Premières armes

Le concours, et tout ce qu'il avait put nous apporter était maintenant bien loin derrière nous. Que ce soit temporairement parlant puisque ça faisait déjà plus d’une semaine que la finale avait eu lieu, ou encore géographiquement puisque nous étions repassés par Nox Illum depuis Bord-au-Vent pour pouvoir partir vers la moitié Nord de l'île de Myhone.
Mes objectifs... Pardon. "Nos objectifs" étaient clairs, il avait été évident que la conclusion que je devais tirer de mon petit retour à la maison était que nous avions besoin d'un entrainement certain pour pouvoir faire face aux péripéties et aux autres dresseurs qui allaient petit à petit se dresser sur notre passage.
Je gardais en tête mon idée de vouloir affronter les quatre différents champions d'arène de l'île mais j'étais suffisamment lucide pour savoir que non seulement il fallait que Riolu soit drastiquement plus fort, qu'il évolue peut-être même, mais aussi qu'il ne soit pas seul dans mon équipe... Je devais à tout prix profiter de mes voyages et des rencontres qu'ils pouvaient impliquer pour réussir à agrandir notre force même si, au final, je ne savais pas encore exactement vers quel genre d'équipe pokémon je voulais me diriger...
Est-ce que je devais me contenter d'un seul type, comme le faisaient les champions ?.. Est-ce que je devais miser sur l'avenir et les Méga-évolutions ?.. Ou encore juste laisser venir les choses et le hasard et tenter de capturer les pokémons qui me plaisaient ?.. Ou alors choisir méthodiquement et stratégiquement chacun de mes pokémons pour qu'ils se combinent entre eux en terme de types ou d'attaques ?..
J'imagine que le temps seul pouvait nous le dire mais, aujourd'hui tout particulièrement, j'avais envie de prendre le temps de chercher des renforts potentiels. Si je n'avais pas encore de réponse à toutes mes questions, je verrai sans aucun doute sur le coup.

Autour de notre petit duo - puisque Ani était évidement en train de marcher à mes côtés - s'érigeaient maintenant de nombreux arbres, le chemin qui reliait la grande métropole vivant et grouillante et la grande ville des montagnes d'Elerya passait par u semblant de forêt ou, plutôt, de grand bois.
Dans ces lieux encore sauvages et naturels nous avions de grandes chances de pouvoir trouver des spécimens sauvages intéressants, au moins pour une jeune débutante telle que moi, mais pas seulement... Que ce soit l'odeur des fleurs ou du bois humide, les bruits de la forêt, les petits piaillement lointains de tel ou tel bête inconnue, cet endroit était un véritable vivier de beauté et de simplicité. IL était agréable de me retrouver seule avec mon Riolu, de profiter d'un petit peu de temps rien que pour nous deux. J'adorais ça. Et je lâchais un soupire profond après avoir pris une profonde inspiration sincère et j'affichais un sourire de contentement.
En un mot : je me sentais heureuse et à ma place. Restait à savoir si le destin serait d'accord...

Mon attention fut attirée dans un premier temps par un bruit de bois brisé. Pas le genre de petit son discret d’une brindille qui craque sous une semelle et qui aurait automatiquement mis mes sens et mes réflexes de ninja en éveil, mais plutôt un bruit de chute, ou la rupture d'une branche assez grosse. Pas paniquée, curieuse plutôt, je quittais donc le chemin en faisant deux signes en un à mon petit ami bleu et noir ; le premier, avec l'index sur les lèvres l'intimait au silence, et le second, avec un mouvement de la tête du coup, lui donnait la direction que nous allions prendre.
Discrètement, profitant du couvert que nous apportais généreusement les bois, nous avancions donc jusqu'à tomber sur ce qui avait put être à l'origine du bruit et de ma curiosité.

