Keiko quitta Nox Illum avec un soulagement sincère. Depuis qu'elle était descendue de l'avion et qu'elle avait débarqué dans cette ville gigantesque et bondée, aux rues fourmillantes et labyrinthique, elle n'avait eu qu'une envie : partir. Pourquoi personne ne l'avait prévenu que la capitale de Mhyone était aussi vaste et peuplée ? Sans doute parce qu'elle n'avait posé la question, n'ayant prévenu personne qu'elle quittait Sinnoh. De toute façon, cette information n'aurait pas intéressé grand monde. Elle n'avait aucun ami, et plus de famille. Même durant ses années en pension, elle n'avait tissé de lien avec aucun de ses camarades de classe, bien trop renfermé sur elle-même. A l'adolescence, elle était devenue la source de nombreuses moqueries à cause de sa solitude, et cela ne l'avait pas vraiment à en sortir. Ce nouveau départ dans une région inconnue l'aiderait-il à rencontrer des gens ? Elle en doutait, et ce n'était absolument pas ses intentions.
La première chose que la jeune fille avait du faire en arrivant à Mhyone avait été de rejoindre un groupe sans le moindre intérêt, pour faire parti du Pokéweb, ou quelques inepties de ce genre. Keiko avait choisit celui qui semblait le plus se focaliser sur les combats et le moins sur les rapports sociaux et avait donc sélectionné le Sceau de l'Ossatueur. Tout cela n'avait que bien peu d'importance, elle n'avait pas l'intention d'entrer en interaction avec les membres de ce groupe. Elle l'avait juste intégré pour ne plus avoir cet insupportable message pop-up sur son téléphone, visiblement envoyé par le professeur de cette région. Keiko avait toujours cru que les hommes et les femmes de sciences étaient des gens sérieux, elle s'était visiblement trompée. Elle avait tâché de ne pas trop pensé à tout cela, et avait donc cherché le plus vite possible la sortie de la ville, se sentant oppressée par la foule qui l'entourait.
En quittant l'aéroport, elle avait cru pouvoir respirer, mais les choses s'étaient empirées. Les rues, tantôt large et déstabilisante, tantôt étroite et bondée, l'avaient transporté d'angoisse. Elle était habituée aux grandes villes, elle avait vécu à Unionpolis après tout, mais elle ne sortait pratiquement jamais de son minuscule appartement, sauf pour aller à son travail qui se situait deux rues plus loin. Elle n'était pas vraiment une amatrice de l'électricité ambiante des grandes villes. Elle parvint, après quelques tournants, le regard rivé au sol, à trouver la direction de la sortie et s'y engouffra, sans vraiment vérifier où cette route allait la mener. Cela lui importait peu, en vérité. Elle voulait juste échapper à tous ces gens qui manquaient de la bousculer à chaque pas. Une fois dehors, elle respira enfin et soupira. Keiko regarda autour d'elle, plutôt étonnée de trouver la nature aussi proche de Nox Illum, mais n'allait pas s'en plaindre.
La jeune fille fit sortir Bones de sa Pokeball et le laissa flotter tranquillement à côté d'elle. Comme toujours, son unique œil rouge était indéchiffrable, contemplant quelque chose invisible aux yeux de l'humaine. Elle leva les yeux, prête à se mettre en route - toujours sans savoir vers où elle se dirigeait - et croisa le regard d'un jeune homme qui se tenait un peu plus loi. Aussitôt, Keiko baissa les yeux, espérant que l'inconnu ne l'avait pas vu. Enfin, étant donner qu'il l'avait regardé, il l'avait probablement vu mais peut-être se contenterait-il de la laisser passer sans rien dire. On pouvait espérer...
Le pokétrek avait eu l’effet escompté. Malgré les difficultés rencontrés, et un peu provoquées aussi, nous nous étions tous considérablement améliorés en plus d’avoir soudé des liens plutôt forts. J’avais aussi pu constater à quel point certains dresseurs du seau étaient forts et, même si je m’en sortais plutôt pas mal pour l’instant, j’avais tout de même un monde à rattraper. Ça ne m’avait pas du tout découragé, bien au contraire, et j’attendais avec impatience de pouvoir me mesurer d’égal avec Bryn et Tim qui étaient tous les deux des dresseurs d’exception. Et puis, avoir une idée du chemin qu’il me restait à parcourir était plus que motivant pour quelqu’un comme moi qui n’aimait pas le moins du monde stagner. Après avoir récupéré quelques jours à Elerya en compagnie de certains membres du seau, j’avais décidé de refaire un saut à Nox pour poser quelques questions au professeur Acacia et, même si je la savais plutôt occupé, j’avais prévu de passer quelques jours dans la capitale.
