Seule contre le reste du monde !

Le premier réflexe de Shelly, c’est d’attraper son téléphone et d’appeler Nathan pour lui parler. Mais ensuite, elle se rappelle que Nathan est parti et qu’il l’a laissé ici. Seule. Et puis, elle veut pouvoir prouver qu’elle est capable de s’en sortir sans lui. Son départ lui a fait comprendre qu’il ne serait pas toujours à ses côtés…

Shelly en a marre, elle est arrivée au stade ou tout envoyer valser est la seule solution qu’il lui reste. Elle étouffe, ce n’est plus possible. Elle veut pouvoir respirer, elle veut tout simplement vivre. Un truc qui semble normal à tout le monde, mais elle, elle doit se battre pour l’obtenir. Ses parents ne lui diront plus ce qu’elle doit faire, plus jamais ! Elle ne sait même pas s’ils lui reparleront. Les cris échangés quelques minutes plus tôt quand elle a annoncé qu’elle partait résonnent encore dans ses oreilles. Elle se refuse à faire demi-tour, pas avant d’avoir visité l’archipel et découvert ce que c’était de parcourir les routes avec ses pokémons. Elle tend la main pour maintenir un contact avec Seeya. L’Absol est à ses côtés. Elle la caresse pour se rassurer.

Maintenant il faut décider ce qu’elle va faire. Elle a juste un sac à dos avec quelques vêtements et un peu d’argent de poche qu’elle gardait de côté. Ses parents ne lui en donne pas, ils ne voient pas à quoi ça lui servirait vu qu’elle est tout le temps à la maison. Là, elle regrette de ne pas avoir plus mais ça ne lui fera pas rebrousser chemin.

Alors elle avance, mais elle est guidée par ses émotions. Ce n’est jamais bon… Au lieu de faire attention à ce qui se passe devant elle, elle réfléchit à son avenir et aux conséquences de son choix. Shelly ne voit pas les couleurs et si les contrastes ne sont pas assez violents, elle ne distingue pas les limites des objets. Le trottoir est blanc de neige, comme la route. Elle s’aperçoit trop tard que son pied n’est pas au bon endroit. Au moment où elle se sent glisser et tomber. A genoux dans la neige, elle reprend son souffle. Seeya se colle à elle pour la réconforter. Shelly sent ses larmes couler, elle doute. Est-elle, comme ses parents le pensent, incapable d’y arriver ? Un instant, elle s’imagine rentrer et s’excuser. Elle voit passer devant ses yeux sa vie, enfermée pour toujours dans sa chambre d’enfant. Le choc suffit à lui donner envie de se relever. Shell se remet à marcher, faisant plus attention à ce qui l’entoure.

Il lui faut quelques instants pour se rendre compte qu’elle n’a plus son téléphone dans sa main. Elle revient sur ses pas, cherche dans la neige à l’endroit où elle est tombée. Entend un crack désagréable. Soyons positifs, elle a retrouvé son mobile. L’écran est détruit, l’objet inutilisable. Dire qu’elle était en train de se dire qu’elle n’avait pas beaucoup d’argent. Maintenant le peu qu’elle a, va servir dans l’achat d’un portable. Elle ne peut pas s’en passer.

Epuisée par le trop plein d’émotions, elle regarde autour d’elle. Les passants ne lui prêtent aucune attention. Elle est transparente, un vrai fantôme, rien de surprenant. Les gens ont toujours eu tendance à ne pas la voir comme si son handicap se reflétait sur elle.

« Excusez-moi, est-ce que quelqu’un sait où trouver un magasin de téléphone, s’il-vous-plait ? »

Aucune réponse. Son étrange regard blanc se durcit, comme le reste de ses traits. Elle repose sa question, plus fort. Toujours rien. Shell avance au hasard et continue inlassablement de demander son chemin… Elle n’abandonnera pas, même si ce n’est pas facile…

Après toutes les péripéties de la route, je venais enfin de franchir l'entrée d'Elerya pour la première fois de mon voyage. En ce début du mois de mars, ce n'était pas forcément la saison la plus chouette mais la neige était encore présente et la vue restait à couper le souffle. Par précaution, j'avais préféré laisser tout le monde au chaud dans sa Pokéball mais Chicorée avait insisté pour rester à mes côtés. J'imagine que ma partenaire de toujours avait voulu me surveiller. Un de mes premiers réflexes fut de chercher un endroit pour me mettre au chaud mais au vu de l'heure, une petite visite était fortement appréciable.

J'avançais donc, un peu au hasard il fallait bien l'avouer, quand Macronium s'arrêta et sembla regarder dans une direction particulière. Je suivis donc son regard et finis par apercevoir une jeune femme qui avançait péniblement dans la neige, essayant d'interpeller les gens tandis que ces derniers l'ignoraient. Je ne voyais pas super bien mais elle semblait plutôt jolie, comment pouvait-on avoir aussi peu de goût pour ne pas lui adresser un regard ? Sans hésitation, je me rapprochais assez d'elle jusqu'à l'entendre demander son chemin pour un magasin de téléphone. Elle semblait perdu, ou du moins elle avait l'air dans le besoin.

