Les affaires continuent. (PV Soburin)

« Je ne sais pas vraiment, je dois encore observer les alentours et voir un peu ce que je peux me payer. Et penser à trouver des petits jobs ci et là, les Pokémon Dragons ne sont pas les plus simples à satisfaire en guise de nourriture et de soins. Mais merci pour l'information, j'y penserais lors de ma recherche. »

C'était une bonne idée ces logements et la brune pensait sérieusement à se renseigner. Si elle comptait avoir plus de dragons dans son équipe, dans sa petite famille, elle devait se poser d'urgence, même si cela comptait aussi pour son propre confort. Soburin y avait longtemps songé mais elle n'avait pas encore suffisamment gagné pour penser à cela... Travailler devenait une optique de plus en plus pressante, d'ailleurs. Elle avait quelques fois pu gagner un peu en allant aider le scientifique qu'elle avait rencontré à Elerya, en l'accompagnant sur certains lieux afin de préserver sa sécurité, elle avait également déjà pu avoir des vivres, un toit ou autre en rendant des petits services.

« Ah, ça... Mhyone est un endroit totalement différent de Johto. Et il faut dire que je n'avais jamais beaucoup voyagé, voir pas du tout, je sortais à peine de mon village natal. »

Même si elle adorait Rosalia, ses belles femmes en Kimono, ses hommes aux traits de samurai, ses traditions, son ambiance, son histoire baignée par les légendes... Enfant, bercée par les histoires de son père, elle avait toujours désiré quitter le village pour partir sur les routes. Cela s'était d'ailleurs renforcé lorsqu'un jeune homme, un voyageur était arrivé prendre du repos à Rosalia, quel âge avait-elle à ce moment ? Quinze ans ? Elle avait été charmée par les belles aventures que cet homme, un originaire d'Unys, avait vécu avant d'arriver ici. Et puis sa jeunesse avait frappé la demoiselle : comment ses parents avaient pu le laisser partir ? A son arrivée à Rosalia, il avait dix-neuf ans et il disait être partit depuis quatre longues années.

Soburin s'apprêtait à renchérir quand un cri fut audible. Les prunelles mi-sombre mi-pourpres de la danseuse se posèrent vers l'endroit en question, la demoiselle glissa une main devant sa bouche, l'air surprise. Mince, comment avait-elle fait son compte ? Ago semblait totalement désemparée, hésitant à rire à gorge déployée mais elle craignait de blesser sa nouvelle amie alors... Hm. A vrai dire, la Rosalienne, aussi délicate soit-elle, avait quelque peu envie de rire également mais à l'instar de ses camarades, elle se retenait de son mieux devant l'agitation et les cris de la pauvre Yami. Heureusement la voix de la Rose fit légèrement sursauter la dragonne qui hocha vivement la tête, attrapant les pattes arrières de sa comparse et en tirant de toutes ses forces, ne pouvant plus s'empêcher de rire doucement tout en rassurant la Ténéfix, s'excusant au passage des trous.

« Je me demandais, Mhyone te change beaucoup de Kalos ? C'est comment là-bas ? Parce qu'à Johto, nos villes ne sont pas très grandes, on pourrait même plutôt parler de villages. Enfin, il y a bien Doublonville avec la Tour Radio, le train et un centre commercial mais en dehors de ça, tout est assez sauvage et rustique. »

Ago passait une main derrière sa nuque, un sourire gêné au visage alors qu'elle avait enfin réussit à sortir Yami de là... Après l'avoir lâché maladroitement par deux fois.

Extirpée de son trou, la Ténéfix jaugea la Camarche de bas en haut avant de saisir une motte de terre et de la lancer sur le Pokémon Dragon en guise de représailles. Comme une enfant donnant un coup de pied dans un caillou parce qu'il venait de perdre à un jeu. Yami finit par se relever, s'excusant avec ses paroles entrecoupés de grognements – la petite avait son orgueil mal placé. Rachel la réprimanda gentiment.

« Yami, sois reconnaissante envers Ago. Promis cette affaire restera entre nous. »

Cette solution sembla satisfaire Yami. Ses gemmes brillant de contentement, la Ténéfix passa l'éponge sur l'incident. La laissant reprendre son aide auprès de la Dragonne, Rachel répondit aux interrogations de Soburin.

« Kalos a des villes très urbanisées comme Illumis où on peut voir des voitures et des montures Pokémons se côtoyer. On a même une Usine de Pokéballs – autant dire que c'est une grande industrie. À côté Mhyone me semble plus... calme. Même si l'archipel regorge de touristes il n'y a pas cette effervescence folle qui règne à Kalos où les gens sont toujours pressés. C'est déroutant au début, mais apaisant à la longue. Ma mère, elle, ne supporterait pas. C'est une pile électrique. Les seuls instants où elle se met en « pause » c'est lorsqu'elle administre ses massages à des Pokémons. »

De quoi dérouter lorsqu'on n'était pas habitué à côtoyer Madame Mirabeau. La femme parlait beaucoup en un débit toujours précipité, se déplaçait tout aussi vite – un tourbillon qui avait tendance à épuiser la plupart de ses interlocuteurs.

Le dernier trou avait été rebouché. Yami avait levé les pattes en l'air en poussant un petit cri de joie attendant, sûrement, une récompense pour parachever ce haut fait. Rachel eut un regard pour le cadeau qu'avait amené Soburin et Ago : la boîte de friandises.

