Venir se recueillir

Il fallait que je profite de mon passage sur Mirabèce pour retourner fouiller le cimetière. Lors de mon premier passage, j’avais eu la chance d’y croiser un Spiritomb. Cela confirmait mon idée selon laquelle des pokémons de type Spectre s’y trouvaient. Il était donc normal que j’y retourne pour voir quelles autres créatures se trouvaient dans ce lieu du repos final. Néanmoins, il faisait encore grand jour et il était donc beaucoup trop tôt pour partir à la recherche des fantômes. Il y avait deux principales raisons à cela, tout d’abord si j’y allais en plein jour, ce serait d’un irrespect total envers les personnes venues se recueillir sur les tombes de leurs proches et pokémons décédés. Je ne me voyais vraiment pas me balader parmi eux et fouiller partout pour essayer de trouver des Spectres qui seraient cachés ici ou là. Personnellement, je n’aurais pas accepté que quelqu’un se comporte de la sorte alors il était hors de question que je le fasse moi-même. La deuxième raison était purement pratique et se justifiait par l’heure, il était vraiment trop tôt pour avoir la moindre chance de trouver des spectres qui se promènent tranquillement dans le cimetière. Mes connaissances sur mon type de prédilection faisaient que je savais qu’ils sortaient majoritairement de nuit. Il était donc logique qu’au vu de ces deux éléments, je préfère attendre que le Soleil se couche avant de me mettre en route.

C’est aux alentours de 23h que j’ai décidé que le moment était venu et qu’il était temps que je me mette en route pour ma recherche de types Spectre. J’ai vérifié que j’avais toutes les affaires dont j’avais besoin, particulièrement des pokéballs vides ainsi que celles contenant mes sept pokémons. La dernière fois, j’étais tombé sur des sauvages assez agressifs et dont un qui avait réussi à empoisonné mon Vicomte. Comme un idiot, je n’avais pas prévu de quoi le guérir de ce problème de statut et j’avais dû courir comme un dératé pour l’amener le plus rapidement possible au Centre Pokémon de Médéa. Cette fois-ci, je ne voulais pas me retrouver dans la même situation alors j’avais été plus que prévoyant. En effet, mon sac à dos était rempli de potions, d’antidotes, d’anti-paras, et autres objets de soin. Quel que soit la situation, j’avais de quoi réagir à d’éventuelles blessures de mes compagnons en cas de besoin.

Arrivé au cimetière, j’ai fait sortir Marquise la Desséliande de sa pokéball pour qu’elle me tienne compagnie. Ce n’était pas que j’avais peur ou quoi que ce soit du genre, mais ce serait plus agréable d’être en compagnie d’un de mes pokémons que de rester seul à marcher en long et en travers entre les allées de tombes et de caveaux. De plus, depuis son évolution, mon type Plante avait pris l’habitude de m’attraper dans ses grandes branches lui servant de bras. Le Spectre me gardait alors dans ses bras et me portait pour m’emmener aux endroits où je voulais aller. Je dois avouer que c’était particulièrement pratique, surtout pour les longues distances puisque ça m’évitait de me fatiguer à marcher par moi-même. Néanmoins, je ne voulais pas qu’elle se fatigue en me portant à longueur de temps alors j’évitais de tout le temps la sortir. Lorsqu’elle était là, elle ne me demandait pas mon avis et me soulevait malgré mes demandes incessantes pour qu’elle me laisse. Cette exploration du cimetière n’a pas échappé à la règle et je me suis retrouvé assis entre les grosses branches de ma Desséliande. Elle me portait à travers le cimetière sans destination particulière pendant que moi je regardais de tous les côtés pour essayer de repérer des pokémons sauvages logeant ici.

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J’étais confortablement installé sur les bras branches de ma Desséliande et nous parcourions le cimetière de droite à gauche à la recherche de pokémons sauvages. Lors de ma première visite, j’avais pu croiser un magnifique Spiritomb et la deuxième fois, c’était un Exagide, ce qui voulait dire qu’il y avait bel et bien des Spectres dans le coin. Néanmoins, cette fois-là, c’était complètement calme. Il n’y avait pas âme qui vive (ou morte d’ailleurs) dans ce cimetière. C’était étonnant un peu quand même, est-ce qu’ils se cachaient de moi ? Ce n’était pas très probable, mais ce qui l’était plus en revanche, c’était que les pokémons sauvages étaient toujours effrayés par ce qui s’était passé quelques jours auparavant avec le dominant agressif qui faisait sa loi. Quoi qu’il en soit, il n’était plus là alors ils n’avaient plus rien à craindre. Ils pouvaient sortir et venir me voir maintenant !

