Cerise Cohen ♦ I don't need a reason not to care what you say [LOADED 100%]

"Je n'ai jamais aimé les "trucs de fille". J'ai toujours détesté toutes ces poupées que tu m'as offertes. J'aurais préféré aller jouer à la bagarre dehors avec les petits voisins. Je n'ai jamais eu envie de faire de la danse classique. Je voulais seulement faire du rugby. Tu sais l'énorme peluche de Rondoudou que tu m'as achetée pour le Noël de mes huit ans... c'était pas pour moi. J'avais noté Dracolosse dans ma liste. Vraiment, je n'ai JAMAIS aimé tous ces "trucs de filles" maman... Sauf peut-être les garçons. Ouais. J'aime bien les garçons..."

Nous sommes au printemps, Madame Cohen attend un heureux événement. Une petite fille ont dit les médecins. Cela fait à présent des mois qu'elle prépare l'installation du mini-humain qui va débarquer. De "sa petite princesse", "sa petite chérie". Monsieur Cohen n'est pas en reste, absolument excité par l'arrivé de l'enfant, heureux du bonheur de sa femme.
Mais rien n'est jamais simple dans la vie. Les plans parfaits n'existent pas. Il y a systématiquement quelque chose qui coincent, vous le savez bien je suppose. Ici, le seul "problème", le seul hic, l'unique couac était que le bébé n'était pas une fille. Erreur médicale. Déception maternel. Désespoir parental.

Maman n'était pas très saine d'esprit elle insista pour qu'on garde le prénom féminin qu'on avait choisi pour l'enfant : Cerise. Et si ce n'était que ça... Mais maman avait décidé de ne rien changer à son plan. Et maman voulait une fille. Alors Maman couvrit son enfant de présents. Mais de poupée, de peluches de chats roses, de déguisements de princesses et j'en passe... Elle laissa pousser ses beaux cheveux ébènes, l'inscrit au cours de ballet, de cuisine et j'en passe. L'école ayant protesté à plusieurs reprises lorsque l'enfant portait des vêtements "pour filles"  elle finit par cesser de travestir son fils.
Lui, ne pouvait rien dire, il subissait. A chaque tentative de rébellion, une tornade lui revenait dans le visage. Il ne comprenait pas tellement pourquoi il y avait autant de mal à vouloir être un petit garçon comme tous les autres... Il cherchait du soutient du côté de Papa. Mais Papa ne pouvait pas lui en offrir. Il voulait juste retrouver sa femme d'avant. Celle qui irradiait de bonheur.

Enfin, imaginez le désordre provoqué dans la tête de l'enfant. Qui peut devenir équilibré et bien dans sa peau en grandissant comme ça ? Personne. Et Cerise ne fit pas exception. Il commença à se demander ce qui clochait chez lui. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Pourquoi Maman n'était jamais fière de lui ? Que devait-il faire ? Comment se comporter ? Il n'y avait pas vraiment de réponses à ces questions. Du moins il n'en trouvait aucune qui lui permettait de s'épanouir.
Après plusieurs tentatives de rebellions adolescentes qui passèrent par se raser le crâne, se faire tatouer, commencer la musculation, jouer au foot et qui rendirent sa mère absolument folle sans avoir aucun résultat... Il abandonna. Il capitula même. Il voulait que sa mère l'aime, il voulait qu'elle soit fière de lui, de ce qu'il était et de ce qu'il faisait.
Il se radouci. Laissa pousser ses cheveux, camoufla ses tatouages, acheta des vêtements féminins, du maquillage... Quelle drôle d'allure elle avait cette jeune femme. Un mètre quatre-vingt-cinq, des épaules un trop larges, des hanches un peu trop fines. Des traits pourtant fins et une certaine élégance. C'est bien ce que maman voulait non ?

Les pokémons n'avaient absolument jamais été quelque chose d'important dans sa vie. Ils n'avaient jamais eu une grande place. Ils avaient simplement un Persian comme "animal de compagnie". Personne dans la famille n'était dresseur.
Mais un matin alors qu'il descendait prendre son petit déjeuner Cerise eut un déclic. Maman était là sur le canapé devant un combat de pokémons. C'est vrai qu'elle les avait toujours aimés. Qu'elle avait toujours admirés les dresseurs qui y participaient et qu'elle ne ratait aucun tournois. Sans vraiment s'en apercevoir, comme s'il était sorti de son corps, Cerise ouvrit la bouche.

"-Maman, je pars de la maison, je vais devenir dresseur Pokémon."

Cataclysme dans la maison. Maman n'a pas tout compris, mais qu'est ce que maman est heureuse que son bébé ait enfin trouvé sa voix ! Le jeune homme n'avait même pas attendu sa réponse, il était remonté dans sa chambre et préparait déjà son sac à dos. Il y mit tout ce qu'il pouvait. Il ne reviendrai pas avant d'être devenu un dresseur. Un bon dresseur, non un excellent dresseur, le meilleur. Il descendit à toute vitesse et embrassa sa mère. Elle allait être si fière de sa fille. Sans se retourner il quitta la maison, ferma la porte et prit la route.
Il se dirigea jusqu'au laboratoire du professeur Chen, un pincement au coeur. Etait-ce vraiment ce qu'il voulait ? Non. Il allait abandonner les études de science qu'il avait commencé, il allait abandonner sa vie et ses amis. Il allait quitter toutes ces connaissances et notamment... Ce garçon qu'il ne pouvait lâcher des yeux. C'était certainement la seule chose en commun qu'il avait avec un bon nombre de "vraies filles". Il soupira et effaça ce visage de son esprit. Il n'avait plus de place pour cela.

Le Pokémon qui lui avait été confié était un Fantominus. Petite boule de gaz violet comme du diiode... Et tout aussi toxique. Voici qui était son nouveau compagnon et qui allait partager son aventure à partir de maintenant. Plein de bonne volonté, Cerise se rendit vers l'aéroport avec dans sa main sa pokéball et son billet pour Mhyone. Il ne pouvait plus faire marche arrière.