grand mère était rose. Étrange. Peut être était-ce une version Chromatique ? Il faut qu'il demande.

Il aurait osé demandé si la voix de son interlocuteur n'avait pas changé de façon si drastique. Il avait dit une bêtise ? Georges fronce les sourcils. Il se moque de lui ? Non. Pourquoi ferait il ça alors qu'il est n'est pas à l'aise avec le pokémon de l'homme de fer. Et puis ce qu'il dit interloque un peu aussi Georges. Ainsi donc, il est inscrit au forum mais n'est pas sur de venir. Comment ? Déjà qu'il n'y a pas forcément beaucoup d'inscrits, si en plus les gens se dégonflent, autant plier boutique de suite. Non, ça ne va pas le faire. Georges va le motiver le loulou là. Pas question qu'il ne vienne pas.

« Oh. Pourquoi abandonner ? Ça ne doit pas être une question de puissance je pense. Votre pokémon à l'air fort. »

Un peu de compliments n'a jamais fait de mal. Surtout que ce n'était pas faux. Son pokémon avait l'air plus puissant que celui de la grand mère de Georges, et aussi plus puissant que Nineteen. Georges se creuse les méninges. Peut être que c'est son bégaiement qui lui fait peur ? C'est quand même bizarre, il ne bégayait pas il y a cinq minutes. Il a des soucis de gestion de stress ? Georges fait craquer les articulations de sa main.

« Si vous avez peur, il ne faut pas. Au dernier décompte, il n'y a que dix participants. Ça fera quoi … Trente personnes ? Quarante grand max. Loin d'être une foule. »

C'est ce qu'il avait prévu en tout cas. Le tournoi n'avait pas attiré grand monde. C'est normal. Organisé par trois clampins dans la cambrousse, sans soutien des autorités, de la ligue ou du professeur, c'est déjà un miracle que tant de personnes aient eu le message et aient décidé de rejoindre.

« De plus, pensez à ces pauvres organisateurs. Il se sont battus pour en arriver là. Ce ne serait pas sympa, les abandonner maintenant. »

J’ai bien senti la surprise de mon interlocuteur lorsque je me suis soudainement mis à bégayer. Il ne devait certainement pas s’attendre à ça tout d’un coup alors que j’avais commencé à lui parler le plus naturellement du monde quelques instants plus tôt. Je ne pouvais pas le blâmer puisqu’il y avait fort à parier qu’en inversant les rôles, j’aurais ressenti la même incompréhension face à la situation. Heureusement, le dresseur du Scalpion a eu la gentillesse de ne pas faire de remarque sur mon « léger » problème d’élocution. En revanche, il s’est attardé sur la raison de ma volonté de quitter le tournoi prévu pour le lendemain. Il semblerait que ça l’est surpris aussi puisqu’il m’a demandé pourquoi je voulais abandonner. Avant que je puisse répondre, il a surenchéri en me disant qu’il supposait que ce n’était pas parce que je me trouvais trop faible étant donné qu’il estimait Seigneur puissant. Je ne sais pas trop sur quoi il a basé cette dernière affirmation étant donné qu’il n’a pu apercevoir le Moyade que quelques secondes avant qu’il ne plonge dans le Lac pour profiter de son élément naturel. Enfin, il y avait bien une possibilité pour justifier son propos, il essayait simplement de me rassurer sur mes capacités même s’il n’avait pas vraiment la moindre idée sur ce que j’étais réellement capable de faire.

Durant une pause dans son débit de parole, l’homme assis à côté de moi a fait craquer ses doigts puis s’est remis à me parler. Cette fois, il m’apportait des détails sur la compétition. J’ai ainsi pu apprendre qu’il n’y aurait que dix concurrents, ce qui voulait dire qu’il n’y aurait pas énormément de monde présent pendant le tournoi. Selon lui, ce serait au maximum une quarantaine de personnes présentes. Là, où il pensait me rassurer, il m’inquiétait plus qu’autre chose en fait. Pour moi, je trouve plus facile de se rendre invisible au milieu d’une large foule que d’un petit groupe de personne. En présence de beaucoup de monde, il est bien plus facile de ne pas se faire remarquer et de rester perdu dans la masse alors que lorsqu’il n’y a que peu de gens, ce n’est pas la même histoire. Il y a beaucoup plus de chance de se distinguer des autres et par conséquent d’attirer l’attention sur soit. À côté de ça, ses propos firent apparaître une autre question à mon esprit. Je me demandais comment il pouvait savoir tout ça sur la compétition. Est-ce que l’organisation avait envoyé un message sur le Poryweb et que j’étais passé à côté ? C’était donc une raison de plus de commencer à m’inquiéter à propos du lendemain…

