«Pff.»
Nath s'allonge. C'est incroyable cette façon qu'il a de s'ennuyer quand y'a personne au quartier général. Non mais c'est vrai quoi. D'habitude, il arrive à trouver un pokémon avec qui jouer, ou une recrue avec qui discuter, mais là ? Rien. Nulle part. Pas un chacripan. C'EST VIDE PUTAIN.
C'est trop nul.
Mais bon, y'a une bonne nouvelle. C'est qu'il a récupéré ses écouteurs. Et du coup, il écoute de la musique, toujours de la musique, encore plus de musique, grâce à quoi il arrive à faire durer son mal en patience. Bah ouais, le ciel a beau être pluvieux, les couloirs désertés et l'attente pesante, tout est ok du moment qu'il a quelque chose à écouter.
On se demande bien ce que c'est, d'ailleurs.
«HEY !»
Le garçon sursaute. C'est quoi ce boucan, il a même pas le droit de s'occuper ?
AH MERDE. C'est Emy.
«Euh, salut.» Il dégage tout son matériel et se redresse.
«Salut ? Tu pourrais trouver mieux.» La brune fronce les sourcils. «Tu passes à la maison, mais pas un bonjour, pas un signe de vie, rien. Et moi, j'apprend ce matin que tu veux retourner sur l'île principale alors tu as gagné le droit de rester ?»
Elle croise les bras et remarque le sac à dos sur la banquette.
«C'est vrai, donc. Tu me dois des explications.»
«Héhé, t'es ici pour attendre Jean ? C'est vrai que ça fait un bail !» Nath détourne les yeux.
«Ne change pas de sujet. Pourquoi tu t'en va ?» Ouah, elle a l'air à cran. «J'étais contente que tu reviennes, moi.» Noisette passe la porte. «Oh.. OH ! Toi tu m'as manqué, viens !» Et retourne d'où il venait.
«...»
«Eh bien, euh, Emy..» Il se met en tailleur. C'est vrai qu'il a pas été cool. «J'ai trouvé des choses sympa sur l'île, je me disais que je pourrais continuer ma route.. ?»
Ou plutôt, UNE chose sympa.
«Et puis, je suis pas encore au point sur mon dressage, et caetera..»
«Depuis quand tu t'inquiètes pour une fille, toi.»
Grosse pointe d'amertume. Mais elle a pas tort, même si le plus choquant dans tout ça, c'est qu'elle arrive à être aussi perspicace avec le peu d'information qu'il a donné. Non mais sérieux, elle a toujours été comme ça, et pourtant ça le choque encore d'entendre des remarques du genre. Comment elle fait ?
«Je vois pas de quoi tu parles.»
«Très bien, Nathaniel, alors jouons à ça. A tes risques et périls.»
C'est dit avec légèreté, mais en vrai c'est une énorme menace qui plane au-dessus de la tête de Nath. Quand Emy s'énerve et décide de jouer à la chieuse, ça dure généralement longtemps, et elle fait pas les choses à moitié.
«Ok, ok. Il y a bien une personne que je veux revoir, même si je sais pas trop pourquoi. Je suppose que je m'amuse bien quand je suis avec elle, plus que quand je suis tout seul.» C'est encore le noir total. «Et puis j'ai promis que je viendrai avec elle, mais il y a eu l'accident d'hier et tout, donc..»
«Ça m'énerve que tu t'intéresses à une autre fille que moi, mais soit.»
«Je me suis jamais intéressé à toi ?»
«Pardon ?»
«Non, rien !»
Coup de pression.
«Je disais, pour que toi tu tombes amoureux, c'est qu'elle doit avoir quelque chose de spécial. Ou peut-être qu'elle t'a drogué ? Menacé ? Est-ce que tu lui dois de l'argent ? Ça ne m'étonnerait pas, les femmes d'aujourd'hui sont vicieuses.»
Ça, pour sûr.
«Pff. Dis pas n'importe quoi. J'y connais rien et ça m'intrigue pas du tout.» Il fait une moue. «Je veux juste savoir pourquoi je m'intéresse autant à elle, comme ça c'est réglé. Tu me vois vraiment m'attacher à quelqu'un ? Genre, sérieusement ?»
«De base, non.» Mais bon.
Emy se tait. Après quelques petites secondes, elle lève la main.
«C'est bon, vas t-en. Tu verras bien. La maison est plus triste quand tu n'es pas là, mais très bien, je vais faire avec. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais une chance de te convaincre, hein ?»
«Hmpf.» Elle lui ébouriffe les cheveux.
«Tu vas me manquer. Mais on est tous passés par là, d'une manière ou d'une autre. J'espère juste que tu reviendras vite. Et que tu en profitera pour me présenter ta copine. Mia est censée rentrer dans dix minutes, d'ailleurs. Donc tu vas bientôt pouvoir partir la retrouver.»
«C'est pas ma copine.»
«Oui, oui. A plus !»
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