« Mh. Je pense que vous avez tous deux mérité un petit encas. Qu'en penses-tu, Soburin ? »

Ago, peu rancunière et beaucoup trop amusée de la situation pour réagir, se plaquant les deux pattes devant la gueule en essayant d'éviter le morceau de terre, sautillant d'une patte à l'autre, sentant la motte percuter tout de même sa peau dure. Rien de bien méchant, et la dragonne se secoua un peu afin de se débarrasser de cela, un léger sourire présent sur son faciès alors que Soburin observait la scène tendrement. Avec l'intervention douce et utile de la Rose, les deux Pokémon se remirent alors au travail avec plus d'enthousiasme alors que les dresseuses discutaient.

La grande brune écoutait avec attention, véritablement intéressée et intriguée. Elle qui avait toujours connu l'ambiance calme et presque léthargique de Rosalia, entendre parler d'un tel endroit, essayer de l'imaginer, celui lui était un peu difficile. D'un côté, elle trouvait Nox Illum trop peuplée, trop pressée à son goût, plus que Doublonville qui s'était révélée être une épreuve compliquée pour la danseuse ! Cette-dernière tenta également de se représenter la mère de Rachel, une pile électrique. Le contraire de la sienne qui dégageait plutôt une froideur impressionnante, souvent calme mais dévastatrice lorsqu'elle se laissait aller à sa colère. Ou du moins, lorsque les choses n'allaient pas dans son sens.

Yami et Ago avaient finalement terminé de reboucher les trous et à l'instar du Pokémon Spectre et Ténèbres, le Pokémon Dragon poussa un cri autant soulagé qu'enjoué, s'agitant fougueusement en dépit du précédent affrontement. Soburin rit doucement, une main devant ses lèvres et le regard mutin, regard qui se glissa doucement en direction de son amie.

« C'est vrai que vous avez bien combattu et vous avez parfaitement rebouchés tout ça alors, vous avez bien le droit à une récompense, en effet. »

Prenant la boîte entre ses fines mains, la Kimono l'ouvrit délicatement et se baissa un peu vers Yami et Ago.

« Alors, ceux à gauche sont sucrés, la deuxième rangée c'est salé, la troisième c'est plutôt amers, dans la quatrième ils sont plus doux et la cinquième, un peu épicés. Choisissez ceux que vous préférez mais laissez-en pour les autres, surtout. »

Sans hésiter - par goût ou pour impressionner son amie ? - Ago prit une friandise épicée, la fourrant dans sa gueule en prenant un air totalement assuré devant Yami, les yeux clos, sourire en coin, mâchant à peine avant d'avaler.... Hm. La mauvaise idée. Soburin avait oublié de préciser que ceux épicés étaient... Très, très épicés ? La dragonne qui préférait habituellement les plus sucrés ouvrit la gueule en grand, les pupilles dilatées et les prunelles écartées, soufflant furieusement et claquant des mâchoires. Soburin eut un petit sourire désolé.

« Tu aurais mieux fait de choisir ce que tu aimes Ago... Ils sont vraiment beaucoup épicés ceux-là. »

Soburin se redressa et posa la boîte sur la table, mains sur les hanches, secouant légèrement la tête de droite à gauche, mi-amusée mi-ennuyée par le comportement du Pokémon Caverne. La Rosalienne reposa finalement son attention sur la rose.

« En tout cas, merci beaucoup pour tout ça Rachel, c'était vraiment super. Je pense que nous n'allons pas trop tarder, nous devons reprendre la route avant que la nuit ne tombe. »

Même si Soburin seraient volontiers rester, la compagnie de la Kalosienne et de ses compagnons était parfaitement agréable après tout.

Yami émit un rire grave lorsque sa comparse Dragonne se fit piéger par son propre orgueil. Tel un personnage de dessin animé on aurait pu aisément imaginer des flammes sortir de sa gueule. Rachel avait presque de la peine pour la Dragonne, avant de se rappeler qu'elle ne risquait concrètement rien, sinon un peu de moquerie pour avoir voulu jouer les présomptueuses. La Ténéfix se montra plus prudente – elle avait déjà bien subi pour aujourd'hui et ne voulait pas tirer sur la queue du Salamèche – et se contenta d'une friandise amère. La Ténéfix la mâcha, les yeux mi-clos. Si elle avait été Miaouss elle aurait ronronné de contentement.

Rachel accueillit les remerciements de Soburin avec un grand sourire.

« Je t'en prie. C'était un plaisir de t’accueillir. » Une idée lui traversa vivement l'esprit, la poussant à claquer des doigts. « J'y songe mais... Si jamais tu rencontres un soucis de logement, sache qu'on peut t'abriter ici. Après tout c'est un foyer pour les Pokémons mais aussi pour leurs dresseurs. Vraiment si jamais tu rencontres un tracas, Takeshi et moi on seras ravis de pouvoir t'aider. »

Ils étaient à la fois grands partisans des Pokemons, dresseurs et amis – que de multiples raisons pour se serrer les coudes mutuellement. Rachel alla même jusqu'à poser sa main sur le bras de Soburin, son épaule effleurant celui de la Rosalienne.

« On pourra t'emménager une chambre. Et tes Pokémons pourront profiter des services de la pension. Avec ma mère, ces derniers temps, j'essaye d'en apprendre plus sur les massages que l'on offre aux Pokemons. Je suis certaine que ça plaira à ton équipe. Et ce sera gratuit. Prix d'ami. » ajouta-t-elle avec un clin d'oeil appuyé.

Néanmoins elle ne pouvait pas retenir indéfiniment Soburin. La jeune femme avait probablement bien des choses à faire de son côté. Rachel la reconduisit jusqu'à la porte, Yami sur ses talons. La Kalosienne proposa même à la Rosalienne de faire un bout de chemin avec elle si elle le désirait. Libre à la concernée de refuser ou non – quel que soit sa réponse Rachel n'en prendrait pas ombrage.

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