J’avais donc franchi, non sans mal, une nouvelle fois la grotte du passage. Certes, j’aurais pu accélérer le mouvement en montant sur le dos de Nuts, mais je ne voulais pas non plus négliger les rencontres que je pourrais faire sur le chemin, pokémon ou dresseurs. Je n’étais pas pressé et je n’allais certainement pas commencer à négliger mes entrainements en choisissant la voie de la facilité. Pourtant, contrairement aux autres fois que je l’avais empruntée, la grotte était vraiment particulièrement calme. Une première. J’en avais vécu des aventures ici aussi, et elle rentrait facilement dans mon top 5 des endroits les plus dangereux de Mhyone. Surtout lorsqu’on était un nouveau dresseur et qu’on se perdait dans ses galeries. Revenir ici avait un côté un peu nostalgique, et je me perdais rapidement dans mes pensées en contemplant les différentes aspérités des murs rocheux. Il fallait que j’y revienne d’ailleurs, puisque certains des pokémons m’intéressaient pour pouvoir former mon équipe. Mais ça ne serait pas pour aujourd’hui. J’avais autre chose à faire et, surtout, je n’avais presque plus de pokéball.
Sans voir le temps passer, j’arrivais rapidement de l’autre côté de la grotte, me retrouvant sur la route 4 qui menait vers Nox Illium. J’étais un peu surpris du temps que j’avais mis à traverser, mais je n’y prêtais pas plus d’attention que ça, et je reprenais ma route, profitant de la légère brise qui manquait temps dans le passage rocheux. Je me perdis à nouveau dans mes pensées. Soudain, j’aperçu une silhouette en sens inverse. Bien qu’encapuchonnée, je parvins vite à deviner qu’il s’agissait d’une femme encapuchonnée. Elle paraissait un peu perdue, ou alors elle ne savait tout simplement pas où elle allait. Un skelenox semblait la suivre, là encore un pokémon originaire de ma région. Nous nous rapprochions inexorablement et, plus j’avançais, plus je me rendais compte qu’elle était aussi jeune que moi. Une jeune dresseuse qui venait d’arriver à Mhyone peut être ? Je choisissais alors de lui tendre la main comme on avait pu le faire pour moi à mon arrivée. Je la saluais, avec un grand sourire.
« Salut ! Dis, t’as l’air perdue, t’as besoin d’un coup d’main ? » Sur un air enjoué et motivé.
Le regard toujours rivé sur ses chaussures, la jeune fille avançait, essayant d'ignorer le garçon qui se dirigeait vers elle. Elle ne voulait pas parler, elle ne voulait pas devoir répondre à des questions, se présenter, ou d'autres trucs de ce style que les gens faisaient entre eux. Elle voulait juste qu'on lui fiche la paix et qu'on la laisse marcher tranquille. Certes, elle aurait pu demander aimablement son chemin à l'inconnu, mais elle préférait se débrouiller seule. Elle entendait cependant les bruits de pas du jeune homme et devinait aisément qu'il se dirigeait inexorablement vers elle, ce qui ne manquait pas de l'inquiéter. Alors qu'il se tenait à quelques centimètres seulement d'elle, Keiko espéra qu'il se contenterait de l'ignorer, mais il était trop tard pour prier.
Elle s'immobilisa, et jura en son fort intérieur. Elle n'aurait pas du s'arrêter. A Unionpolis, lorsque quelqu'un l'interpellait dans la rue, elle avançait, tête baissée et se fondait dans la masse. Mais ici, sur ce chemin qui quittait la ville et où débutait la campagne, il n'y avait aucune foule derrière laquelle se dissimuler. Elle pouvait bien sûre s'enfuir et se cacher derrière un arbre, mais elle risquait de passer pour une folle. Elle leva les yeux vers le garçon, et constata qu'il arborait un grand sourire. Il avait l'air un peu idiot, avec sa touffe de cheveux mauve en bataille sur sa tête. Il n'avait cependant pas l'air bien méchant. Elle pouvait peut-être l'ignorer, tout simplement, et poursuivre sa route ? Non, elle avait stoppée sa marche, c'était trop tard, elle devait donner une réponse. Cela faisait plusieurs secondes que le jeune homme avait posé sa question et que le silence régnait donc entre eux. C'était plutôt gênant, et bizarre. Ce constat fit réagir Keiko, qui baissa les yeux et marmonna :
- Non, c'est bon. Je me débrouille.
Ce n'était pas une manière très aimable de répondre, elle le savait bien. Que pouvait-elle dire de plus, de toute manière ? Le garçon avait voulu l'aider, et c'était gentil. Enfin, à moins qu'il n'ait fait cette proposition pour de mauvaises raisons. La jeune fille avait appris à se méfier, les gens n'étaient que très rarement bien intentionné. Constatant que le garçon n'avait pas bougé, et sachant qu'elle devait trouver un moyen de partir en restant correct, la demoiselle fit un geste du menton dans la direction opposée à la ville, et déclara assez sèchement :
- Je vais par là.
Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle allait atterrir, mais ce serait toujours mieux que cette horrible grande ville surpeuplée. Elle n'avait pas quitté Unionpolis pour retrouver une mégalopole polluée et bondée. Elle espérait seulement avoir été assez convaincante pour que le garçon lui fiche la paix.
