La menace fantôme [SOLO] 23/05

L'entraînement de Nidoqueen a été une sacrée écharde dans le pied mais, au bout de douze jours de terraformation intensive, j'ai constaté l'avant/après sans problème. J'ai trop longtemps négligé la forme de mon équipe alors que ma légitimité, ma protection, et celle de mes proches, se repose sur elle. Mais le colosse n'est à sortir qu'en des occasions dantesques ; lorsque la situation l'exige et n'est pas regardante sur les dégâts collatéraux ; lorsque tous les civils d'une lieue à la ronde sont en sureté.

Ectoplasma, lui, me correspond davantage. Il joue dans la finesse, attend patiemment une faille dans la garde de son ennemi pour s'y faufiler et le détruire de l'intérieur. Je me retrouve en lui. Et après ce que je vais lui apprendre, il se retrouvera en moi.

J'ai loué les locaux d'un club de boxe pour la semaine à partir de la fermeture, de vingt-trois heures à deux heures du matin. Ainsi nous ne serons pas dérangés.

La rue a aiguisé mes armes, certes, mais bien des opposants forgeaient les leurs dans ces pièces sentant la sueur et le renfermé. J'ai appris sur le tas un art martial semblable à celui de mes adversaires ; un style de combat déviant dont les racines s'amarrent à bien des codex, s'abreuvant du meilleur et ignorant le pire. Mais Ectoplasma a déjà trouvé sa propre voie que je ne pourrais jamais emprunter, tas de viande que je suis, alors il me faut le soutenir pour qu'il en devienne un maître.

— Plus haute, ta garde.

Ses poings brillent d'une lueur noire-violette, comme à son habitude. Un simple crochet pourrait percuter mon âme et brûler ma chair. Par chance, je ne suis pas un néophyte ; et c'est plus Ectoplasma qui devrait se plaindre de mes frappes que lui des miennes. Même si je ne peux le frapper, je sais que mes touches annihileront sa fierté.

Car nous sommes pareils.

— Droite-gauche, droite-gauche, gauche-droite-gauche.

Je dévie ses frappes, en bloque d'autres grâce à mes protections. Le spectre lévite autour de moi, danse avec mon ombre, me nargue en restant hors de portée de mes coups ; je maintiens notre distance de sécurité, prêt à bondir sur ma cible en un pas.

— Ok, tu affrontes un type Glace maintenant.

Ses poings s'habillent d'un halo de feu, illuminant jusqu'aux recoins les plus sombres de la salle. Mon corps réagit à son enchantement ; bien qu'à deux mètres, les flammes lèchent déjà ma peau, la rongent, et veulent la dévorer.

— Viens par-là. Pas de quartier.

Maître. Blesser.

— J'ai dit : pas de quartier.

Il hoche la tête, amplifie son attaque, fais taire son sourire. Seuls ses yeux me fixent. Un regard sérieux, dramatique, comme si le sort du monde reposait sur les épaules du fantôme. Un pressentiment me parcourt l'échine. Il se prend trop au sérieux.

Il fonce. Poing en avant.

Je recule, relève ma garde.

Il passe au travers. Se retourne. Me percute le dos.

Je hurle de douleur, m'écroule au sol. Les flammes grignotent mon tee-shirt, me raclent la peau. Je retire mon gant droit, rate, essaie encore, rate, arrache le Velcro avec les dents, coince mon poing entre mes cuisses, l'enlève in extremis, retire aussitôt mon haut en haillons. Je roule au sol pour éteindre des flammes déjà éteintes.

Maître. Mal. ?.

— N'abaisse pas ta garde !

Je pose mes phalanges nues sur le ring, me relève avec douleur.

Arrêter. ?.

— Non. Type Eau, maintenant.

Et après un court instant d'hésitation, ses poings commencent à crépiter d'énergie.

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