L'explication vint d'elle même quand nous tombions sur ce pokémon aux apparence débonnaires qui, perché sur la pointe des pieds, avec une langue penchée sur le côté pour traduire sa concentration, tentait de décrocher une baie dans un arbre du bout d'une branche bifide. Il y mettait tout son cœur, tous ses efforts mais il était aussi très mignon et c'est ce qui m'incita à vouloir l'aider. Oubliant notre dissimulation, je me relevais pleinement et marchais sans retenue au milieu des buissons, des feuilles mortes et du bois sec. Les Nanméouïes, véritables infirmières sauvages dans notre univers de pokémons, étaient réputés pour leurs attentions et leur bienveillance naturelle mais aussi pour leur sens de l'ouïe extrêmement poussé, les plus entrainés d'entre eux pouvant même "entendre les maux" de ceux qu'il voulaient soigner de ce qu'on dit. Rien d'étonnant à ce qu'il tourne la tête alors, c'était même un petit peu surprenant qu'il ne l'ai pas fait avant - sans doute parce qu'il était pleinement focalisé sur sa tâche - et il nous regardait avec un air à la fois inquiet et surpris. Je commençais par lui faire un sourire aimable, histoire de la rassurer mais, avant qu'elle ne puisse régir d'une manière ou d'une autre je m’approchais de son arbre et, d'un simple coup dextre de sabre, je décrochais la grosse baie Oran qui lui tombait directement dans les mains.
Il y eu deux secondes de blanc dans cet échange, le temps que la surprise s'étiole, puis il tourna vers moi un visage ravi et souriant qui valait tous les efforts du monde. Il pris Riolu entre ses bras pour lui faire un câlin, juste comme ça, puis s'en allait en gambadant. Moi, j'explosais de rire devant la réaction de mon pokémon qui ne s'attendait pas du tout à une telle marque d'affection et qui en était resté figé. Lui, le combattant, souvent sérieux bien que profondément gentil, n'avait rien vu venir et restait totalement dubitatif. Ma joie de ce matin en était encore ravivée et ma première impression tait confirmée : j'aimais bien cet endroit et les pokémons qui y vivaient.

D'ailleurs, me vint une autre question... Puisque, de toute évidence, Nanméouïe n'avait pas besoin de cette baie pour lui, qu'il n'était pas blessé et qu'il ne semblait pas non plus avoir faim puisqu'il prenait le temps de partir avant de la manger ; tout ça combiné aux informations que j'avais sur leurs espèces, je me demandais si il n'avait pas l'intention d'offrir ce fruit à quelqu'un d'autre...
Une fois de plus, mon intérêt était sollicité, ma curiosité était piquée, puisque j'avais là l'occasion de pouvoir rencontrer un autre spécimen de la région et continuer de remplir mon carnet de bal, c'est sans dire le moindre mot que j'emboitais le pas du pokémon rondouillard, très vite suivie par mon pokémon hagard.

Spoiler:

Nous marchions donc tranquillement dans le sillage du pokémon Normal, sans rien dire, juste avec quelques étincelles de curiosité dans les yeux mais rien de plus. J'étais assez impatiente de voir si elle voulait cette baie ronde et bleue pour un de ses amis, de la même espèce que lui, ou si c'était ses talents particuliers pour les soins d'autrui qui la poussait à aider quelqu'un d'autre. Quand nous arrivions en face de cette petite boule bleue garnie de feuilles légèrement recroquevillées je compris que, cette fois ci, c'était bien sa gentillesse qui primait.
C'était un Mystherbe, pas tout à fait un bébé pokémon mais un pokémon mignon tout de même qui avait un certain nombre de possibilités. Entre son double type Plante et Poison, des attaques drainantes et un nombre d'altérations possibles assez important via ses attaques de Poudre, ça pouvait être un pokémon qui cachait son jeu derrière un joli minois. Mais celui ci par contre n'était pas au mieux de sa forme...

Allongé sur une feuille énorme de je ne sais quel arbre, il avait l'air fiévreux au point que son front était légèrement plus violacé que le reste de son corps. À la façon dont ses feuilles capillaires étaient agitées de quelques soubresauts hiératiques je compris qu'il dormait mais que les cauchemars apportés par sa fièvre. Il était si mignon qu'il avait réussis à piquer ma petite empathie personnelle et j'avais envie de l'aider. M'agenouillant à son chevet, je regardais Nanméouïe essayer de lui faire manger la baie pour qu'il récupère un peu de ses forces mais rien à faire, il n'arrivait même pas à le réveiller  ou à le faire sortir de sa torpeur maladive... Il fallait que ce soit beaucoup plus facile à manger et heureusement que j'avais toujours avec moi mes outils de cuisine ! Transformer ce fruit en purée tiède - avec un petit peu de lait, ma touche personnelle - ne fut ni très long ni très compliqué et c'était beaucoup plus facile à avaler avec une cuillère, même pour quelqu'un d'encore à moitié somnolent... J'ajoutais avec ça un petit médicament contre la fièvre que j'avais avec moi, qui faisait partis de mes provision de voyage et le reste consistait surtout à attendre...
Une petite heure plus tard, le petit pokémon Plante finit tout de même par ouvrir les yeux et son sourire valait de loin tous nos efforts. Il se portait déjà bien mieux de toute évidence, même si il aurait encore besoin d'un petit peu de repos et, pour cette convalescence, Nanméoïe seule pourrait s'en sortir. Il était temps pour nous de continuer à marcher, de reprendre notre route et de persister dans nos efforts ; aujourd’hui nous avions perdu pas mal de temps à faire des trucs et des machins à droite ou à gauche sans vraiment avancer mais peu importe, ces émotions faisaient aussi partie du voyage et ça me ferait me lever demain avec le sourire et l'esprit plus léger.

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