Et bah, je devais bien avouer être surpris par la réticence de la jeune femme à ouvrir la bouche, et surtout par le ton sec qui en était sortir une fois qu’elle l’avait fait. Les gens que j’avais pu rencontrer à Mhyone avaient été plutôt sympathiques dans l’ensemble, et, même Artémis qui était un peu timide avait su se montrer loquace assez rapidement. En tout cas, aucuns d’entre eux ne m’avaient encore répondu sur ce ton. Ce n’était pas très agréable mais je m’en fichais un peu. La journée s’annonçait plutôt pas mal, et ce n’était pas ça qui allait me faire perdre le sourire. Je décidais de taquiner un petit peu le côté taciturne de la jeune femme qui avait quand même décidé de se rattraper – Mais vraiment juste un petit peu – En ne m’envoyant pas valser trop loin non plus.
« Par-là ? Hum… C’est assez vague… Tu veux te frotter au Mont Kaygon alors ? Ou à la grotte du passage peut-être… » Mes yeux tombèrent alors sur le petit pokémon spectre, caractéristique de la région d’où je venais. « Oh tiens, un Skelenox ! C’est un pokémon qui vient d’chez moi ça ! En tout cas, vous faites la paire, je dirais qu’il a le même petit air enjoué que toi. » Dis-je sur un ton assez amusé. Bien sûr, je me moquais un peu, mais c’était davantage pour détendre l’atmosphère que pour autre chose. Après, je n’allais certainement pas insister trop longtemps non plus, mais je devais bien avouer que la jeune femme m’intriguait un peu. J’étais assez curieux de savoir ce qu’elle venait faire à Mhyone. Elle n’avait pas vraiment l’air d’être une dresseuse, ni même – et surtout – de ne vouloir faire des concours, puisqu’elle s’efforçait de ne parler à personne. Un comportement finalement assez atypique pour la région. Atypique donc intéressant.
« Donc, t’es vraiment sûre de ne pas avoir besoin, juste, peut-être, d’un semblant de direction ? Disons que je m’en voudrais que tu te paumes même si t’as refusé mon aide. » lançais-je sur un ton toujours détaché et assez amusé. « Enfin, je ne vais pas insister des lustres non plus. Si t’as pas envie, t’as pas envie, c’est une question de prudence après. Bref, comme tu veux ! » J’attendais sa réponse. Si elle était toujours négative, je n’allais pas non plus passer la journée à la convaincre. Je ne la connaissais pas plus que ça et, même si j’étais curieux, je n’allais pas la forcer à parler.
Malgré son ton peu sympathique, Keiko constata que le garçon arborait toujours un vaste sourire. Que voulait-il à la fin ? Il n'allait tout de même pas resté planté là toute la journée ! C'était si difficile à comprendre "Je me débrouille" ? Était-il tombé sur un simple d'esprit ou un gros lourd ? Dans les deux cas, ce n'était pas à son avantage. Et dire qu'elle avait pensé pouvoir voyagé tranquille... Le jeune homme paraissait décidé à l'ennuyer, et commença à répondre, ne réalisant visiblement pas qu'elle voulait juste le silence :
Par-là ? Hum… C’est assez vague… Tu veux te frotter au Mont Kaygon alors ? Ou à la grotte du passage peut-être… Oh tiens, un Skelenox ! C’est un pokémon qui vient d’chez moi ça ! En tout cas, vous faites la paire, je dirais qu’il a le même petit air enjoué que toi.
La demoiselle plissa les yeux sans comprendre. Comment ça, un, un air enjoué ? Il avait du pétrole dans la rétine ou quoi ? Elle comprit alors qu'il s'agissait d'une boutade, et se renfrogna. Bones ne réagit pas, gardant son habituelle expression stoïque et impénétrable, à laquelle l'inconnu faisait visiblement référence. Keiko voulu lui envoyer une réplique cinglante en plein visage, mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. C'était tous le temps comme ça de toute façon. Lorsqu'on l'ennuyait, quand elle était au lycée, elle ne trouvait jamais la force de répondre, et se contentait d'encaisser sans rien dire, plongé dans son mutisme. L'arrogance insupportable qui se dégageait du garçon lui rappelait bien trop ses bourreaux, elle n'avait aucune envie de rester une minute de plus en sa compagnie. Elle allait partir lorsqu'il ajouta :
Donc, t’es vraiment sûre de ne pas avoir besoin, juste, peut-être, d’un semblant de direction ? Disons que je m’en voudrais que tu te paumes même si t’as refusé mon aide. Enfin, je ne vais pas insister des lustres non plus. Si t’as pas envie, t’as pas envie, c’est une question de prudence après. Bref, comme tu veux !
Bon sang, mais quel casse pied ! Cela ne lui suffisait pas de se moquer d'elle, il voulait en plus l'humilier en lui rappelant qu'elle était perdue ? Il ne pouvait pas juste lui ficher la paix ? Elle n'avait rien demandé elle ! Et puis, en quoi c'était son affaire ? Il ne la connaissait même pas. Depuis quand devait-on s'inquiéter du sort d'un parfait inconnu ? Keiko lui lança un regard mauvais, puis tourna la tête, l'enfonçant entre ses épaules comme pour se protéger d'une autre remarque moqueuse.
