Isolé du monde ? [Shinichi]

J'ai comme une sainte horreur de l'été. La chaleur, le soleil bien trop lumineux à mon goût, la moiteur qui se développe sur la peau, la fatigue assomante... Vraiment, je ne comprends pas cette fascination qu'on les gens pour cette période de l'année, qui est clairement la plus désagréable à vivre.
Et il avait fallu que j'arrive sur un archipel perdu au milieu de l'océan pendant cette période... Quelle brillante idée j'avais eu là.

Il avait bien fallu que je quitte mon oncle une bonne semaine après mon arrivée sur Mhyone. Prendre la route, vivre la vie d'aventurier, toutes ces chouettes choses.
Voir des gens...
...
Oublions ce point. De toute façon, je m'égare.
Je suis donc partie de Nox Illum il y a quelques jours. Le trajet se passa sans encombre, je croisai la route d'étonnamment peu de voyageurs. Tout ce que je pus en tirer est qu'il y avait quelque part sur l'île un tournoi qui mobilisait pas mal de personnes, ce qui expliquait des routes assez désertes actuellement. Ce n'était pas en soit une mauvaise chose, cela dit.
Pendant tout le trajet, Flandre, mon Tylton qui m'accompagne, avait volé à mes côtés. Je n'avais que rarement la foi de la mettre dans sa pokéball, réservant cela aux périodes de nuit, généralement.

Le trajet se passa donc sans encombres ni évênements notables, si bien que mes pas me portèrent vers la ville de Méridian, connue notamment pour avoir un regroupement de dresseurs, si mes souvenirs étaient bons. De toute façon, je ne venais pas chercher le combat ici : j'avais rejoins l'emblème, et je me contentais pour le moment d'explorer l'île à pied pour me faire une idée de sa géographie en attendant que l'on me contacte pour une "mission", si j'avais bien compris les explications du professeur Acacia.
D'ailleurs, en parlant de géographie, j'aurais mieux fait de me diriger vers le nord pour finir à Elerya. Un trajet un peu plus fatiguant, mais avec une destination au frais.
Parce que bon, on crève de chaud, quand même.

Je suis donc arrivée à Méridian dans la matinée. Flandre était tellement contente de voir enfin de la vie qu'elle a filé comme une flèche dans les rues de la ville, m'obligeant à la courser au milieu des passants pour ne pas la perdre. C'est toujours agréable de passer pour une folle en arrivant quelque part, d'autant plus quand on n'a pas particulièrement envie d'attirer l'attention...
Après cette course poursuite, j'allai me poser dans un café afin de prendre un petit-déjeuner plutôt mérité. Prenant sur moi, j'interrogeai timidement le serveur sur les endroits à voir ici. Pour être tout à fait honnête, je suis bien incapable de me rappeler de ce qu'il me dit à ce moment là tant j'étais épuisée. Un point néanmoins retint mon attention : le jeune homme évoqua un château au centre de la ville, que j'avais repéré en arrivant. La rumeur évoque d'étranges bruit la nuit, comme si le lieu était hanté... Du moins, pour la partie qui n'était plus habitée, ce qui semblait représenter une grande partie de la bâtisse, pour ne pas dire l'intégralité.

Après avoir payé ma consommation, je retournai  flâner dans la ville, en évitant toujours néanmoins les rues les plus bondées.
Cette histoire de château me revenait en tête assez régulièrement, au fur et à mesure que la fatigue me gagnait : j'avais sous-estimé l'effort physique que j'avais fourni pendant mon voyage et j'étais en train d'en digérer le contrecoup.
J'avais beaucoup lu dans mon adolescence, ayant eu du temps à y consacrer, mais pour autant, mon imagination n'était pas du genre à se laisser embarquer. Aussi, cet histoire de château hanté ne m'atteignait que peu, mon esprit trouvait des explications rationnelles et plausibles aux phénomènes qu'avait décrit le serveur. Ce qui m'intéressait plus était le côté isolé du lieu, qui n'était sûrement pas fréquenté par beaucoup de visiteurs du fait des rumeurs.
Et j'avais vraiment besoin de me trouver un endroit au calme pour me reposer.

Je pris le chemin du château. En essayant de me faire la plus discrète possible, je parvins à rentrer à l'intérieur du bâtiment. C'était plein de poussière, sombre, orné de toiles d'araignées, mais surtout, c'était frais.
L'intérieur ressemblait effectivement au décor d'un mauvais film d'épouvante avec ses vieux meubles, dont certains étaient dans un sale état, et le parquet abîmé qui grinçait sous mes pas.
Mais comme je le disais, j'étais assez peu impressionable, aussi ma seule pensée fut elle de trouver un endroit convenable ou m'asseoir. Flandre, à l'inverse, était nerveuse : elle avait cessé de voleter à mes côtés pour se blottir contre ma pointrine. Je la serrai contre moi et lui caressai le haut du crâne pour la réconforter.

Je finis par trouver un siège en plutôt bon état et, après avoir débarassé la poussière qu'il y avait dessus, m'y affalait, dans un état oscillant entre le larvesque et le végétatif. Peu à peu, je sentis mes paupières se faire lourde, et je commençai doucement à basculer dans un sommeil léger, au milieu des grincements du bois et des courants d'air...