Un rapport difficile ! [Rencontre PNJ]

L’équipe de Kat croulait littéralement sous la paperasse depuis quelques jours. Il fallait dire que tant de choses se bousculaient qu’il en devenait presque difficile de tout gérer sans commettre d’impairs. Pourtant, la femme au tempérament bien trempé dirigeait ses équipes d’une main de maitre, parvenant même à motiver les plus fainéants d’entre eux. Elle était crainte, mais surtout très respectée et incontestablement la meilleure dans son domaine. Son assistante, Mathilde, la suivait généralement partout les bras chargés de dossiers en cours, sa responsable ne lui laissant littéralement aucun répit.

Cette ambiance, Kat Olga l’adorait. Elle était bien trop méticuleuse et calme pour se laisser gagner par la panique, et se métier était fait pour elle. Soucieuse de se concentrer sur ce qui était réellement important, et de ne pas se laisser distraire par des broutilles de seconde zone, elle avait temporairement réorganisé son secteur en nommant quelques responsables capables de gérer les affaires les moins sensibles. Ainsi, si le commissariat fourmillait d’activité, l’œil attentif d’un observateur pouvait constater que chacun des déplacements, chacune des réunions et chacune des actions des différentes équipes étaient parfaitement orchestrées et organisées.

Kat aurait dont dû être satisfaite que toute son organisation fonctionne comme elle l’entendait, pourtant, la commissaire était de mauvaise humeur. Et ce n’était pas les concessions qu’elle avait dû faire à elle-même – à savoir, déléguer des responsabilités et arrêter de suivre quelques affaires en cours – qui la mettaient tant en colère. Non, c’était actuellement tout autre chose. Elle suivait en exclusivité les dossiers concernant le groupe Zygarde et la nouvelle société Olympe. L’agent Jenny était déjà sur le premier sujet, travaillant de concert avec les ninjas de l’île, mais c’était un autre agent qui s’occupait du deuxième dossier. Ash Lennart. Un agent assez jeune, mais dont elle n’avait jamais eu à se plaindre. C’était sans doute pour cette raison qu’elle lui avait confié le dossier et l’enquête de terrain. Mais ses rapports étaient, de manière assez incompréhensible, devenus brouillons, voir bâclés, ou dénués d’intérêts. Des lignes vides sans réelles informations utiles, et cette stagnation commençait à réellement exaspérer la commissaire, qui attendait impatiemment le retour du blondinet pour avoir ses explications.

Lorsqu’elle eut vent du retour du jeune homme au commissariat de Nox Illum, son calme sembla se volatiliser et, alors qu’il saluait ses collègues, Kat Olga se leva rapidement de sa chaise avant d’ouvrir la porte de son propre bureau avec fracas. La malchanceuse Mathilde, qui passait par là avec tous ses dossiers, poussa un cri de surprise en lâchant la pile de document qui s’écrasa alors au sol. Mais Kat ne semblait focalisée que sur le blondinet.

« LENNART ! DANS MON BUREAU ! » Tonna-t-elle, les mains sur les hanches.

Elle attendit en tapant du pied que le jeune homme ne veuille bien s’assoir à la chaise située en face de la sienne, avant de refermer la porte derrière elle. Elle sorti alors les rapports qu’il lui avait envoyé ces derniers jours d’un tiroir, avant de les poser sur le bureau et de les tourner vers lui.

« Agent Lennart. Vous avez des états de service exemplaires, aussi, je suis surprise de voir que vous négligez un dossier aussi important que celui du groupe Olympe. Je vais être claire. Je ne veux pas à nouveau vivre l’épisode d’Anima et je suis sûre que vous non plus. Et je ne suis pas dupe. Je sais que vous êtes assez malin pour deviner que vous jouez votre carrière sur cette affaire, et je ne peux pas croire que vous m’auriez adressé des rapports aussi baclés sans me cacher quelque chose. » Son ton était froid, méthodique, et son regard ne lâchait pas celui du blondinet. Elle souffla un instant, tâchant d’évacuer son léger énervement.

« Alors, dites-moi, agent Lennart. Qu’est-ce qui justifie de pareils brouillons ? » Lança-t-elle, pointant du doigt la pile de rapports.

Kat Olga avait beau être particulièrement respectée dans le commissariat, elle savait qu’elle n’était pas non plus irréprochable. Ses colères étaient rares, mais la plupart étaient justifiées et parfaitement juste envers ses éventuels détracteurs. En entendant la réponse d’Ash, elle comprit que, cette fois, elle était sans doute allée trop loin et qu’elle s’était anormalement emportée contre son agent. La situation du commissariat et tout ce qui s’ensuivait était complexe à gérer, même pour elle, et le blondinet n’avait été qu’injustement son exutoire. En un sens, il avait parfaitement raison d’être en colère contre elle, lui aussi. Le ton qu’elle avait utilisé pour s’adresser à lui était inapproprié, et, même si la réponse d’Ash l’était tout autant, surtout envers une supérieure hiérarchique, elle se savait la principale fautive. La commissaire poussa un long soupir, passant la main sur son visage pour reprendre ses esprits avant de remettre en place une mèche de ses cheveux, reprenant alors sur un ton plus calme.