- Qu'est-ce que ça peut te faire que je me perde ? On se connait pas.
Le Skelenox sembla alors enfin réaliser qu'un autre être humain se tenait là, et se tourna vers lui, plongeant son œil unique dans son regard. Aucune émotion ne venait modifier le visage du spectre, impossible de deviner ce qu'il pensait. Keiko sentit la colère et la honte qu'elle avait ressentit s'évaporer doucement, remplacé par son indifférence habituelle. Son regard dirigé vers la route, elle ajouta, d'une voix lointaine :
- Je n'ai besoin de personne pour me protéger.
*Et surtout pas de toi.* Se retint-elle d'ajouter. Sa première rencontre à Mhyone se passait exactement comme elle s'y était attendue : très mal. Voilà pourquoi elle n'avait pas besoin des humains, ils étaient tous les mêmes. Elle pouvait très bien se débrouiller sans eux, et comptait bien le prouver.
Je perdis assez rapidement mon sourire. Décidément, pour une inconnue, elle était bien inamicale, et je n’en comprenais pas trop la raison. Bien sûr, certaines personnes étaient particulièrement associables, ou timides, mais rien ne justifiait particulièrement son comportement. J’avais juste proposé de l’aider à trouver son chemin, comme je l’aurais fait avec n’importe qui d’ailleurs. Alors certes, j’avais peut-être fait une plaisanterie un peu déplacée – surtout au vu de la mentalité de la jeune femme – mais je ne pensais pas mériter un tel « accueil ». Je fronçais les sourcils. Son attitude m’énervait profondément, et je n’allais pas me montrer patient éternellement avec elle, et je n’allais surement pas perdre mon temps moi non plus. Je répliquais donc sur un ton un peu plus dur.
« Bon, si tu veux pas de coup d’mains, je vais pas insister. Je te proposais un coup de patte au cas où, parce que c’est simplement quelque chose que j’ai l’habitude de faire, mais visiblement t’en as pas besoin. Et rassure-toi, j’comptais pas vraiment te protéger, et j’ai jamais dit que t’en avais besoin. J’doute que quiconque en ait envie d’ailleurs, t’es assez tranquille de ce côté-là t’en fais pas » Répliquais-je un peu plus sèchement, lui offrant un sourire ironique.
En fait, ce n’était pas totalement vrai, puisque je ne pouvais pas trop laisser quelqu’un se débrouiller s’il était dans le besoin. Mais j’en avais envie en tout cas. Elle avait une attitude vraiment détestable et j’exécrais ce genre de personnage. Je ne savais pas ce qu’elle avait vécu et je m’en fichais pas mal car, pour moi, rien ne pouvait justifier ce genre d’attitude. Je ne la saluais pas plus et la laissais poursuivre son chemin. Je laissais alors Nuts sortir de sa pokéball. J’étais passablement énervé, ce qui était plutôt rare venant de moi, et j’avais envie de prendre l’air. Sans plus de cérémonies, je montais sur le dos du pokémon dragon qui décolla dans la foulée. Non mais pour qui elle se prenait elle. Sérieux. Enfin, il fallait que je me change les idées. J’observais un peu autour de moi à mesure que le Libégon prenait de l’altitude. Le temps avait l’air de se gâter un peu, la pluie n’allait pas tarder à tomber. Nuts poussa un cri de protestation à cette idée. Il n’était pas vraiment habitué à ce genre de conditions météorologiques. Il ne fallut pas plus pour que je sente les premières gouttes de l’ondée à venir. Jurant dans ma barbe, je demandais à Nuts de diminuer son altitude pour ne pas se retrouver pris dans un éventuel orage. Certes, il ne sentirait même pas la foudre, mais tout de même. Je fus rapidement trempé par la pluie qui semblait s’intensifier, et la seule manière de s’abriter, ou du moins le seul endroit que je connaissais pour l’instant, c’était la grotte du passage.
Je devais bien avouer ne pas du tout avoir envie de revoir la jeune femme, même si elle semblait s’y diriger. J’espérais que la pluie l’ait forcée à s’arrêter sous un arbre, même si je ne pouvais m’empêcher d’en douter. Je fis atterrir Nuts devant l’entrée de la grotte, et nous rentrâmes rapidement à l’intérieur. Sans faire chaud, au moins il faisait plus ou moins sec. L’endroit pourtant un peu fréquenté était désert. Je m’assis donc contre la paroi, me plongeant dans mes pensées, attendant que la pluie ne cesse de tomber.
Le garçon n'eut pas vraiment l'air d'apprécier les réponses et l'attitude de Keiko. Il perdit son sourire et fronça les sourcils. Bien, elle avait réussi à l'énerver. Peut-être qu'il lui ficherait la paix, comme ça. La jeune fille détourna le regard, devinant aisément ce qui allait suivre. Ce genre de scène était son quotidien quand elle était à Sinnoh.
