Edgar Wynne + Ce qui est mort ne saurait mourir (terminée)

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » Qu'elles soient riches ou pauvres, cette phrase ferait sourire plus d'une personne. Aujourd'hui, seuls les plus sots d'entre nous pensent que cette règle fondamentale régit encore nos sociétés actuelles. Edgar lui, dès son plus jeune âge, savait déjà que tous ces beaux discours sur la liberté et l'égalité étaient des conneries. En effet, il n'eut pas la chance de vivre dans les mêmes conditions que les autres gamins de son âge. Élevé par une mère dépressive qui devait supporter l'absence de son défunt mari, il a passé toute son enfance logé dans un taudis, au milieu d'autre taudis, dans une banlieue mal famée de la périphérie de Céladopole. Dans la « Zone » (surnom que les habitants du coin attribuaient à cette vaste zone urbaine délabrée), c'était s'imposer ou être dominé ; seul le droit du plus fort était légitime. Or, Edgar ne s'était jamais distingué par sa taille ou sa masse, et à défaut d'avoir le physique nécessaire pour survivre au milieu de tous ces truands en force, il avait appris à se servir de sa tête. Il n'était pas un génie, mais il était assez malin pour toujours réussir à se sortir de n'importe quelle situation. Les mots étaient pour lui des armes bien meilleures que les poings et les couteaux, ses nombreuses lectures ayant affiné ses discours. Ainsi, il réussit à survivre sans grand problème dans cette jungle de béton et il parvint même à se faire un nom.

Lorsqu'on rencontre Edgar, on se demande souvent comment un homme aussi jeune a pu perdre son œil droit. Lui-même a du mal à en parler. Non pas par gêne (il s'est bien trop habitué à ce cache-œil, devenu partie intégrante de son être), mais parce que ça fait ressurgir en lui des souvenirs douloureux. Il n'osera jamais vous en parler, à moins que vous soyez très proches, mais il faut savoir que l'incident est plus récent qu'on ne le pense. Ça s'est passé quelques jours avant son dix-huitième anniversaire alors qu'il faisait une course pour un de ses voisins. Lorsque vous avez une mère qui n'a jamais travaillé et que vous devez tout de même manger à la fin du mois, vous vous débrouillez comme vous pouvez. Edgar lui, il rendait service. Il se s'intéressait jamais à la légalité de la charge qui lui était attribuée, mais simplement à l'argent que ça lui apporterait. Il savait donc que plus la récompense était importante plus la mission était laborieuse et/ou dangereuse. Il lui arrivait donc parfois de s'absenter plusieurs jours de chez lui, juste pour remettre un colis, quelques villes plus loin. Il ne pouvait pas prendre le bus, c'était bien trop risqué et il ne pouvait malheureusement pas se permettre financièrement un vélo. Ainsi, il faisait la plupart de ses trajets à pieds, les mains dans les poches et les souliers usés. Or un jour, celui qui devint certainement l'un des plus importants de sa vie, il tomba sur un petit Ténéfix épuisé et pourchassé par une horde de Roucoups enragés. Ces derniers avaient du mal à le toucher, notamment à cause de leurs types, mais le pauvre pokémon commençait à s'épuiser. Edgar ressentit immédiatement de la pitié pour ce petit démon qui avait certainement dû leur dérober un œuf ; comme lui, il était prêt à tout pour survivre. Le jeune homme eut donc la folie de s'élancer à la rescousse du voleur, armé seulement de ses poings. Il passa un sale quart d'heure et vous anticipez certainement le dénouement.. Il y perdit un œil mais gagna un ami. Toutefois, l'euphorie de cette nouvelle rencontre fut éphémère : lorsqu'il sortit de l'hôpital et qu'il rentra enfin chez lui, il apprit que sa mère était morte pendant son voyage.

Edgar ne voyait plus (au sens propre comme au sens figuré) de raisons pour rester dans la Zone. Le seul fait d'habiter toujours dans le petit appartement qu'il occupait encore il y a quelques semaines avec sa mère était pour lui une véritable souffrance. Elle n'avait jamais été vraiment là pour lui, mais merde, c'était sa mère quoi ! Elle restait la femme qui l'avait mis au monde et si il pouvait encore respirer aujourd'hui, c'était bien parce que sa mère s'était un minimum occupée de lui pendant son enfance. Maintenant qu'il avait un compagnon de voyage, il pouvait s'en aller, voyager, se sortir de la merde dans laquelle il avait grandi et peut-être, il l'espérait, conquérir le monde. Mhyone allait être la première étape de sa grande quête.