Briser la glace • Elisthel

J'ai perdu Nix. Je ne la trouve plus, je la cherche depuis au moins quinze minutes dans Viridia. Je lui ai présenté la Pierre Glace que j'avais réussi à trouver, mais je ne sais pas pourquoi, ça l'a fait paniquer et elle est partie. Je crois qu'elle a peur que je ne l'aime plus si elle devient une Feunard, je ne sais pas trop. Elle est sensible, et très émotive. Je crois qu'au fond d'elle, elle veut évoluer, mais c'est quelque chose qui la terrifie. En attendant, moi je panique à mon tour. C'est la première fois que j'aborde les passants de mon plein gré, pour leur demander s'ils ont aperçus une Goupix d'Alola en cavale quelque part. Personne ne l'a vu, et personne n'a voulu m'aider à la chercher. Non seulement les gens sont aveugles, mais en plus, ils sont idiots. Pas mal, non ?

Lylis est autour de mon cou, mais cette fois, elle ne dort pas. Elle observe autour d'elle et me préviendra si elle voit son amie Nix. Elle aussi, elle s'inquiète, la pauvre Guérilande. Je commence à être vachement essoufflée de courir d'un bout à l'autre de la ville aussi, mais je n'abandonne pas. C'est mon Pokémon, et c'est la seule raison qui ne m'empêchera pas de continuer à m'acharner. Je ne comprends vraiment pas son comportement, n'empêche. Ça ne ressemble pas à Nix d'agir ainsi, d'habitude, si quelque chose l'inquiète, elle me le fait savoir simplement, sans pour autant prendre la poudre d'escampette. J'aimerais tellement comprendre. Lylis commence à s'agiter, elle essaye de me diriger vers une direction. Oui, ma Guérilande s'amuse à faire ça parfois, me changer de cap. Simplement, pour le coup, c'est pour une raison ; elle a vu Nix. Je me laisse donc guider sans faire d'histoires.

« Je te vois, Nix. »

La Goupix s'était réfugié derrière un Farfaduvet. Je ne sais pas trop où elle l'a déniché, mais son type Fée l'a sûrement attiré et elle lui a fait confiance. Je m'accroupie pour être au niveau des créatures. Lylis se retire de mon cou pour aller à la rencontre de son amie de type Glace. Je caresse la petite tête de mon starter, celle-ci semble rassurée mais elle a un comportement bizarre. Je ne la reconnais pas.

« Nix, si tu préfères attendre avant d'utiliser la Pierre, il n'y a pas de souci, mais ne me fais plus jamais peur comme ça. » Je regarde ensuite le Farfaduvet. « Merci à toi d'avoir veillé sur elle, petit. »

Je ne sais pas si c'était son intention, mais peu importe, il était avec elle et elle se sentait en sécurité. Mes paroles semblent convaincre Nix qui se décide enfin à sortir de sa « cachette » pour venir me rejoindre. Elle se frotte contre ma jambe pour démontrer qu'elle est désolée. Je suis incapable d'en vouloir à cette petite boule d'amour, c'est impossible.

Peu de temps après, une demoiselle se joint à nous. Je crois que c'est la dresseuse du Farfaduvet en question. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je me mets immédiatement sur la défensive. Je crois que c'est dans mon tempérament.

« C'est votre Pokémon ? Je ne comptais pas partir avec lui, c'est ma Goupix qui l'a trouvé, ou le contraire, j'en sais rien. »

Pourquoi je sors ça ? Pas la moindre idée. Si ça se trouve, elle n'avait aucun soupçon à mon égard. Me justifier pour rien reste plus louche que de ne rien dire. Enfin, ce qui est encore plus louche, c'est que ma Guérilande soit maintenant autour du cou de ce Fardaduvet et qu'elle essaye de le tirer dans tous les sens pour « jouer » probablement... Lylis, tu m'aides vraiment pas là.

Quelle sale petite peste. Majora avait encore filé en douce. Ori trottinait tranquillement à ses côtés, peu inquiété par la boule cotonneuse. C'était dans ses habitudes de faire des bêtises, même sa dresseuse avait fini par s'y faire. Seule sa Statitik semblait avoir une quelconque emprise sur lui. Elisthel marchait dans les rues de Viridia, cherchant vaguement du regard son Farfaduvet. Elle le retrouva une dizaine de minutes plus tard, en compagnie d'une jeune femme et de ses pokémons. Au premier abord, rien d'anormal. Sauf que quelques secondes plus tard, la dite jeune femme s'empresse de se déclarer innocente, son Guérilande essayant malgré tout de tirer Majora, qui en rigole. Un instant, Elisthel se demande si cette jeune femme pouvait réellement vouloir kidnapper son pokémon, mais arrive à la conclusion évidente que non. Majora se serait débattu plus que ça. Elle soupire, fait les yeux noirs au pokémon.

Ce dernier s'empresse d'aller se réfugier derrière sa nouvelle meilleure amie. Elisthel s'accroupit, les bras sur ses genoux et l'appelle sur un ton autoritaire.

« Majora. »

A contre cœur, le Farfaduvet sort de sa cachette et s'approche de sa dresseuse, l'air penaud. Ori prend son mal en patience, assit à côté de sa dresseuse. Il sait déjà ce qui va arriver. Elisthel tâche de garder son air sérieux et autoritaire face à la petite bouille mignonne de son pokémon qui lui fait les yeux doux. Saleté de farfadet. Elle soupire, lève les yeux au ciel et se redresse.

« On en reparlera plus tard. »

Victorieux, le pokémon sautille joyeusement jusqu'à son camarade Noctali, le présentant visiblement à la guirlande vivante. Elisthel quant à elle s'approche de l'autre dresseuse.

« Il n'y a pas de mal. Il aime beaucoup s'attirer des ennuis... A lui et aux autres. Je m'appelle Elisthel Firefly. Son cœur se serre en voyant la créature près d'elle. Joli Goupix. »

Elle ne peut pas s'empêcher de faire la remarque, et de penser à Pixel. Ce n'est pas grave. Elle a surmonté tout ça depuis longtemps. Elle inspire, et dévisage son interlocutrice, tâchant de comprendre sa méfiance naturelle. Elle pourrait faire une remarque, mais ce ne serait sans doute pas agréable pour la jeune femme.