- Bon, si tu veux pas de coup d’mains, je vais pas insister. Je te proposais un coup de patte au cas où, parce que c’est simplement quelque chose que j’ai l’habitude de faire, mais visiblement t’en as pas besoin. Et rassure-toi, j’comptais pas vraiment te protéger, et j’ai jamais dit que t’en avais besoin. J’doute que quiconque en ait envie d’ailleurs, t’es assez tranquille de ce côté-là t’en fais pas
Il s'en alla, après lui avoir offert un sourire mauvais. La demoiselle réalisa qu'elle avait fermé ses poings, et qu'ils tremblaient. Le visage impénétrable, seule cette réaction de son corps trahissait que les mots du jeune homme l'avaient ébranlé. Elle ne pouvait dire si elle était peinée ou en colère, un mélange des deux probablement. Pourtant, elle avait l'habitude, elle avait encaissé des remarques bien plus cruelles de la part de ses camarades au collège et au lycée. Elle tâcha d'ignorer ces émotions qui bouillonnaient en elle, et continua d'avancer, le visage fermé, les yeux rivés au sol. Tout cela n'avait aucune importance. Ce type n'avait aucune importance. Elle se fichait bien de ce qu'il pensait. Oui, bien sûr que personne ne voudrait la protéger. Ses parents étaient morts, elle n'avait aucune famille, aucun ami, et n'en voulait pas. Keiko se répéta ces mots durs comme si elle tentait de s'enfoncer un clou dans le crâne, tout en poursuivant sa marche.
La demoiselle entendit le bruit d'une Pokeball qui s'ouvre, puis, quelques secondes plus tard, des battements d'aile. Le jeune homme avait visiblement choisit de s'envoler loin d'elle. Tant mieux. Tandis qu'elle avançait, Keiko songeait à ce qu'elle aurait pu lui répondre, pour lui clouer le bec. Cet exercice était cependant bien inutile. A chaque fois elle regrettait de ne pas s'être mieux défendu, de ne pas avoir trouvé les bons mots pour s'exprimer. Elle n'était juste pas faite pour parler avec d'autres humains. Elle priait à présent pour ne plus jamais croisé ce garçon. Elle avait reprit sa route depuis peu lorsque le ciel se couvrit. Elle sentit bien vite les premières gouttes tomber, et poussa un petit grognement.
- Mmph. Mettons nous à l'abri.
Bones, qui la suivait toujours de toute manière, approuva d'un hochement de tête. La jeune fille accéléra donc l'allure, et aperçu bien vite une grotte, un peu plus loin. Ah, parfait ! Elle marcha d'un bon rythme et arriva rapidement à l'entrée, déjà trempée. Le climat était vraiment étrange par ici ! Il faisait un grand soleil un peu plus tôt, et voilà qu'un orage s'annonçait. En se plongeant dans l'obscurité de la caverne, Keiko entendit le bruit assourdissant d'un éclair. Elle avait l'impression que le ciel s'était déchiré, et sursauta, comme se rappelant une vieille peur enfantine. Elle se détourna de la sortie et regarda autour d'elle. Elle se pensait seule, mais entendit alors une respiration, et se tendit. Elle cligna des yeux, laissant ses prunelles s'habituer à la pénombre, et retint un juron. Pas lui ?! Pourtant si. C'était bien le garçon aux cheveux violets. Arceus avait-il une dent contre elle ?
Keiko s'immobilisa, les bras ballant, le dévisageant sans savoir comment agir. Ils venaient de se quitter en assez mauvais terme, et voilà qu'ils étaient coincés dans une grotte, seuls. Était-il de nature violente ? Allait-il s'en prendre à elle pour se venger ? Et s'il était un dangereux psychopathe qui s'attaquait aux jeunes filles ? Sentant que la paranoïa prenait le dessus, la demoiselle se força à se détendre. S'il essayait de la blesser, elle se défendrait, voilà tout. Elle remarqua qu'un gros Pokémon se tenait à ses côtés, visiblement à l'étroit dans la grotte. Sans doute celui sur lequel il s'était envolé un peu plus tôt. Il avait l'air évolué, et très puissant, mieux valait éviter la confrontation. La jeune fille s'appuya elle aussi contre la parois, le plus loin possible du jeune homme. Sans trop savoir pourquoi, elle murmura :
- Il pleut, alors je suis venue là. Je ne te suivais pas.
Pourquoi s'était-elle sentie obligé de se justifier ? Il pouvait bien penser ce qu'il voulait, elle s'en fichait bien. Elle espérait qu'il allait garder le silence, et qu'il ne se moquerait pas encore d'elle. La pluie pouvait durer encore longtemps, elle n'avait pas échappatoire. Enfin si, elle pouvait toujours retourner sous l'orage. Si jamais les choses tournaient mal, elle devrait bien s'y résoudre.