Les derniers propos tenus par le dresseur du Scalpion, dont j’ignorais toujours le nom d’ailleurs, me mirent comme un coup derrière la tête. En effet, il a appuyé sur une des choses me faisant douter quant à abandonner le tournoi, les organisateurs. Il m’a dit qu’il fallait que je pense à eux et à tout ce qu’ils avaient fait. Que ce ne serait pas sympathique de leur faire faux bond en retirant ma participation à si peu de temps du début du tournoi ! Il avait parfaitement raison, mais ça ne m’empêchait pas d’avoir peur et de craindre de me retrouver observer par les gens venus assister au combat. Tout aurait été tellement plus simple si je ne m’étais pas inscrit sur un simple coup de tête comme ça ! Malheureusement, ce garçon ne m’aidait pas vraiment à voir plus clair non plus étant donné qu’il me rappelait les deux côtés qui s’opposaient dans ma réflexion. Bien décidé à prendre ma décision avec l’aide de cet inconnu, j’ai repris la parole pour lui expliquer le pourquoi du comment :

-C’est bi… bien ça le pro… pro… problème ! Je sais que les o… orga… organisateurs ont beau… beauc… beaucoup tra… travaillé pour ça. Mais j’ai… ai ho… horreur d’être o… obs… observer. Je ne sais vrai… vraiment pas qu… quoi faire !

J’avais toujours en tête ce qu’il m’avait dit quelques instants auparavant sur le nombre de participants au tournoi. Voulant savoir si j’avais manqué une quelconque information, j’ai préféré me tourner vers lui pour lui demander :

-Si… sinon, je vou… voudrais sa… sa… savoir. Comment est-ce que… que vous fai… faites pour sa… savoir le nom… nombre de pa… parti… participants au tournoi ? Je me de… demande si j’ai pas man… manqué une in… info… information à un mo… moment.

Georges commence à se tendre légèrement. Si tout les participants sont comme ça, quel enfer. Il ne comprends pas vraiment. Son interlocuteur savait ce a quoi il s'engageait en s'inscrivant, non ? Ce n'est pas comme si le tournoi avait été vendu comme une simple rencontre en tête à tête avant de prendre tout le monde par surprise. Nineteen doit ressentir la frustration de son dresseur, car il se rapproche un peu. Georges passe sa main sur son visage et pousse un léger soupir.

« Quand vous vous êtes inscrit, vous vous doutiez bien de ça, non ? Et vous avez trouvé la force de quand même vous inscrire. Cela veut dire que quelque part, en vous, il y a cette force qui vous permet d'avancer, non ? Et puis au pire, vous pouvez venir puis abandonner. Ce sera moins gênant pour les organisateurs que juste ne pas venir. »

Georges aime aider les gens, mais de là à jouer les psychologues, c'est un pas qu'il préfère ne pas franchir. Mais au moins, sa propre résolution à lui est prise. Pas question de laisser les autres dans la merde. Maintenant, c'est l'heure de répondre à l'autre question.

« Je fais partie du staff de ... »

Il est interrompu par un petit bruit d'oiseau qui jaillit de quelque part sur lui. Il reste interloqué quelques secondes. Qu'est-ce que ça peut bien être. Un oiseau se serait approché, là, comme ça ? En plus, c'est un cri qu'il connaît. Ah mais bien sur. C'est son téléphone. Il se palpe pendant bien cinq secondes. Où est-ce qu'il a bien pu mettre cet outil du démon ? Si c'est elle qui le fait chier pour des photos nulles, il va l'insulter. Ah, dans sa poche arrière. Georges s'excuse auprès de Tim et s’éloigne de quelques pas.

« Allo. Oui. … Oui … Il a fait quoi ? … Oui … Non … Oui je comprends … Je reviens de suite … Où je suis ? Au lac … Oui, je me dépêche … Le temps de faire la route … A tout de suite, et encore désolé. »

Il revient auprès de Tim.

« Désolé, mon autre pokémon fait du grabuge à la maison et il n'obéit à personne d'autre que moi ... »

Effectivement, pendant qu'il était parti, Eighteen s'est réveillé de la sieste. Ne voyant personne, il a pris peur et s'est mis à pleurer comme un bébé. Sauf que c'est un bébé de cent kilos avec de la caisse de résonance, et il importune les clients.

