Première photo -Ouah, merci papy !
-Pas de quoi ma Croquine. J’espère que tu en feras bon usage !
Hélène venait à peine de fêter son septième anniversaire qu’elle se retrouvait avec un appareil photo dans les mains. Son grand-père, amateur de photographie, le lui avait offert. La petite s’était déjà empressée d’immortaliser tout ce qu’elle voyait, courant de part et d’autre dans le salon.
-Fais attention avec cet objet ! gronda son père. C’est fragile.
-Tu risques surtout de faire des photos floues, rigola son grand-père. Quoique que certains trouvent que ça donne un côté artistique.
L’ambiance était joyeuse, tout le monde s’amusait bien. Surtout Hélène avec son nouveau jouet. Ce que la gamine ne savait pas encore, c’est que cette petite boîte à image deviendrait à la fois sa passion et son futur métier. Elle se montrait bien trop inconsciente que pour se projeter dans l’avenir.
Cliché de son grand-père
Hélène pleurait dans le jardin. Malgré ses soubresauts, elle tenait fermement l’appareil photo qui se trouvait dans ses mains. Elle ne pensait pas que son père allait se mettre dans une telle colère.
Comme tous les premiers dimanche du mois, sa famille se réunissait pour déjeuner. En pleins milieu du repas, une de ses tantes avait posé la fameuse question : « Qu’est-ce que vous voulez faire plus tard, les enfants ? ». Il ne fallut pas longtemps à Hélène pour répondre : « Photographe ! ». Son père avait d’abords rit de manière sarcastique avant de comprendre qu’elle était réellement sérieuse. Il essaya d’abords de la raisonner ; tout le monde savait faire des photos! Puis, on ne gagne pas sa vie avec ça… Mais du haut de ses 12 ans, Hélène ne se laissa pas démonter et répliqua. Jusqu’à ce que son père s’emporta et la gronda devant toute la famille. Blessée dans son égo, elle ne put s’empêcher de quitter la table pour se réfugier dans le jardin.
-Ah ! Mon beau-fils ne connait rien à la photographie.
Une voix familière se fit entendre. Hélène se tourna et vit de ses yeux embués son grand-père s’assoir près d’elle. Il lui afficha un sourire réconfortant. La petite fille vint alors se blottir dans ses bras.
-Votre seul point commun, c’est d’être borné, plaisanta-t-il.
-Papy ! se vexa la fillette, n’aimant pas la comparaison avec son père.
Ils restèrent assis à contempler le ciel pendant de longues minutes. Puis son grand-père se releva, non sans mal. Hélène en profita. Clic ! C’était dans la boîte. Ayant entendu le bruit de l’appareil, le vieil homme rigola. Sa petite-fille était bien plus à l’affût qu’elle ne le laissait paraître.
Hélios et sa maman S’il y a bien un endroit où Hélène ne prendrait jamais de photos, c’était à l’hôpital. Elle détestait cet endroit. Et elle le détesterait à jamais. Elle se souviendrait toute sa vie de l’image de son grand-père agonisait sur son lit. Elle se trouvait devant lui mais n’arrivait pas à lâcher un mot.
-J’ai une faveur à te demander, Hélène.
Le vieillard brisa le silence. Perplexe, la jeune fille regardait à tour de rôle sa mère puis son père. Ce dernier la poussa légèrement dans le dos vers le lit de vieil homme.
-D’a- d’accord, balbutia-t-elle.
Sa voix s’étrangla. Elle avait 18 ans et avait peur de la requête de son grand-père. Elle voulait juste décamper et ramener son grand-père à la maison.
-En fait non, j’ai deux faveurs, dit-il en souriant. La première, c’est de t’occuper du Hélionceau que Nami a mis bas et de lui donner un nom.
Hélène ne put s’empêcher de sourire. Nami était la Némélios de son grand-père. Elle se faisait vieille mais à la surprise de tous, elle avait mis au monde un Hélionceau. Un seul et unique Hélionceau alors qu’ils naissaient généralement par portée. La jeune fille se sentit à la fois soulagée et émue par cette demande. Elle s’était très vite attachée à Nami et à son bébé.
-Ensuite, je veux que tu fasses de la photographie ton métier.
Le visage d’Hélène s’illumina. Elle comprit que derrière cette exigence, son grand-père voulait avant tout qu’elle réalise son rêve.
Dardagnan de la Forêt de Neuvartault
Malgré son stress, Hélène ne laissait rien transparaître. Jambes croisées, dos droit et menton légèrement relevé, elle attendait. Elle se tenait devant le rédacteur en chef du très célèbre magazine
Pokéscience. Celui-ci examinait les photos qu’elle avait soigneusement jointes à son CV.
Jusqu'ici, Hélène avait enchaîné les petits boulots. Mais jamais rien en rapport avec la photographie. Chaque jour, elle épluchait les petites annonces dans les journaux et le Pokéweb. Il y a alors quelques jours, elle était tombée sur une annonce expliquant que le magazine cherchait un photographe pour la région de Mhyone. N’ayant vécu qu’à Kalos, la jeune femme ne connaissait pas vraiment les autres régions. Mais l’inconnu ne l’effrayait pas.
-Sur votre CV, vous avez écrit avoir suivi Madame Violette pendant un stage. J’ai évidemment pris l’initiative de lui téléphoner pour vérifier l’info. Elle semblait très enthousiaste à propose de votre travail.
-Merci, fit Hélène en laissant s’échapper un timide sourire.
-C’est elle qui vous devriez remercier. En tout cas, je ne vais pas vous retenir plus longtemps… Vous vous envolerez vers Mhyone d’ici deux semaines.
La photographe écarquilla les yeux. Elle n’en revenait pas. Elle pouvait enfin exercer sa passion en tant que métier ! Elle sentit des larmes de joie lui monter aux yeux et les retint tant bien que mal.
-Avant que vous ne partiez, je tenais à vous dire que la photo avec le Dardagnan a su capter mon attention. Il faut beaucoup d’audace pour approcher ses Pokémon. Aussi, permettez-vous que je la publie dans un prochain numéro ? Vous serez bien évidemment payée et créditée pour cette photo, ainsi que les autres qui suivront.
-Bien sûr. Cela me ferait même très plaisir.
Nox Illum
A peine la porte ouvert, Hélios se dirigea vers le canapé-lit pour en prendre possession. Hélène venait de faire son premier baptême de l’air. Le voyage avait duré plusieurs heures entre Kalos et la capitale de Mhyone. La voilà enfin dans l’appartement que le magazine lui avait trouvé. Rien d’exceptionnel. Il n’y avait de la place que pour une seule personne.
-Hélios, ça c’est mon lit.
Faisant semblant de rien, le félin s’étala de tout son long. Après tout, il se trouvait aussi chez lui ! Ne voulant pas se battre avec, Hélène préféra se diriger vers la fenêtre. A défaut de se trouver dans un trou de Dedenne, elle pouvait profiter d’une magnifique vue. Il suffisait juste d’une photo pour l’immortalisé.