Je ne pus m’empêcher de sourire aux propos d’Akane. J’étais encore très loin d’être le meilleur dresseur de Mhyone. Beaucoup d’individus m’égalaient et me surpassaient encore, et j’avais parfois le sentiment de profondément manquer d’expérience. Je n’étais dresseur que depuis une paire d’année et, si j’avais déjà beaucoup progressé, mes victoires ne témoignaient pas d’une force infaillible. Mais c’était pour le mieux. Car je n’avais pas grand-chose d’autre que ça, et stagner n’était pas un sentiment agréable. Elever Baal, Bridank et Murmur se révèlerait surement aussi difficile que lorsque j’avais entrainé la première génération de mes partenaires.  

« Meilleur dresseur, meilleur dresseur, en attendant je n’arrive toujours pas à gérer les bêtises de deux pokémons non-évolués. » Répondis-je, amusé. « Je dois dire qu’ils arrivent même à faire tourner en bourrique leurs grands-frères et grandes sœurs. Tu les verrais essayer de tout faire pour perturber Paimon lors de ses entrainements… Mais je pense qu’ils s’assagiront lorsqu’ils grandiront. Et c’est ce qui sauvera surement ta maison ! Parce que crois-moi, tu n’as pas envie de voir une éruption de Camérupt en plein milieu de ton salon ! Et pour ce qui est de les voir grandir, au contraire, je pense qu’ils resteront tout aussi joueurs et câlins qu’ils ne le sont déjà. Simplement, ils feront un peu plus attention. »

Même si j’essayais de rassurer la belle rouquine, j’essayais en partie de me convaincre moi-même. J’aimais profondément chacun de mes partenaires et je ne souhaitais pas voir ces petits bouts grandir trop vite. Mais c’était également à eux de décider, et ils m’avaient déjà prouvé mainte fois que c’était ce qu’ils souhaitaient tous les trois. Mes pensées furent interrompues par le serveur qui vint déposer nos commandes, une crêpe et un chocolat chaud pour Akane, une gauffre et un café noir pour moi. Prenant une première lampée du breuvage corsé, je ne pus m’empêcher de sourire une nouvelle fois derrière ma tasse en entendant la question de la jolie spécialiste. Il était hors de question de dévoiler quoique ce soit maintenant. Le projet était presque bouclé, mais je souhaitais que ça reste une surprise.

« Ah ça ! Justement, il fallait que je t’en parle. J’ai prévu quelque chose, mais c’est une surprise, donc je ne peux rien te dévoiler ! En revanche, pour ce qui est de nos partenaires, je te propose qu’ils viennent sur mon île pour passer Noël avec les miens. Ils auront plus d’espace ! »

Akane avait intelligemment réussit à retourner ma taquinerie contre moi. J’étais au moins aussi curieux qu’elle et la belle spécialiste semblait également avoir tout prévu. Il n’avait donc pas fallu longtemps pour que je brûle à mon tour d’impatience de connaitre cette fameuse surprise. Mais pas seulement. J’avais également hâte de lui montrer ce que je lui réservais, tant il m’avait été compliqué de pouvoir tout organiser. Et j’avais tout simplement hâte, pour finir, de passer simplement la soirée avec la jeune femme dont j’étais amoureux. Nos vies étaient enflammées, aussi, pour un soir, la perspective de ne pouvoir penser qu’à elle était plus qu’attirante.

« Effectivement, c’est de bonne guerre. Au moins, une chose est sûre, je ne peux pas avoir plus hâte d’être au vingt-cinq. Même s’il ne me fallait pas vraiment ça pour avoir irrépressiblement envie de passer une soirée avec toi. » Lui lançais-je sur un ton légèrement taquin, appuyant mes propos d’un léger clin d’œil.

Je pris une longue gorgée de mon café chaud, profitant de son gout amer pour me réveiller un peu plus et de sa chaleur réconfortante. La situation avait beau être tendue, le marché de Noël était toujours aussi vivant et agréable. De plus, depuis que j’avais officiellement avoué mes sentiments pour la belle rouquine, vivre à Mhyone était devenu beaucoup plus beau et plus léger. Elle n’en n’avait sans doute pas conscience, mais sa présence m’avait beaucoup aidé après tous les évènements qui s’étaient produits, et ce même avant que nous ayons pressés nos lèvres les unes contre les autres.

« D’ailleurs, il faudra que tu passes faire un tour sur l’ile un de ces 4. On a bien avancé, même si ça reste encore un peu rustique ! Et, assez curieusement, même en cette période, il ne fait presque pas froid du tout, ce qui est un bon point pour mes partenaires parce que, crois-moi, tu n’as pas idée du mauvais caractère de Furfur en hiver. » Lançais-je, amusé.

La remarque d’Akane me fit sourire. En réalité, mes partenaires qui avaient effectivement tendance à plus détruire que construire se révélaient être une précieuse aide dans cette aventure. Outre leur force, leurs caractéristiques m’avaient permis de m’affranchir de certains coûts de construction d’ordinaire particulièrement onéreux. Bien sûr, c’était bien plus complexe que de faire simplement appel à une équipe de construction, mais mes coéquipiers avaient tout de même réussi à relever le challenge haut la main !

« Alors, c’est vrai qu’ils ont des aspects un peu destructeurs, mais, au-delà de ça, ils sont particulièrement efficaces quand il s’agit de travailler ! Même Baal et Bridank, pour te dire, ont pris exemple sur leurs ainés. Et puis, j’ai quand même pris mes précautions. Le bâtiment et suffisamment solide pour supporter de grosses secousses ! » Lançais-je, accompagnant mes propos d’un léger clin d’œil.

Notre léger en-cas terminé, nous pûmes alors reprendre notre après-midi. Si l’envie avait été grande de refuser qu’Akane s’occupe des frais de notre repas du jour, elle avait l’air d’y tenir, alors je n’insistais pas, et la remerciais simplement. Akane blottie contre moi, je pus alors profiter pleinement de notre après-midi que nous fîmes volontairement durer le plus possible, essayant de ne négliger aucun stand comme pour justifier que nous repoussions l’heure du départ. Bien sûr, nous n’allions pas rester séparés bien longtemps, et, en un sens, étions même voisins, mais les instants comme celui-ci étaient devenus plutôt rares, et ça n’allait peut être pas aller en s’arrangeant. Je ne perdais pas de vue que le métier d’Akane lui aussi lui tenait à cœur, et Olympe se retrouvait peu à peu embringuée dans le conflit politique qui se creusait peu à peu sur l’archipel. Je n’espérais en réalité qu’une chose, que ce dernier n’affecte pas trop la belle spécialiste. Chassant rapidement ces sombres pensées de mon esprit, je n’eu qu’a plonger mon regard dans le sien pour que ces lendemains incertains ne s’estompent.