« Tout ce que je peux vous dire, pour le tournoi, c'est qu'on fond, personne ne va vraiment vous regarder. Si vous étiez inscrit pour la coordination, là, je pourrais comprendre. Mais en vrai, les gens viennent voir les combats. Pas les dresseurs. Et j'ai vu l'arène. Vraiment, vous en tant que dresseurs n'êtes pas mis en avant du tout. Et puis, avec un aussi joli pokémon évolué, je doute que vous laissiez aux spectateurs du répit pour vous observer. »

Il adresse à Tim un sourire caché par sa capuche.

Je semblais fatiguer le dresseur à mes côtés avec mes états d’âme puisqu’il a poussé un profond soupir, ça ressemblait vraiment à de la lassitude. Et voilà que je devenais chiant à exposer mes états d’âmes à ce parfait inconnu, ou est-ce que c’était parce que mon bégaiement était désagréable à entendre. Je ne sais pas pourquoi pas j’avais commencé à lui parler d’ailleurs, ça ne me ressemblait pas du tout et voilà qu’il me trouvait gonflant. Mais pourquoi est-ce que je ne suis pas resté silencieux comme d’habitude ? J’avais vraiment un gros problème aujourd’hui ! Quoi qu’il en soit, mon interlocuteur a commencé à s’énerver, enfin c’est ce que je comprenais d’après ses propos même si son ton ne reflétait pas vraiment cette expression. Le jeune homme m’a en effet dit que si je m’étais inscrit au départ c’était que j’avais la force mentale pour le faire et donc participer à la compétition. Il a finalement ajouté que quitte à ne pas participer, il valait mieux que j’y aille pour abandonner parce que ce serait moins dérangeant pour l’organisation. Alors ça, c’était tout simplement hors de question ! Les gens présents allaient surement me dévisager et me juger pour abandonner. J’étais même sûr que certains viendraient me voir pour comprendre mes raisons d’abandon. Je savais bien que je ne pourrais pas tenir mentalement dans une telle situation !

Il a ensuite commencé à m’expliquer qu’il faisait partie du staff de quelque chose lorsqu’il a été interrompu par la sonnerie de son téléphone. Mon interlocuteur s’est donc éloigné de moi avec son appareil de communication pour répondre à l’appel qu’il venait de recevoir. Du coup, il m’a laissé dans l’incompréhension la plus totale étant donné qu’il avait commencé à me dire quelque chose, mais que j’attendais maintenant la fin. J’avais vraiment envie de savoir dans le staff de quoi il était. La discussion n’a pas duré bien longtemps et que le dresseur du Scalpion est revenu vers moi, il m’a dit rapidement qu’il était désolé, mais que son autre pokémon causait des problèmes chez lui. J’ai tout de suite compris que ça voulait qu’il devait rentrer pour aller s’en occuper, ce qui était tout à fait normal. Dans pareille situation, j’aurais fait la même chose puisque je faisais passer mes pokémons avant tout le reste.

Néanmoins, avant de partir, il m’a adressé quelques derniers mots pour tenter de me rassurer davantage encore sur le tournoi du lendemain. Il m’a en effet expliqué que les spectateurs étaient là pour regarder les pokémons et les combats et pas les dresseurs. Ce qu’il disait était complétement vrai et je n’avais pas pensé à ça. Effectivement, ce ne serait pas moi le centre de l’attention, mais le membre de mon équipe sur le terrain. Il finit en ajoutant un nouveau compliment sur mon Moyade qui allait attirer toute l’attention sur lui. J’avais l’impression qu’il adorait Seigneur puisque c’était la deuxième fois qu’il parlait de la sorte à son propos. Quoi qu’il en soit, avec ces derniers mots, le dresseur était parvenu à me convaincre qu’il fallait que j’y aille. Ma décision était donc prise, j’allais participer au concours le lendemain. Avant que le dresseur ne quitte les lieux, je lui ai dit quelques derniers mots :

-Me… merci. Vous m’avez bi… bien ai… aidé. Ma dé… déci… décision est prise, je se… serais là de… de… demain et je vais pa… parti… participer. Je ne v… vais pas vous re… retenir plus long… longtemps. Au… au revoir.

Suite à ces quelques mots, je me suis levé pour m’approcher du bord de l’eau et appeler mon Moyade d’une voix forte et distincte. Contrairement à ce qui était arrivé quelques jours auparavant avec Shinichi quand il n’était pas revenu quand je l’avais appelé, cette fois il est arrivé immédiatement. Vu comment je l’avais disputé la fois précédente, il devait avoir tendu l’oreille pour ne pas manquer un appel de ma part. Seigneur à mes côtés, je suis reparti en direction de mon auberge. Je n’avais plus besoin de rester ici pour m’aider à me décider puisque ma décision était prise.