Heureusement que Marquise me portait puisque j’aurais fini par décidé de rentrer me coucher si j’avais dû marcher par moi-même entre les rangées de pierres tombales qui s’étendaient à parte de vue dans ce cimetière. C’est après d’autres longues minutes de recherches infructueuses que j’ai décidé que ça ne servait à rien de continuer et que je n’allais rien croiser ce soir-là. J’ai donc soufflé un grand coup sous l’effet de la frustration et je me suis tourné vers elle pour lui dire de faire demi-tour et de nous ramener en ville lorsque je l’ai vue baisser la tête pour regarder je ne sais quoi. Elle a rapidement relevé la tête pour me dire quelque chose dans son langage pokémon. Malgré tous mes efforts, je n’étais pas capable de comprendre ce qu’elle essayait de communiquer en répétant ainsi son nom de façon incessante. Néanmoins, je n’étais pas non plus stupide et pouvais réfléchir à la situation. Elle essayait de me dire quelque chose après avoir regardé vers le bas et elle s’était arrêtée de marcher, ce que je venais de remarquer. Cela voulait sans doute dire qu’elle avait vu quelque chose au sol et qu’elle souhaitait m’en faire part. Il fallait donc que je regarde moi aussi pour enfin être capable de la comprendre.

Bougeant entre les branches de ma Desséliande, j’ai bougé pour observer le sol. J’ai immédiatement compris ce qu’elle essayait de me signaler. Ce n’était pas le sol qui était intéressant ici, mais ce qu’il se passait au niveau de ses pattes racines. Un pokémon était venu s’y installer et tentait de se faire le plus petit possible. Il faisait sombre et je ne parvenais pas à vraiment distinguer l’apparence de la créature, je n’avais donc pas la moindre idée de ce dont il pouvait s’agir. Faisait un discret signe à Marquise, je lui ai demandé de me déposer au sol. Elle n’avait pas l’air menaçante envers le pokémon et ne cherchait pas à me protéger absolument, ce qui voulait dire que cette petite chose ne devait pas représenter un réel danger selon elle. Néanmoins, je savais bien qu’elle devait tout de même se tenir sur ses gardes, prête à intervenir si le besoin s’en faisait sentir.

Une fois au sol, je me suis approché doucement pour voir de plus près le pokémon qui s’était aventuré sur les racines de Marquise. Celui-ci semblait effrayé puisqu’il s’est déplacé de sur la racine pour se mettre en dessous le tronc et se cacher derrière les pattes de mon équipière. Un instant, j’ai eu l’impression qu’il s’agissait d’un Pikachu vu ses deux oreilles en pointe, mais en prêtant une plus grande attention à la question, je me suis rendu compte que ce n’était pas vraiment ça, même si je n’avais pas tout à fait tort non plus. C’était un Mimiqui déguisé en Pikachu ! Je trouve ce pokémon tellement mignon attendrissant que je ne pouvais que fondre en le voyant essayer de se cacher de mon regard. J’avais eu l’occasion de voir le Mimiqui de Luna peu de temps auparavant et j’étais jaloux de ne pas avoir un moi-même, mais j’avais désormais la possibilité de résoudre cette situation. Il était hors de question que je laisse passer la possibilité de capturer celui-ci, surtout qu’il avait l’air d’être aussi timide que moi ! Je devais être la personne la mieux placé pour le comprendre et l’aider. C’est pourquoi je me suis adressé à lui d’une petite voix discrète :

-Coucou toi ! Pourquoi tu te caches comme ça ? Tu as un si joli costume, tu devrais être fier et le montrer à tout le monde ! Tu l’as fait tout seul ?

Le Mimiqui semblait écouter ce que je lui disais puisqu’il n’est pas parti en courant et qu’il m’a regardé avec un air curieux dans le regard, ça devait être la première fois que quelqu’un lui parlait aussi gentiment. Quand je lui ai demandé s’il avait fait son costume de Pikachu lui-même, il m’a fait de grand signe de tête pour me signaler que c’était oui. Il avait l’air particulièrement fier de son travail vu sa réaction. J’avais réussi à l’amadouer un peu, il fallait que je continue sur cette voie-là.