La grotte que nous avions trouvée, Nuts et moi, était plutôt petite mais, au moins, il y faisait un peu sec. Le sol était fait de terre meuble ce qui le rendait presque confortable. Aussitôt que nous fûmes à l’abris, le Libégon s’enroula sur lui-même, tâchant de trouver une position confortable. Dehors, l’averse faisait rage, et ne semblait pas baisser en intensité pour le moment. Dans une période comme cella là, quand il pleuvait, il pleuvait sérieusement, et parfois un long moment. Je soupirais, avant de me laisser tomber au côté de mon pokémon qui mit aussitôt sa tête sur mon ventre. Je m’allongeais donc également, à moitié, profitant du moment de fraicheur pour me reposer un peu, sans forcément dormir, juste en fermant les yeux.
J’entendis alors, dehors, les pas d’une personne qui se rapprochait rapidement. Elle avait sans doute elle aussi eut envie de se protéger de l’ondée dont l’intensité croissait de minute en minute. Un choix plutôt logique et judicieux, que je pouvais déplorer un peu. J’étais bien installé, et la rencontre avec l’exécrable jeune femme avait eu le don de me mettre en colère. Enfin, je n’étais pas non plus au summum de l’énervement, sinon les choses se seraient probablement passées autrement, mais je n’avais pas vraiment envie de faire la conversation à un nouveau protagoniste si l’occasion devait se présenter. Je secouais la tête. Il ne fallait pas non plus que je laisse cet évènement m’ôter ma bonne humeur. Ce serait lui accorder trop d’importance. Sans forcément bouger, je jeter un coup d’œil à la silhouette trempée qui tentait de s’abritait avec hâte dans l’abris de fortune où nous avions élu domicile. Je mis un petit moment à la reconnaitre, car elle portait une capuche, mais il ne fallut pas trop longtemps non plus pour que je ne me rende compte de ma malchance. Sans dire un mot, je détournais les yeux avec un petit soupir, la laissant bien évidemment s’installer. Elle avait beau être détestable, je n’allais pas non plus la forcer à rester sous l’orage. Elle le méritait mais je n’étais pas comme ça.
Curieusement, ce fut même elle qui prit la parole la première. Seul Nuts semblait lui porter de l’attention, la toisant du regard avec un air de défi, la tête toujours posée sur mon ventre. Je prêtais alors attention à ce qu’elle avait à dire et, comme je l’avais deviné, ce fut plutôt court et expéditif. Je n’étais pas vraiment d’humeur à lui faire une blague comme précédemment, alors je me contentais de hausser les épaules avant de lui répondre.
« Tu fais ce que tu veux. Tu peux rester là le temps que la pluie s’arrête, ça me dérange pas. Et t’es pas obligée non plus de prendre cette attitude d’animal blessé et méfiant. Je vais rien te faire. » lançais-je sur un ton neutre avant de fermer à nouveau les yeux.
Le moment était assez étrange, et seul le bruit de la pluie venait briser le silence. C’était assez reposant et apaisant d’ailleurs. Un moment qui semblait être hors du temps. Seul Nuts gardait ses yeux rivés sur la jeune femme. Il la dévisageait, ou plutôt il la surveillait. Au bout d’un moment, il ferma les yeux et s’en détourna à son tour, se reposant bien installé au fond de la grotte de fortune dans laquelle nous avions pris place.
Le garçon l'avait visiblement reconnu, mais ne daigna pas tourner la tête vers elle. Bon, au moins il n'était pas du genre insistant, c'était déjà ça. Le Pokémon qui était à ses côtés lui jeta cependant un coup d’œil mauvais, ce qui fit tressaillir la jeune fille. Bones ne pourrait pas faire grand chose pour la protéger contre ce dragon s'il décidait de l'attaquer. Keiko coula un regard vers l'extérieur. L'orage lui paraissait tout à coup bien plus accueillant que cette grotte...
- Tu fais ce que tu veux. Tu peux rester là le temps que la pluie s’arrête, ça me dérange pas. Et t’es pas obligée non plus de prendre cette attitude d’animal blessé et méfiant. Je vais rien te faire.
La demoiselle se rendit alors compte que tous ses muscles étaient bandés. Ses poings étaient serrés, ses lèvres crispés, même son postérieur était tendus. Elle s'obligea à se relaxer, en prenant une grande bouffée d'air. Elle devait davantage ressembler à un Chaffreux sur le point d'attaquer qu'à une jeune fille. Elle s'appuya davantage contre la parois, et se concentra sur le bruit de la pluie pour calmer les battements nerveux de son cœur. Elle fut tenter d'attraper les écouteurs qu'elle gardait dans son sac et de se mettre un peu de musique, mais elle n'osait pas bouger, de peur d'attirer l'attention du dragon. Tant pis, la pluie suffirait. Skelenox fixait toujours le Pokémon du garçon, son habituelle expression indéchiffrable brillant dans son œil rouge. Il finit par se détourner, préférant observant la grotte que le dragon. Keiko espérait que le fantôme n'allait rien faire d'idiot, comme tenter d'effrayer le jeune homme. Parfois Bones agissait étrangement, sans de réelles explications.