- Bonjour, vous avez l'air d'avoir un souci n'est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, Joshua, le héros de ces dames est là pour vous.

Chicorée me mit un coup de tête dans l'épaule et je sentis que ce n'étais pas le moment de plaisanter. J'attrapais donc mon téléphone et après l'avoir dévérouillé avec un code hyper secret que je ne vous dévoilerais pas, je le tendis vers la demoiselle. J'avais encore assez de batterie donc si elle avait besoin de passer un coup de fil, c'était bon et si elle devait partir avec, Chicorée se lancerait à sa poursuite. Ce n'est qu'à ce moment-là que j'avisais l'Absol à ses côtés. Finalement, on allait laisser tomber l'idée de la course poursuite. Parions plutôt qu'il s'agisse d'une jeune femme tout ce qu'il y a de plus honorable.

- Tenez, vous pouvez prendre mon téléphone. Si vous avez besoin de quoi que ce soit en particulier, hésitez pas à demander. Enfin, c'est juste un prêt quand même par contre, je vous le donne pas complètement non plus, j'en ai besoin.

Shelly ne demande pas grand-chose pourtant juste qu’on lui indique un commerce où acheter un nouveau téléphone. Elle ne comprend pas que personne ne l’écoute mais elle ne voit pas à quoi elle ressemble. Trempée et tachée à cause de sa chute, l’air hagard, elle a tout l’air d’une folle échappée de l’asile. Ses yeux étranges n’arrangent rien.

- Bonjour, vous avez l'air d'avoir un souci n'est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, Joshua, le héros de ces dames est là pour vous.

Une voix. Quelqu’un se décide enfin à l’aider. Shell se retourne dans sa direction. Elle ne distingue pas bien ses traits mais au son de sa voix et à ce qu’elle peut deviner, son interlocuteur ne semble pas très âgé. Ce n’est tout de même plus un enfant. Et puis, elle ne va pas faire la difficile du moment qu’il lui file un coup de main. Un instant, elle repense aux recommandations de sa mère. Ne jamais parler à un inconnu. Vu la situation, elle n’a pas bien le choix. Il faudra faire avec et prier pour que la personne en face d’elle n’ait aucune mauvaises intentions. Après ils sont en plein milieu d’Elerya en plein jour, il n’y a pas grand-chose à craindre.

- Tenez, vous pouvez prendre mon téléphone. Si vous avez besoin de quoi que ce soit en particulier, hésitez pas à demander. Enfin, c'est juste un prêt quand même par contre, je vous le donne pas complètement non plus, j'en ai besoin.

Désespérée, Shelly regarde la forme rectangulaire qu’on lui tend. L’appareil n’est pas réglé pour elle, elle est bien incapable de s’en servir. Et elle n’a pas forcément envie de rentrer dans les détails et de raconter sa vie à l’inconnu.

« Hum, est-ce que vous pourriez plutôt m’indiquer un magasin où je pourrais en acheter un ? »

C’est ses parents qui lui avaient procurés ses mobiles jusqu’à maintenant et qui s’était occupés de tout, y compris qu’ils soient adaptés à elle. Elle se rend compte à qu’elle point elle dépend d’eux même si elle ne le veut pas. Ce voyage va l’obliger à mettre sa fierté de côté…

Bon, soit elle cherchait un moyen de s'enfuir avec mon téléphone, soit je ne comprenais rien de ce qu'elle voulait. Elle m'a demandé un téléphone, je lui prête le mien et elle le regarde pendant que je me choppe une crampe au bras à force de le laisser tendu.

« Hum, est-ce que vous pourriez plutôt m’indiquer un magasin où je pourrais en acheter un ? »

Ah ! Donc mon téléphone n'était juste pas assez bien pour elle ou alors elle n'avait pas besoin de l'utiliser tout de suite et au final, c'était l'explication la plus logique. Il fallait vraiment que j'arrête de me faire des films moi mais les rpistes ont tendance à toujours inventé des situations saugrenues donc mieux vaut être sur ses gardes. Cela me rappelle une fois dans un autre rp où j'ai dû me déguiser et... Hum ? De quoi ? La jeune femme ? Ah oui, mince, je l'avais oublié. J'y retourne, merci !

- Oh et bien, je ne connais pas du tout le chemin vu que c'est la première fois que je viens ici. Par contre, je peux demander !

Ce que je fis expressément. Interpellant une jolie demoiselle qui passait par là, je lui demandais quelle était la route jusqu'à son coeur la boutique de téléphone la plus proche et aussi si je pouvais avoir son numéro pour qu'on puisse échanger nos avis sur la température corporelle d'Elerya à cette période. Après une baffe amplement mérité, je trouvais quelqu'un d'autre qui m'indiqua le chemin à suivre. Je revins donc vers la jeune femme au nom inconnu.

- C'est bon je sais. Vous voyez l'angle au bout de la rue, vous tournez à droite. Ensuite dès que vous voyez la boulangerie, c'est juste à gauche et vous êtes arrivés. Vous voulez que je vienne avec vous ?