« Ecoutez Ash, je suis désolée. Mes accusations étaient inappropriées, mais vous devez comprendre que la situation est tendue ici, autant qu’elle l’est sur le terrain. Mes supérieurs et le gouvernement m’appellent chaque jour pour que je leur rende des comptes sur cette enquête capitale, et nous n’arrivons à rien pour l’instant. » Elle s’interrompit un instant, avant de plonger son regard dans celui du blondinet. « Mais je me suis emportée, vous n’y êtes pour rien. Vous avez d’excellents états de service, aussi, j’en ai sans doute attendu trop de vous sans vous apporter de réel support. J’aurais dû me douter que la fondation Olympe protégerait ses secrets avec une vigilance accrue, et j’aurais dû vous allouer des ressources supplémentaires au lieu de simplement vous laisser vous débrouiller. »

Elle marqua une courte pause après son mea culpa. Le gouvernement serait sans doute disposé à lui fournir une aide et une couverture particulière si elle le demandait, puisque l’enquête semblait revêtir à leurs yeux une importance toute particulière. Il était également tant qu’ils s’impliquent un minimum. Elle revint alors vers Ash, beaucoup plus calme et professionnelle, ce qui contrastait avec sa première réaction.

« Je vais demander une couverture plus solide auprès de mes supérieurs, pour vous aider à intégrer Olympe. Je suis sûre que nous sommes capables de vous intégrer dans la fondation incognito, pour peu que nous puissions avoir les ressources nécessaires. Vous devez comprendre que cette enquête est absolument primordiale pour les forces de l’ordre et le gouvernement. Puisque je vous ai personnellement recommandé pour remplir cette mission, vous comprenez que je joue autant ma carrière que vous sur ce coup, agent Lennart. »

Kat Olga tiqua légèrement sur le ton de son subordonné, mais, exceptionnellement, décida de ne pas réagir. Elle avait été la première à ouvrir les hostilités, surement à tort, et tant qu’Ash ne dépasserait pas les bornes, elle saurait l’endurer. Surtout que celui-ci était sur le point de lui révéler une information surement cruciale pour le reste de l’enquête. Le jeune homme avait donc visiblement plus avancé qu’il ne l’avait laissé croire dans ses rapports, et, pour le moment, c’était pour la policière loin d’être une mauvaise nouvelle. Le nom d’Akane Wise était loin de lui être totalement inconnu, puisqu’elle faisait partie du comité directeur de la société sur laquelle elle enquêtait, et qu’Ash avait effectivement été chargé de chercher une porte d’entrée ou des informations de ce côté-là. Méthodique, la commissaire sortit alors rapidement le dossier de la jeune femme et le posa sur sa table. Malgré son jeune âge, et l’absence d’un quelconque casier judiciaire, l’admin avait rapidement été placée sous surveillance.

Cependant, Kat Olga déchanta bien vite en entendant le discours de son agent. Effectivement, elle comprenait désormais mieux la problématique, et cette dernière tombait au plus mauvais des moments. Déjà parce que la découverte de cette relation entre leur cible et un dresseur sur lequel les forces de polices avaient déjà enquêté empêchait tout rapprochement ou toute infiltration venant de Ash dans la société qu’il visait, et ensuite parce que le personnel se faisait rare, surtout le personnel compétent. Tous les agents de terrain étaient d’ores et déjà mobilisés et il n’allait pas être facile de le remplacer. La commissaire considérait cette fois le problème du point de vue des ressources et non d’un point de vue humain. Loin d’être totalement insensible aux sentiments des hommes et femmes qui travaillaient sous son commandement, elle se devait de résoudre les situations qui se présentaient à elle avec le plus grand des sang-froid, et seulement avec les informations qui lui étaient nécessaires. Elle soupira, avant de répondre.

« Je comprends mieux. » Commença-t-elle simplement. « Dans ce cas il vaut effectivement mieux que je réattribue cette mission à quelqu’un d’autre. Ça risque de me prendre plus de temps que prévu, et je vous tiendrais rapidement au courant de votre nouvelle affectation. » Lança-t-elle, tout en rangeant le dossier de l’admin à sa place.

Tout en parlant, la commissaire avait continué de réfléchir. La situation devenait de plus en plus délicate, même avec les moyens que le gouvernement s’était engagé à fournir. Après tout, pour l’instant, ils n’avaient pas l’ombre d’une piste, et chassaient possiblement un fantôme inexistant. Olympe n’avait pour l’instant absolument rien à se reprocher, et même les audits et investigations financières qui avaient eu lieu sur leur gestion des comptes n’avaient rien révélé de négatif.

Elle reposa alors ses yeux sur Ash. Elle ne lui en voulait bien sur pas d’avoir révélé son métier, il avait aussi le droit d’avoir des proches et des amis s’il le souhaitait. Sur ce coup-là, il n’avait pas eu de chance. Restait à savoir si Alexandre risquait lui de compliquer également la tâche de son remplaçant.

« Concernant Alexandre Diame, à quel point pensez-vous qu’il soit susceptible d’interférer avec cette enquête ? Et surtout, quel est son niveau d’investissement dans la société Olympe ? »