Le Spectre ignorait cependant superbement le garçon, davantage concentré sur son environnement. La demoiselle le regardait en coin, le surveillant sans en avoir trop l'air. Ses prunelles passaient de son Pokémon au dragon tandis qu'elle s'était un peu détendue. Elle avait moins l'air de vouloir foutre des coups de poings à quiconque s'adresserait à elle. Mais alors qu'elle commençait à s'apaiser, Bones décida qu'il était temps d'explorer cette grotte. Sans doute s'ennuyait-il à rester sans bouger ici, car il commença à se diriger vers le fond de la caverne. Keiko se redressa d'un bond en grommelant :
- Bones, reste ici bon sang !
Le fantôme s'immobilisa mais pas vraiment pour obéir à sa dresseuse. Il semblait plutôt avoir vu quelque chose. Il grinça, comme pour alerter la jeune fille et l'inciter à reculer. Keiko plissa les yeux, sans comprendre ce que son Pokémon voulait, et aperçu une silhouette qui se dessinait dans l'obscurité. Un humain ? La demoiselle se rendit vite compte qu'elle se trompait. La chose mesurait plus de deux mètres et avait de larges épaules. Des motifs en spirales de couleur jaune se détachait de son corps bleuté. Un Pokémon ? Keiko ne le connaissait pas, mais elle ne pouvait faire erreur cette fois. Elle recula, se demandant si l'espèce de golem souhaitait les attaquer.
Je finis par totalement me détacher de la jeune femme et de ce qu’elle pouvait bien vouloir faire. De toute façon, nous étions bloqués ici et, à part si elle voulait braver la tempête, elle n’avait pas vraiment d’autre issue. Je pouvais toutefois sentir sa tension, même si elle n’avait vraiment aucune raison de s’inquiéter. Je n’allais pas la manger finalement, et ce n’était pas parce que nous ne nous entendions pas que j’allais m’attaquer à elle. Dans tous les cas, je ne pus m’empêcher de fermer les yeux. Au moins elle était silencieuse, et le bruit de la pluie avait quelque chose de vraiment apaisant. Je tâchais donc d’oublier sa présence, purement et simplement, pour me reposer. Nous avions encore du chemin avec Nuts finalement.
Seulement, au bout d’un moment, j’ouvris un œil en voyant une ombre passer devant moi. Le Skelenox qui semblait s’appeler Bones – aux dires de la jeune femme – avait décidé d’explorer le reste de la grotte, probablement à cause de l’ennui. Elle ne semblait pas vraiment d’accord avec la décision de son pokémon, aussi elle brisait le silence avant de partir à sa poursuite. Elle n’était pas bien loin quand je la vis se figer tout à coup. Prudent, je me redressais alors, en ouvrant les yeux et en réveillant Nuts. La jeune femme semblait être tombée sur un pokémon plutôt massif, que j’essayais d’identifier en plissant mes yeux, qui commençaient à peine à s’habituer à l’obscurité. Fort heureusement, le pokémon en question était facilement reconnaissable. Un golemastoc. J’avais entendu parler du fait qu’il y en avait effectivement dans les grottes qui bordaient la route 4 et dans la grotte du passage. Il n’y avait pas vraiment à s’inquiéter, ce n’était pas un pokémon très agressif. A y repenser, c’était presque un des compagnons que je voulais intégrer à mon équipe. Sans forcément le lever, je lançais d’une voix calme, la tête de Nuts toujours couchée sur mon ventre.
« Si tu ne l’attaques pas, il ne le fera pas non plus. Ce ne sont pas des pokémons réputés pour leur agressivité, donc évites de l’énerver. J’ai pas vraiment envie de l’affronter comme ça gratuitement alors qu’on peut l’éviter. » Dis-je sur une voix neutre. Je n’étais pas accusateur envers la jeune femme, mais il était inutile d’affronter ce golemastoc si ce n’était pas lui qui nous attaquait en premier. C’était un pokémon particulièrement bienveillant envers ses congénères et les humains, et, même si je pouvais le vaincre, je n’avais aucune envie de blesser des pokémons plus que de raison.
Immobile face au géant bleue, Keiko essayait d'évaluer ses chances de s'en sortir. Elle essayait de ne pas se faire dominer par la panique et de garder la tête froide, mais cet exercice n'était pas aisée. La demoiselle se força à respirer lentement et évita les mouvements brusques, qui avaient tendance à énerver les Pokémons. Elle recula doucement, mains devant elle en signe de paix, tout en gardant un œil sur Bones. Si ce dernier se mettait en tête d'attaquer, ils seraient dans une situation très problématique. La jeune fille sursauta en entendant une voix masculine derrière elle. Elle avait quasiment oublié la présence du garçon !
- Si tu ne l’attaques pas, il ne le fera pas non plus. Ce ne sont pas des pokémons réputés pour leur agressivité, donc évites de l’énerver. J’ai pas vraiment envie de l’affronter comme ça gratuitement alors qu’on peut l’éviter.
