La tête dans les nuages • Arya Kaelis

Définition de l'agoraphobie : L'agoraphobie est un trouble anxieux caractérisé par une anxiété (ou un évitement) liée à des endroits ou des situations d'où il pourrait être difficile (ou gênant) de s'échapper ou dans lesquels aucun secours ne serait disponible en cas d'attaque de panique (ou crise de panique) ou de symptômes de type de panique.

Pourtant, je n'ai jamais eu de trouble anxieux. Je n'ai jamais eu de trouble de panique, ni même de phobie spécifique autre que celle-ci. L'agoraphobie était la seule et unique chose qui pouvait me faire frémir de peur. Lorsque j'étais entourée de gens, il m'était bien évidemment impossible de m'échapper, les issues étaient très limitées et des sueurs froides envahissaient mon corps, mon âme voulait sortir de son enveloppe corporelle, me trahir, me laisser pourrir au milieu de la foule. Je n'ai jamais su pourquoi, et pour être franche, je préfère ne pas le savoir, maintenant que c'est terminé. Pourquoi j'en parle si ce n'est plus d'actualité ? Et bien, parce que ça fait parti de mon histoire, tout simplement. Et à moins que je ne me trompe, je me dois de vous la raconter.

Nox Illum est une grande et magnifique ville. Bleutée, éclairée, urbaine. Une ville qui pourrait faire rêver n'importe qui, n'est-ce pas ? Pourtant, malgré sa beauté extérieure, je n'ai jamais trop aimé Nox Illum. Trop grande, trop achalandée, trop peuplée... En bref, j'étais toujours entourée de gens. Je n'aimais pas ça, parce que cela m'empêchait de m'évader en cas de problème. J'ai fini par éviter les places publiques, y compris l'école. Je n'allais plus en cours, ni même à mon cours de danse classique. Car oui, j'ai fait du ballet pendant plusieurs années, la grâce étant apparemment un trait inné en moi. J'adorais cela, mais j'ai arrêté, à cause de cette fichue phobie idiote. Je passais le plus clair de mon temps à observer les nuages, les étoiles, la nature, les Pokémons sauvages. Mes parents ne savaient pas trop quoi faire, ils ont donc entamé des recherches et m'ont apporté l'aide dont j'avais besoin. Je suis maintenant complètement guérie de cette peur irrationnelle, mais malheureusement, le passé reste inchangé. Je n'ai aucun ami, aucun proche en dehors de ma famille. Je suis solitaire. Je m'y suis habituée avec le temps, ne vous en faites pas. Je ne suis pas certaine d'avoir une bonne opinion des gens en général. Ils se moquent de vous, vous trahissent, sont hypocrites. Oh, je me doute bien que les gens ne sont pas tous identiques, mais les seules personnes qui m'ont aidé lorsque j'en ai eu besoin, ce sont mes parents. Les autres me dévisageait, murmurait des paroles imperceptibles en me regardant. J'ai fini par complètement ignorer ces individus, roulant les yeux en les croisant. Je me suis crée un voile, une bulle, un univers personnel. Mon univers.

Mes parents travaillent aujourd'hui à l'institut océanographique de Port-Mirage, sur l'île de Mirabèce. Nous vivons actuellement à Médéa, mais j'entreprends de quitter le cocon familial sous peu. J'ai besoin de changer d'air, de commencer à tracer mon propre chemin. Je veux devenir dresseuse. C'est un rêve d'enfance, j'ai toujours aimé les Pokémons et je souhaite les côtoyer. Je les aime beaucoup, je n'ai aucune crainte venant d'eux, peu importe l'espèce du spécimen. J'aimerais bien faire des concours de coordination avec eux, mes talents de danse classique pourraient m'être utile. Comme vous le savez, la grâce est un talent inné, à ce qu'on m'a dit, vous vous en souvenez, non ? Pourtant, ce n'est pas mon objectif unique. Non, je veux devenir championne, devenir une dresseuse redoutée.

Je suis passé voir le professeur Acacia aujourd'hui. C'est avec son charmant sourire qu'elle m'a remise une pokéball, cette sphère rouge et blanche que je n'avais encore jamais tenu dans mes mains. J'ai appuyé sur le petit bouton, et un Pokémon est apparu devant moi. Un Goupix. Mais pas n'importe quel Goupix, celui-ci provenait de la région d'Alola. Un spécimen bien spécial, puisqu'il est de type Glace au lieu de son type Feu habituel. Je suis heureuse d'avoir Nix à mes côtés maintenant, le courant semble bien passer entre nous depuis tout à l'heure. Elle m'a même déjà fait un petit câlin. Elle est tellement adorable. Je pense qu'elle est prête à m'accompagner. Je ne sais pas par où commencer, mais s'il n'y avait pas de surprise dans la vie, ce ne serait pas drôle. C'est donc la tête dans les nuages que je franchis mes premiers pas en tant que dresseuse.