-Tu sais, je suis comme toi. Je n’aime pas que les gens me regardent et m’observent, je préfère rester cacher. Malheureusement, je n’ai pas de super costume pour me protéger moi. Dis, j’ai une idée ! Tu voudrais bien m’aider ? Vu la réussite du tien, tu ne pourrais que me donner de bons conseils ! Du coup, ça te dirait de venir avec moi ?

Après avoir terminé ma tirade, j’ai sorti une pokéball vide de mon sac et je l’ai tendue devant moi dans sa direction. Si le Mimiqui voulait entrer à l’intérieur, il le pouvait.

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Le Mimiqui semblait ravi de ce que je venais de lui dire puisqu’il s’est approché un petit peu de moi. Certes, il n’avait pas beaucoup bougé, mais il avançait dans ma direction et c’était déjà un gros pas en avant. Je faisais tout pour avoir l’air le moins effrayant ou dangereux possible, gardant un large sourire bienveillant sur mon visage. J’avais vraiment envie que ce Mimiqui rejoigne les rangs de mon équipe, mais pour cela, il fallait qu’il me fasse confiance. Il était hors de question que je lui balance une pokéball sans me soucier un seul instant de ses sentiments. Et puis, avouons-le nous, avoir un pokémon qui a peur de moi et n’ose pas m’approcher, ne serait pas spécialement des plus utiles… J’étais calme et gardais le bras tendu depuis un certain temps lorsque le Spectre féérique est finalement sorti de sa cachette derrière les racines de ma Desséliande. Il venait de plus en plus prêt et moi je ne bougeais pas d’un iota. Il ne fallait surtout pas que je lui fasse peur en faisant un geste brusque ou du bruit. Après toute la négociation que j’avais mise en place, ce serait une grosse déception de le voir partir en courant !

Heureusement, les choses se sont bien passées. Le Mimiqui est venu jusqu’à la capsule rouge et blanche que je lui montrais. Il a touché la ball du bout de l’oreille de son costume et a disparu à l’intérieur dans un éclat rouge. La moitié du chemin était désormais faite, il ne restait plus qu’à attendre de voir si le pokémon n’allait pas changer d’avis en brisant la pokéball dans laquelle il venait de rentrer. J’ai posé celle-ci au sol sans perdre de temps et je l’ai regardée oscillée lentement de droite à gauche. Une fois… deux fois… trois fois… et dans un déclic, elle s’est arrêtée de bouger. Cela voulait dire que le Mimiqui était capturé et qu’il avait accepté de venir avec moi. Je me doutais bien que ce ne voulait pas dire que sa timidité avait complètement disparue, mais j’étais certain qu’avec le temps, les choses allaient finir par s’arranger d’elles-mêmes ! Bien évidemment, je suis parfaitement placer pour parler de ce sujet puisque je suis d’un caractère semblable avec les autres humains et qu’au bout d’un certain temps à côtoyer la même personne, je finissais par ne plus avoir de problème de timidité en sa compagnie. Il n’y avait donc aucun doute que l’évolution serait la même pour Mimiqui envers ma personne.

Ne voulant pas trop perturber mon nouveau compagnon pour notre premier temps en tant que partenaires, je préférais le faire sortir tout de suite de sa pokéball pour qu’il soit dans un lieu familier. Le passage de sauvage à domestique serait déjà suffisamment perturbant sans pour autant ajouter tout de suite un nouveau lieu dans l’équation. Lorsqu’il est sorti de son nouveau logement, le type Fée est apparu à côté de moi et m’a observé longuement comme pour essayer de lire en moi. Je n’ai pas fait un geste ou dit quoi que ce soit, je l’ai laissé se décider seul de comment les choses allaient se passer pour la suite. Après quelques minutes d’observation silencieuse, ma nouvelle amie (oui c’est une femelle) a finalement décidé qu’elle pouvait me faire confiance même si elle était toujours quelque peu craintive. C’est pourquoi elle s’est approchée de moi pour se coller à ma jambe et me parler dans son langage pokémon. Je ne savais pas vraiment ce qu’elle voulait me dire, mais je comprenais le sens global, elle essayait de me faire comprendre qu’elle avait moins peur de moi. Avec un grand sourire, je lui ai alors dit qu’il était temps de sortir du Cimetière et d’aller se coucher. N’osant pas encore la prendre dans mes bras, nous sommes partis tous les trois en direction de Médéa pour retourner dans l’hôtel où j’avais pris une chambre hors de prix pour la nuit.

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