La demoiselle fronça les sourcils, appréciant assez peu le ton condescendent de son interlocuteur. Avait-il besoin de rappeler que son Pokémon était le plus puissant ? Keiko leva les yeux au ciel. Ce que les hommes pouvaient être orgueilleux ! Il n'avait pas parlé pour la rassurer, juste pour lui dire qu'il pouvait vaincre ce Pokémon s'il le voulait, mais qu'il n'en avait pas envie, car il était ô combien gentil. Ridicule ! La jeune fille se garda de tout commentaire, mais son agacement se lisait sur son visage. Décidément, elle appréciait de moins en moins ce type, et cela semblait réciproque. Elle décida de l'ignorer, et reporta son attention sur le golem. Il avait avancé lui aussi, d'un pas lent et un peu mécanique, qui intrigua Keiko. Quelle étrange créature ! La demoiselle recula encore, se retrouvant à hauteur du dragon et de son possesseur, qu'elle tâchait toujours d'ignorer. S'il se permettait encore un commentaire, elle risque de perdre patience.
La jeune fille s'immobilisa finalement, et laissa le Pokémon observer les alentours, visiblement plus curieux qu'agressif. Keiko devait bien l'admettre, le garçon avait eu raison sur ce point. Bones se plaça à hauteur de sa tête, et grinça des paroles incompréhensibles pour les humains, mais que le golem semblait parfaitement entendre. Il lui répondit dans un langage tout aussi énigmatique, dans un calme parfait. La demoiselle pencha la tête sur le côté, se demandant bien de quoi les deux créatures pouvaient bien parler. Le Skenelox désigna alors le fond de la grotte, soudain plus excité. Son interlocuteur haussa les épaules et répondit brièvement. Les deux se tournèrent alors vers les profondeurs et s'immobilisèrent, comme s'ils attendaient quelque chose.
- Qu'est-ce que...? souffla Keiko.
Elle fut interrompu par un tremblement qui ébranla la caverne, mais qui ne sembla pas surprendre les deux spectres. Quelque chose approchait, et ils l'avaient visiblement prévu. La jeune fille ouvrit de grands yeux, espérant qu'aucun danger ne se dirigeaient vers eux.
Visiblement, ma tirade avait encore davantage énervé la jeune femme si peu sociable. Pourtant, je n’avais pas vraiment fait ça dans ce but, même si, je devais l’avouer, la rassurer m’était totalement égal. Si elle avait semblé oublier ma présence quelques instants, là, j’étais bel et bien revenu dans ses pensées. Et ce n’était pas vraiment ce que j’avais souhaité. Non, ce que je voulais, c’était simplement qu’elle ne se mette pas à attaquer le gros pokémon sans raison. Je ne connaissais pas vraiment la puissance de la dresseuse ni même si elle avait d’autres pokémons à sa disposition, et je ne voulais pas risquer qu’elle puisse réellement prendre la situation comme un affrontement nécessaire entre elle et le Golemastoc.
Ce dernier observait d’ailleurs une attitude plutôt curieuse, se contentant de converser avec le Skélénox de la jeune femme. Je ne ressentais vraiment aucune animosité entre les deux pokémons ce qui me rassura. Visiblement, et même si sa dresseuse n’avait pas compris le message, il ne se sentait pas vraiment agressé par le puissant pokémon sol et spectre qui se tenait devant lui. Ce dernier nous observa d’ailleurs à notre tour, s’attardant sur le Libégon. Il devait peut être pressentir qu’il s’agissait d’un pokémon plutôt fort par nature mais, voyant que Nuts s’était littéralement assoupi, il ne s’en occupa rapidement plus le moins du monde. L’endroit redevenait alors un peu plus calme, si l’on faisait abstraction des gargouillements gutturaux des deux pokémons spectre qui paraissaient converser.
Soudain, les deux protagonistes se tournèrent vers le fond de la grotte, l’observant avec un soupçon de curiosité et de méfiance. Quelques instants après, la grotte se mit à trembler. Des bouts de pierres se détachaient des parois à cause des secousses, comme si notre abri menaçait de s’écrouler. Le Golemastoc prit la fuite, disparaissant dans les méandres des souterrains, nous laissant à nouveau tous seuls. Alors que je me relevais, me préparant à quitter la grotte, les secousses s’arrêtèrent. Le temps était toujours aussi mauvais et un orage puissant avait éclaté. Nous étions presque dans le noir, et nous ne distinguions alors pas loin devant nous. Une sorte de souffle rauque se fit entendre au fond de la grotte, qui nous était désormais impossible de distinguer. Un long silence s’installa alors. Je sentais une menace poindre, sans vraiment la connaitre. Nuts grognait en direction du bruit. J’allais suggérer de sortir de la grotte, mais un éclair me permis de voir de manière très courte ce qui émettait le grondement. J’écarquillais les yeux, et, avant que j’ai eu le temps de faire quoi que ce soit, un puissant rugissement se fit entendre. La forme venait vers nous et, par réflexe, j’entrainais la jeune femme dehors avant de me retourner. Un steelix dont la tête mesurait déjà deux bon mètres et demi était sorti de là où nous nous trouvions, et il nous toisait à présent de toute sa hauteur.